Chapitre 24 : Léandro

573 63 1
                                    


Je l'avais entre mes mains et tout ce qui la concernait s'éclaircissait. Pourtant, je ne me sentais pas totalement satisfait. Habituellement, attraper le fautif m'apportait du contentement. Pas cette fois. Il y avait quelque chose qui me dérangeait dans cette histoire. Je ne parvenais pas à mettre le doigt dessus. Aussi, je décidais de laisser à l'abandon la jeune femme. Après tout, Michaela pouvait prendre soin d'elle. Lake était une affaire réglée... et cela fut ainsi durant le mois qui passa. Je n'avais pas cherché à entrer en contact avec elle, ni à prendre de ses nouvelles. Elle était toujours enfermé dans sa chambre. Michaela et elle passait de plus en plus de temps ensemble. Cette première avait bien tenté d'en savoir plus sur l'avenir que je réservais à la jeune femme mais j'étais resté muet comme une carpe, ne le sachant pas moi-même. Il semblerait que ma jeune prisonnière se soit, finalement, prise d'affection pour ma gouvernante. Cela était, visiblement, réciproque. Les affaires m'amenant à voyager durant ce laps de temps, je n'avais pas pris la peine de réfléchir à la suite de Lake. Pourtant, je n'allais pas pouvoir me défiler encore longtemps. La meilleure solution serait de la relâcher... de la laisser partir. Elle n'avait réellement rien fait pour se retrouver dans cette situation. Elle semblait vouloir resté à l'écart des autorités, avant que je ne lui ramène le sujet de ses cauchemars. Je n'avais donc pas à me soucier d'elle. Néanmoins, cette option ne me semblait pas discutable. Il y avait quelque chose qui me retenait. J'avais la profonde sensation que cela serait une erreur. La raison qui me poussait à repousser la sentence venait de moi... et uniquement de moi.

Je détestais ne pas comprendre ce qui se passait. Je ne comprenais pas cette envie de la garder entre mes griffes. Cela venait-il de mon envie d'asseoir mon pouvoir sur elle ?

Je me passais les mains sur le visage, énerver qu'elle puisse encore être dans mes pensées, même à deux étages plus haut. La porte de mon bureau s'ouvrit sur Michaela, un plateau en main.

- Je vous apporte du café, monsieur. Cela fait plusieurs heures que vous êtes enfermé ici.

- J'ai beaucoup de travail. Je vous remercie, Michaela.

Elle déposa le plateau au coin de mon bureau mais ne bougea pas d'un pouce.

- Autre chose ?

Elle sembla hésiter avant de retrouver, vraisemblablement, son courage et croiser les bras sur sa poitrine, l'air mécontente.

- Je suis désolée de vous parler comme ça, monsieur Chavez, mais il serait temps de laisser cette petite retrouver sa vie.

- Quelle vie ?

- Elle n'a pas eu de chance, certes. Elle mérite de vivre la vie qu'elle s'est choisi, monsieur. Elle a toujours fui ce genre d'environnement et vous l'y replonger. C'est injuste !

Je me levais de mon siège et elle abandonna sa position insatisfaite.

- Je ne vous autorise pas de faire preuve de tant de leste avec moi. Vous voulez garder votre place, ici ?

- Pas si vous commencez à vous en prendre aux innocents, monsieur Chavez. D'autant plus, si cela se déroule sous mes yeux. Vous m'avez demandé de prendre soin d'elle...

- Tout se passera comme je le déciderais, mis-je fin à sa rébellion. Si ça ne vous convient pas, vous savez où est la porte et gare à vous si vous tentez de contacter qui que ce soit.

Elle baissa la tête, attristée. Cela me laissa de marbre. Qui croyait-elle être dans cette maison ?

Elle avait certes, certains privilèges car elle m'avait toujours été fidèle mais cela ne lui octroyait pas le droit d'exiger quoi que ce soit. Elle n'était pas irremplaçable. Je refermai la porte derrière elle. Je savais qu'elle allait se rendre dans la cuisine. Elle s'y rendait à chaque fois qu'elle était bouleversée. Je me décidais alors à me rendre dans la chambre de celle qui semblait contaminer mes employés. Je grimpais les étages et, sans attendre que Pedro sorte ses clés, j'ouvris la porte avec les miennes. Lake était allongée, comme une âme en peine, sur son lit. Habillée d'une robe vaporeuse bohème, je me stoppais, me rendant compte que cette garce était certainement la créature la plus belle qui ait franchi ma porte.

Elle se releva comme un ressort. Elle n'était clairement pas contente de me voir. Je m'en foutais. J'étais chez moi et il fallait mettre les points sur les i.

- Tu t'amuses à monter mes employés contre moi.

- De quoi tu parles ? Tu es vraiment parano !

Je m'avançais dans la pièce, en colère. Cela ne pouvait plus durer. Pour qui se prenait-elle.

- Je ne sais pas ce que tu as pu faire à ma gouvernante mais elle se trouvait, il n'y a pas cinq minutes, dans mon bureau pour exiger de moi de te relâcher.

- Elle est simplement humaine, ricana-t-elle.

La voir aussi détendu alors que j'étais en rage, m'énerva un peu plus. Je l'attrapais par les cheveux et la ramenais à moi.

- Fais attention à tes paroles. N'oublie pas ta position en ces lieux.

- Chaque jour que Dieu fait, je m'en rappelle. Ça n'a pas l'air d'être ton cas. Ça a trop duré. Soit, tu es incapable de décider ce que tu vas faire de moi, soit, tu m'as eu et maintenant tu veux me laisser pourrir dans cette putain de chambre ! Quoi qu'il en soit... va te faire foutre ! Michaela est venue te voir parce qu'elle voit que tu me gardes injustement.

- C'est moi qui décide !

- Ça, on l'a bien compris.

- Bien alors plus de vague ou ce que je te réserverais te fera regretter cette chambre !

- Tu ne pourrais jamais me faire regretter quoi que ce soit, Léandro.

Elle était exaspérante. Toujours le mot de trop. Étrangement, cela me plaisait tout autant que cela m'énervait. Je la regardais plus en détail alors qu'elle me défiait du regard. Je n'avais pas pris la peine de, réellement, la regarder jusqu'à présent, aveugle par l'obsession de la retrouver. Elle était véritablement belle. L'impression qui m'avait assailli en entrant n'avait pas été une illusion. Elle était un pécher à elle toute seule.

Je la relâchais brutalement, si bien qu'elle retomba sur le matelas, et sortit précipitamment avant de faire une connerie. Une connerie qui ne plairait à aucun de nous deux.

Dance in the flamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant