Chapitre 5 : Lake

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Nous marchions depuis une bonne heure. Cela commençait vraiment à être long et je commençais à douter de son sens de l'orientation.

- Redgie ? Qu'est-ce que tu me fous là ?

- C'est par là. Ça fait longtemps que je n'y suis pas allé. J'essaie de ne pas nous perdre mais je suis sûr que c'est par là.

Redgie était un collègue de boulot. Il souhaitait me présenter à un type qui pourrait être d'une grande aide.

J'avais rencontré pas mal de mecs qui proposait ce genre de services, loin d'être légale, par le passé, mais aucun n'avait pu me convaincre que leur travail valait le coup. Mon collègue était persuadé que l'homme, qu'il voulait me présenter, pouvait satisfaire mes exigences. Redgie était un mec sympa, qui n'avait pas une once de méchanceté en lui.

Il y avait quelques années, il s'était retrouvé dans ma situation. Il vivait dans la rue jusqu'à tomber sur madame Clark. Cela n'avait pas été un choix pour lui. Ses parents l'avaient mis à la porte en apprenant son homosexualité.

Il y avait des gens qui ne devraient vraiment pas enfanter. Ils ne sont pas faits pour cela.

Il n'était jamais partie de San Antonio durant ses mois de galères. Il avait, donc, pu se créer un cercle de contact, qui pourrait m'aider, aujourd'hui. Il avait appris que je ne possédais aucun papier d'identité. Il connaissait, d'après lui, le meilleur type dans le domaine. Il attestait que le mec savait faire des contrefaçons indétectables. Je ne demandais qu'à voir. Cela avait un coup mais, si cela était vrai, j'étais prête à y mettre le prix. Cela me faciliterait tant la vie. Je pourrais avoir une nouvelle identité pour de bon. Je pourrais réellement mettre Lake au cimetière.

- Tu es sûr de toi ? Ça fait un moment que tu fais gambader.

- On n'est plus très... c'est ici.

Je lorgnais l'endroit qu'il pointait du doigt. Nous nous trouvions dans une petite rue, loin du centre-ville. Une petite porte blindée, légèrement rouillée, nous faisait face. Je levais un sourcil, en déviant mon regard sur Redgie.

- Si tu n'étais pas toi, j'aurais dit que tu cherchais à m'impliquer dans une traite de femme, mon ami.

- Jamais de la vie ! Joey est un crack. Il pourra t'apporter ce dont tu as besoin.

- Comment tu l'as connu ?

- J'ai connu un type, à l'époque, qui, comme toi, voulait disparaître. Joey a changé sa vie. Une nouvelle identité avec tout ce que tu souhaites.

- Tout ce que je souhaite ?

- Papier d'identité, premièrement. C'est ce que tu veux mais il peut aussi te donner de nouveau diplôme universitaire, plus réels que les vrais, permit de conduire aussi. Ce que tu veux, tu l'as avec lui. Et tu n'auras jamais aucun problème. Au vu de l'endroit où je t'ai emmené, tu pourrais en douter, mais Joey travaille au service administratif du gouvernement. Tes papiers seront plus vrais que nature parce qu'ils sortiront, directement, des services gouvernementaux. Ce n'est pas pour rien que c'est aussi cher. Je ne sais pas comment il se d'emmerde mais il ne s'est jamais fait prendre.

- Je ne demande qu'à voir... allons-y !

Je tâtais la liasse de billets, dans ma poche zipper. Si ce gars parvenait à me convaincre, cet argent serait à lui. Cela était des économies de plusieurs années. De l'argent que j'accumulais en cas de pépins. Ce n'était pas parce que je vivais comme une nomade, que j'avais perdu le sens de l'économie. Cela était risqué de garder autant d'argent sur moi, mais si ce que Redgie disait était vrai, je n'aurais bientôt plus à garder cela sur moi. J'aurais la possibilité d'ouvrir un compte en banque qui me serait propre.

Redgie tapa cinq coups distincts sur la porte.

- On n'entre pas dans son repaire comme ça, ma jolie.

Je voulais bien le croire. Cet homme devait être sur ses gardes en permanence. Cela allait de pair avec la vie qu'il s'était choisi. La porte s'entrouvrit sur une masse de muscles, au regard peu engageant.

- Qu'est-ce que s'est ?

- Il y a un grain dans la voie lactée, répondit Redgie.

Perplexe, j'observais ce manège incompréhensible. Le gorille ouvrit la porte à cette phrase sortie de nulle part, sur une pièce sombre, éclairée seulement d'une lampe murale, diffusant un léger éclairage rougeâtre. J'entrais dans un cliché total du criminel notoire, en levant les yeux au ciel. Cela ne plut pas à monsieur mastodonte. Il referma la porte brutalement derrière nous. S'il voulait m'impressionner, il s'y prenait mal. J'étais rodée.

Redgie me prit la main, et me tira dans une pièce adjacente à celle où nous nous trouvions. Là, se trouvait un bureau avec de multiples écrans d'ordinateur, allumés, ce qui me semblait être, sur les caméras de vidéos surveillances de la ville. Cet enfoiré ne se contentait pas de fournir de faux papiers. Mon collègue se racla la gorge pour attirer l'attention du type écheveler et maigrichon du type campé devant ses écrans. Celui-ci fit pivoter son fauteuil de bureau, lentement, les doigts entrelacés. Je levais, de nouveau, les yeux au ciel. J'étais dans un putain de film policier des années cinquante.

- Salut Joey.

- Tiens tiens, un revenant. Tu m'emmènes un nouvel oiseau perdu ?

- Elle a besoin de ton aide.

Le maigrichon m'observa de haut en bas avec un regard appréciateur. Il avait tout intérêt de faire attention à ce qui allait sortir de sa bouche. Il s'en rendit compte lorsque ses yeux se posèrent sur les miens. Il abandonna sa position de mafieux de pacotille et se redressa.

- Tu as de quoi payer ?

- J'ai le nécessaire si tu es aussi bon qu'il le prétend.

Il eut un sourire narquois. Il me fit signe de m'approcher, puis sortie plusieurs dossiers de son gigantesque bureau.

- Ceci est un CTMS. Ça contrôle tous les documents afin de voir s'ils sont vrais ou non.

Il tira de sa poche, son portefeuille pour me faire une démonstration avec ses propres documents. Il enregistra sa carte d'identité qui fut accepter par la machine. Puis il en fit la démonstration avec un document, qu'il affirmait falsifier, et la machine refusa le passe du contrôle.

Encore soupçonneuse, je demandais le téléphone portable de mon ami et pris place sur le fauteuil du grand manitou des lieux. J'avais confiance en Redgie mais pas en ce gars. Je voulais connaître absolument tout sur cette machine. Il avait beau travailler pour le gouvernement, j'avais appris à me méfier de tout le monde. Force était de constater, après plus d'une demi-heure de recherche, que la machine pouvait être authentique. Il ne me restait plus qu'à faire un choix et adviendrait ce que pourra.

- Je veux la totale. Par contre, fais gaffe à toi. Tu as intérêt à ne pas te louper.

- Nous parlons, enfin, un langage que je comprends... 

Dance in the flamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant