Chapitre 12 : Léandro

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- Elle nous a échappé.

J'observais Luis et Jorge avec colère. Comment deux soldats d'élites surentraînée avaient pu se faire berner par une petite fouine. Cela me dépassait.

- Elle a fait intervenir les flics, Boss.

- Je me fous qu'elle fasse intervenir les flics, la CIA, l'armée. Je vous avais demandé de ne pas la lâcher d'une semelle, vociférais-je.

- Elle a disparu alors qu'ils nous interpelaient. On n'a rien pu faire.

Elle était maligne et vicieuse. Cette femme m'intriguait de plus en plus. Comment avait-elle fait pour repérer mes hommes ? Ils étaient les maîtres en dissimulation.

- Elle a quitté l'hôtel avec toutes ses affaires. Elle n'y retournera pas ce soir mais on ne lâchera rien, patron. On va vous la ramener, affirma Jorge, visiblement agacer de s'être fait avoir.

- Il y a tout intérêt ! Retrouvez-la ! Immédiatement !

Ils quittèrent précipitamment ma suite. Comment faisait-elle pour disparaître aussi facilement ?

Elle n'était pas comme les autres. Cela était une évidence. Elle avait l'air d'avoir une certaine expérience pour la fuite. Je me doutais, de plus en plus, que nous n'étions pas les seules personnes qui étaient à sa recherche. Je devais explorer cette piste et faire la lumière sur cette femme. Elle semblait intelligente et sournoise. Elle ne semblait pas avoir peur de se confronter à la plus dure des réalités. Elle savait ce qu'elle faisait. D'où sortait-elle, bordel ?

Esteban entra dans le salon, et vint s'affaler sur le canapé. Je ne l'avais pas vu de la journée. Il était resté dans sa suite, à diriger ses hommes à distances. Nous ne vivions que pour nos entreprises.

- Tu me sembles contrarier.

Il ne cessa de s'amuser à mes dépends. Il n'avait aucune idée de ce qui se jouait. La vie de cette femme serait bientôt entre mes mains et j'allais en profiter mais pas avant avoir percé tous ses mystères.

- Ils ont mis la main dessus ?

- Elle leur a échappé, grognais-je, toujours contrarié.

Il leva un sourcil, surpris. Ses yeux se plissèrent et une lueur que je ne sus définir apparut dans ses yeux.

- Fascinant... se caressa-t-il la barbe. Elle est intéressante ta petite proie, si tu veux mon avis.

- Je ne le veux pas.

- Tu l'auras quand même. Tu devrais faire attention à tes nerfs, Léandro. Cette femme semble avoir une emprise sur toi, sans même l'avoir rencontré. Tu ne te demandes pas ce que cela sera quand elle sera en face de toi ?

- Non, répondis-je sincèrement.

- Je pense qu'elle a du potentiel. Ce serait dommage d'éteindre le souffle pernicieux de cette demoiselle. Une anguille venimeuse ! Je l'aime déjà !

- Tu n'as pas à l'apprécier, m'énervais-je.

- Certes... mais c'est le cas. Elle se bat pour sa vie. Elle est vicieuse, débrouillarde et rebelle. Une femme à mon goût !

- Fais attention à toi, mon ami, le menaçais-je.

Cela le fit sourire plus qu'autre chose.

- Je vois que c'est chasse garder, ricana-t-il.

Je me levais, prêt à m'enfermer dans mon bureau, plutôt qu'entendre de telles conneries. Je n'avais rien d'autre en tête que me confronter à elle, et savoir d'où elle sortait. Elle me hantait, certes, mais cela venait de sa capacité à nous échapper avec facilité. Sa fourberie n'ajoute qu'au mystère qu'elle dégageait. Une fois toutes les cartes en main, elle ne serait plus qu'une personne a éliminé de plus.

Malheureusement pour moi, Esteban me suivit et prit place sur la chaise face à mon bureau. Il était mon plus ancien ami mais s'il continuait à me faire suer, il allait finir entre quatre planches.

- Que comptes-tu faire, alors ?

- Jorge et Luis sont retourné en ville. Ils la trouveront.

- Je n'en doute pas mais que vas-tu faire après ?

- Je rentrerais en Argentine.

- Tu comptes l'enlever.

- Exact.

- Tu vas en faire ton esclave ?

- Mon sous-entendu n'était pas suffisamment clair ?

- Tu ne vas pas la tuer, Léandro.

- Vraiment ?

- Sois honnête envers toi-même. Elle te fascine.

- Ce qui me fascine, c'est que tu penses pour moi.

- Tu n'as jamais organisé une chose d'une telle ampleur pour retrouver quelqu'un. Tu l'as veut, ça c'est un fait mais pourquoi ?

Je le fusillais du regard. Il était franchement en train de dépasser les limites. Nous avions nos affaires, chacun de notre côté. Nous n'empiétions pas sur le territoire de l'autre. Cela avait permis à nos deux familles de conserver des relations cordiales. Nous avions eu l'avantage de grandir ensemble, par ce fait. Cependant, il allait trop loin. Je ne pouvais pas le laisser prétendre pour moi. Ami, ou pas. Chacune de mes actions ne regardait que moi. Il n'avait pas à y foutre son nez.

Il me lança un regard moqueur en se levant. Il avait distillé son venin. À présent, il pouvait partir.

Je m'enfonçais dans mon fauteuil, peu perturbé par ce connard. Il pouvait penser ce qu'il voulait. Je savais pour quelle raison j'étais aussi hargneux envers elle. Il pouvait laisser son esprit tordu le tromper comme il le souhaitait. Il aurait, très rapidement, la preuve que ma quête avait un seul et unique but.

J'embrassais du regard, le bureau au style contemporain, en imaginant, à partir de sa silhouette, la femme entre mes mains, entachées par le sang. Je pus presque goûter à la terreur qui s'imprimerait, très prochainement, dans ses yeux... 

Dance in the flamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant