Ce n'était pas avec l'engouement que j'attendais, que je foulais le sol Américain.
J'avais espéré ce moment avec tant d'ardeurs que je ne comprenais pas le manque d'émotion de cet instant. J'étais avec Lorna, pourtant, mes pensées étaient bien loin d'ici. Je ne savais plus sur quels pieds danser. Cela était trop étrange. J'avais passé toute mon adolescence et ma vie d'adulte à me cacher et fuir. À présent, j'étais libre de devenir qui je voulais. Que faire de cette liberté ?
Lorna me tira par le bras en pointant du doigt, deux silhouettes au loin. Contrainte, je la suivis avec l'esprit embrouiller. Je me sentais perdue.
Elle nous arrêta devant un homme latino, plutôt charmant, et une jeune femme, qui devait avoir, approximativement, mon âge, aussi jolie que l'était sa mère. Juanito et Carla. Nous nous observions sans mot dire. Carla semblait ravie de me revoir, là où j'étais plus distante.
Elle et moi avions été proches, dans le passé, mais trop d'eau avait coulé sous les ponts. Je n'étais plus la jeune fille qu'elle avait connue. Elle avait eu la chance de grandir auprès d'une mère aimante, qui l'avait protégée des monstres qui couraient les rues. Cela n'avait pas été mon cas. Alors, lorsqu'elle se jeta sur moi pour m'enlacer, je ne bougeais pas. Je n'aimais pas les contacts physiques prolonger. Cela m'hérissait mais je ne fis aucun commentaire et la laissais faire. Je ne voulais pas jeter un froid dès mon retour. J'avais attendu longtemps de pouvoir revoir Lorna. Je ne voulais pas tout gâcher parce que sa fille me touchait un peu trop longtemps.
Juanito, qui ne m'avait pas lâché du regard, vint simplement embrasser ma joue avant de s'écarter, lorsque sa sœur me relâcha.
— Tu n'as pas beaucoup changé, fit-il remarquer.
— Ce n'était pas, il y a quarante ans non plus, répliquais-je.
Il se montrait aussi distant que moi. Je le comprenais. Après tout, j'étais la fille d'un mafieux à la manque. Il avait de quoi se montrer méfiant.
— Je suis vraiment contente de te revoir, se réjouissait encore Carla.
— Je vois ça, tentais-je un sourire en faisant un pas en arrière au cas où elle voudrait de nouveau me serrer dans ses bras.
Il était étrange de les revoir après toutes ces années. Je n'aurais imaginé une telle chose. Je ne m'y étais pas préparé. Même lorsque nous étions monté dans l'avion, deux heures après avoir quitté le manoir. Dès lors, j'avais été dans une sorte de brouillard. Tout était fini pour moi. Ou tout recommençait...
Debout devant ces trois personnes de mon passé, devant l'aéroport de Minneapolis, je tentais toujours de m'être de l'ordre sur les derniers événements. Mon père était mort. Je n'avais plus à le craindre. Plus personne pour me persécuter, ni pour prendre soin de moi. Je ne pouvais pas compter sur ma mère. Je ne savais même pas où elle se trouvait. L'avait-il aussi tué ?
Lorna pourrait occuper se rôle mais je n'étais pas sûre d'être encore apte à laisser cette place à qui que ce soit. Cela faisait si longtemps que je me gérais toute seule qu'il me serait difficile de me reposer sur une tierse personne.
Je soufflais un bon coup, décidant que je n'avais pas à me décider sur la marche à suivre tout de suite. Tout était allé si vite, ces derniers temps. J'avais besoin de faire le point tranquillement avant de penser à la suite.
— Allons-y, fini par dire Juanito en embarquant sa mère.
Ils marchèrent un peu plus loin devant, parlant discrètement, de moi, je supposais. Carla resta à mes côtés, moins expansive. Elle semblait comprendre que je n'étais pas aussi prompte à faire montre d'extravagance. Elle me guettait du coin de l'œil, tout de même. Elle semblait plus soucieuse, à présent, mais gardait le silence. Son frère me lançait des regards, de temps à autre, à mesure que sa discussion avec Lorna progressait. Allais-je retrouver ma place parmi cette famille ?
J'avais vécu trop de mauvaise expérience dans la vie pour être aussi insouciante qu'à l'époque, contrairement à eux. S'ils ne pouvaient l'accepter, il me faudrait trouver un nouvel endroit où crécher. Il n'était pas question de bouleverser le quotidien des seules personnes qui m'avaient apporté un peu de stabilités par le passé.
Nous arrivions à un pick-up noir et Juanito déverrouilla les portières. Lorna me poussa à prendre place dans celle-ci, avec tendresse, alors que ses enfants s'installèrent sans attendre. Carla s'installa à l'avant avec son frère, qui était au volant. Lorna pris place près de moi et enserra ma main.
Je ne comprenais pas mes envies soudaines mais je me sentais étouffer, comme si je n'étais pas à ma place dans cette voiture. Je n'avais qu'une envie... fuir. Je m'y cela sur le compte des années à devoir faire attention à tout ce qui m'entourait. Ne plus avoir à le faire devait m'angoisser car je ne savais plus ce que je devais faire.
Je jurais en sourdine lorsque je sentis les battements de mon cœur accélérer de manière inquiétante. J'étais réellement en train de faire une foutue crise d'angoisse. On m'offrait la stabilité et cela m'angoissait. Cela n'était à rien y comprendre.
Pourquoi avais-je le sentiment d'avoir fait une erreur en quittant le domaine de Léandro, bordel ?
Durant tout le trajet, je tentais de calmer mes pensées en m'accrochant à la réalité de la douce main de Lorna. Il fallait que je me concentre sur l'amour que cette femme avait eu à mon égard une grande partie de ma vie. Elle était la stabilité et le synonyme d'une vie tranquille, sans histoire. Cela avait été ce que j'avais tenté d'obtenir avant que Léandro m'enlève. Cependant, cela ne suffisait pas. J'avais seulement l'impression d'être rattrapé par les années. Que faire de cela ?
La voiture s'arrêta devant un petit pavillon charmant. Je fronçais les sourcils devant celui-ci. Lorna avait toujours été nounou. Elle était mère-célibataire, à l'époque. Jamais, elle n'aurait pu se payer une telle maison.
Une barrière blanche entourait la maison à la façade beige et aux volets blancs. Le jardin était parfaitement tondu. C'était une jolie maison mais celle-ci devait coûter cher.
— Bienvenue chez toi, pequeña....
— C'est chez toi ? Ouvris-je la bouche pour la première fois depuis des heures.
— Je me suis marié, il y a quatre ans. C'est la maison de mon mari, m'informa-t-elle.
Cela faisait sens. Je comprenais mieux, à présent.
— Il est d'accord pour m'accueillir chez lui ?
— C'est chez moi aussi. Tu es comme ma fille, Layken. Tu y es, donc, chez toi aussi.
Un coup d'œil a ses enfants m'apprit que Juanito n'avait pas le même point de vue qu'elle. Juanito et moi avions été proches, à l'époque, aussi, mais les choses semblaient avoir changé. Après tout, il ne me regardait plus avec des yeux innocents d'enfant. Il me voyait tel que j'étais. Une fille de mafieux.
— Plus personne ne m'appelle Layken depuis longtemps...
— C'est bien ton prénom pourtant, insista Lorna.
— La dernière fois que je l'ai entendu... c'était mon père qui l'a prononcé pendant qu'il me violait alors je n'ai pas envie de l'entendre...
Ma déclaration provoqua la stupeur dans la voiture. Les deux femmes en eurent le souffle coupé alors que la dureté quitta momentanément le regard du fils. Juanito se racla la gorge avant d'ouvrir sa portière.
— Bon, on ne va pas rester dans la bagnole. Entrons lui faire visiter sa nouvelle maison.
Il sortit précipitamment tandis que sa mère et sa sœur étaient encore en train de se remettre de mon accusation. Tandis que moi, j'essayais de rester calme pour m'empêcher de quitter cette voiture pour courir dans le sens inverse de la maison. Qu'est-ce qui me prenait ?
J'avais cherché cette stabilité et maintenant, je voulais aller à contresens d'elle. Pourquoi ?
Mon esprit se tournait constamment vers le domaine. Pourquoi ?
C'était avec l'envie de me foutre des baffes que je sortis de la voiture en manque d'air. J'avais besoin de respirer parce que à ce moment-là, je compris que j'avais, peut-être, déjà trouver ce que je cherchais... Ce regard...
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Dance in the flames
RomanceLake était une jeune femme rebelle et tenace. Fuyant un passé insipide et froid, elle vivait au gré de ses envies et du chemin qui s'ouvrait devant elle. Solitaire, marginale, elle vagabondait de ville en ville de façon aléatoire jusqu'à voir ce qu'...