Chapitre 4 : Léandro

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Carré dans la banquette, au velours rouge sang, verre du meilleur malte dans la main, je tentais de me détendre au son de la musique, qui sortait des enceintes, langoureuse et basse.

Les Espagnols avaient de bons négociateurs dans leurs rangs, il n'y avait pas à en douter, mais ils ne savaient pas à qui ils s'adressaient. Je ne bradais pas mes produits. J'avais ce qui se faisait de mieux dans le domaine et cela avait un coup. Ils le savaient avant de se déplacer. De plus, je n'appréciais pas qu'on me fasse perdre mon temps. Surtout, lorsque je devais quitter mon domaine de Mendoza.

Les bras allongés sur la banquette, une belle plante brune, à la peau dorée, dansait, sensuellement, dans l'espoir de finir dans mes draps, me distrayait suffisamment pour que son espoir ne soit pas vain. Cela pourrait être envisageable mais pour le moment, je préférais m'enivrer en compagnie de Lourenco. Il était rare que nous nous retrouvions au même endroit, au même moment. Il était mon partenaire le plus fidèle. Je lui confiais, donc, souvent les missions les plus complexes. De ce fait, Lourenco voyageait partout à longueur d'année. Il était mon bras droit, mon porte-parole et mon homme de confiance. Je ne pourrais confier mes livraisons, et paiements, à personne d'autre.

- Je t'envoie en Italie, la semaine prochaine, l'informais-je, sans jamais quitter des yeux ma future conquête.

- Quel groupe ?

- Les Toscans.

- C'est étrange qu'ils en redemandent aussi vite, fit-il remarquer, après quelques secondes de silence.

- C'est pour ça que je t'y envoie avec l'élite bêta, le rassurais-je. On ne recule devant personne, Lourenco, lui rappelais-je en l'avisant d'un coup d'œil rapide.

- Il n'était pas question de ça. Tu sais très bien que je serais toujours le premier à me lancer dans la gueule du loup si on cherche à nous la foutre à l'envers, Léandro. Je voulais juste te faire remarquer que ce n'était pas normal.

Un hochement sec, plus tard, nous clôturions la discussion. Je n'avais pas envie de penser aux affaires, pour le moment. Seul, la femme aux courbes généreuses avait ma pleine attention. Je lui fis un signe du doigt pour qu'elle s'approche. Elle vint s'asseoir près de moi et caressa, avec légèreté, mon torse, comme pour me rappeler qu'elle était prête à tout donner pour me faire plaisir. Cela était inutile. Elle n'était pas la première à tenter le tout pour le tout.

Ces femmes rêvaient de devenir la reine de mon royaume. Prêtes à jouer de toutes leurs qualités féminines, elles n'avaient aucune chance d'obtenir plus d'une nuit. Je n'avais pas l'intention de m'éreinter avec une femme aussi vénale que ces femmes. J'avais l'exemple honorifique du mariage de mes parents. Dans ce monde violent et déviant, ils avaient vécu un mariage bercés par l'amour. Ma mère était une femme exceptionnelle. La femme que je pourrais envisager d'épouser devrait être, au minimum, à sa hauteur.

En attendant, je me contentais de baiser ces femmes aux espoirs dérisoires. Elles n'étaient que des distractions qui me permettaient de m'évader, un temps, du travail.

Je retirais sa main de ma poitrine et me levais en la tirant à moi.

- Je vais te laisser profiter de la soirée, mon ami, annonçais-je à Lourenco.

Celui-ci eut un sourire en coin en lorgnant la séductrice.

- Amuses-toi bien, Boss.

Arrivée à l'hôtel, je réservais une nouvelle chambre. Il était hors de question qu'elle puisse accéder à mes quartiers personnels. Elle semblait déçue de ma manœuvre. Ainsi, cela était parfaitement clair. J'allais m'immiscer entre ses cuisses et l'éjecter de ma vie. Elle n'était que de court passage dans mon existence. Je ne savais même pas son nom et je ne voulais pas le connaître. Tout ce que je lui demandais, était de me laisser entendre le plaisir que j'allais lui procurer et disparaître de mon champ de vision.

Je refermais la porte de la chambre deux mille quatre cent treize, puis allais me servir un nouveau verre.

- Tu as cinq minutes pour te déshabiller, ma belle.

À cette phrase, il y avait toujours deux réactions. Soit, elle s'offusquerait et partirait sans demander son reste. Soit, elle s'exécuterait, malgré mon manque de tact et l'incertitude de l'avenir qu'elle souhaitait.

J'aurais pensé qu'elle aurait fait partie de la première catégorie, étant donné son air distant depuis que j'avais demandé une autre chambre, mais elle m'étonna en se dirigeant vers la salle de bain. Elle déposa sa veste sur le fauteuil en chemin en me lançant un regard qu'elle tentait de rendre coquin, mais l'hésitation brillait dans ses yeux.

Cela me refroidit quelque peu. Je ne voulais pas faire d'erreur avec cette demoiselle. J'avais beau être le dernier des connards, je ne couchais pas avec une femme si les choses n'étaient pas parfaitement claires. Habituellement, les femmes désiraient plus qu'une nuit avec moi mais savaient, concrètement, que cela n'était pas possible. Elles acceptaient, tout de même, de passer la nuit avec moi, afin de pouvoir se vanter d'avoir eu, le grand méchant loup. Cependant, il y avait toujours des rêveuses qui n'abandonnaient pas aussi facilement. Celles-ci pouvaient être un problème pour moi. Aussi, je concluais nos échanges avant même d'avoir entrepris quoi que ce soit.

Je n'étais pas un monstre au point de blesser le cœur d'une femme innocente.

La femme, qui se dirigeait vers la salle de bain, avait besoin qu'on lui rappelle les règles. J'étais prêt à la laisser partir, si nos attentes différaient.

- Attends !

Elle s'immobilisa avant de pivoter vers moi.

- Ne t'attend à rien.

- Je ne m'attends à rien, attesta-t-elle, incertaine.

- Bien sûr que si. Si coucher avec moi te donnerait des désirs qui différencieraient des miens, autant en rester là.

- Je...

Je levais un sourcil, attendant la suite. Seulement, elle semblait sur le point de fuir. Je soupirais bruyamment en avançant jusqu'à elle. Je posais mes mains sur ses épaules.

- Tu vis dans les favelas ?

Elle baissa le regard sans me répondre mais son geste m'était suffisant.

- Tu cherches à sortir de là-bas, hmm ?

- J'ai un fils...

Les clubs de luxe abritaient beaucoup de ces jeunes femmes qui cherchaient à tout prix une meilleure vie auprès d'hommes friqué. Celle-ci était la grande majorité des filles que je m'envoyais. La plupart de ses filles avaient été endurci par la vie et n'éprouvaient aucun remords à jouer de leur charme pour s'offrir un avenir plus clinquant mais celle qui était face à moi, n'était pas de leurs trempes. J'aurais pu le remarquer bien plus tôt si je n'avais pas été envoûter par le balancement de ses hanches qui appelaient à être saisi sauvagement.

Je me détournais d'elle. Je posais ma main sur la poignée et l'abaissais. Un coup d'œil sur la commode, près de la porte, et je jetais un petit tas de billet, qui se trouvait dans ma poche. Elle avait une raison louable pour ce qu'elle faisait. Cela n'était pas le cas des autres femmes que j'ai pu rencontrer. Elle méritait une chance pour s'en sortir sans avoir à donner sa personne à des connards de mon acabit.

Avec cela, j'espérais qu'elle puisse trouver une autre solution. Ainsi, elle pourrait offrir une meilleure vie à son fils.

Je n'étais un homme altruiste mais je ne pouvais pas, non plus, cautionner de laisser une femme, si juvénile et innocente, et un petit garçon, dans une situation aussi extrême.

- Tu peux faire venir ton fils, ici. La chambre est réservée pour une semaine, proposais-je avec l'intention d'étendre la période de réservation. Profite de cette courte période pour changer de vie...

Dance in the flamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant