Chapitre 59 : Lake

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Nous devions quitter le pays en fin de journée. Léandro avait reporté notre départ. J'avais longuement argumenté afin d'assister à la cérémonie d'Omarosa. Il m'avait promis avoir organisé les événements comme je le souhaitais mais je devais m'en assurer.

Je fus surprise de découvrir un cercueil sommaire et une parcelle de terre au fin fond du cimetière. Sa pierre tombale ne comportait que sa date de naissance et la date de sa mort. Omarosa n'avait même pas eu droit d'être identifié. Cela m'avait grandement satisfaite. Il avait respecté mes souhaits au détail près. Personne ne pourrait trouver sa dernière demeure. Il resterait seul à jamais.

Nous n'avions pas été seuls durant la cérémonie à l'église, qui avait été écourter par Léandro. Les amis de mon père n'avaient pas été inviter à se joindre à nous au cimetière, afin que personne ne sache où il se trouvait. Cela avait été une idée de génie de la part de l'homme qui m'accompagnait, à présent, partout.

Nous avions quitté le lieu de sa sépulture avant qu'il ne soit recouvert. J'en avais assez vu. Je pouvais poursuivre ma route avec plus de sérénité. J'avais l'impression d'avoir obtenu justice ainsi. Omarosa détestait la solitude. Il avait toujours été entourer de ses groupies, ou de ses lèche-bottes. Le mettre à l'écart pour l'éternité me semblait être une parfaite punition pour ses fautes.

Nous nous rendions à l'hôtel afin de rassembler nos affaires. J'avais appelé Lorna pour lui expliquer mon départ. Elle en avait été contrarier. Elle aurait voulu que je reste éloigner du monde dans lequel j'avais grandi mais ce milieu te rattrapait toujours. Elle m'avait fait promettre de la contacter régulièrement afin de s'assurer de ma bonne santé. Elle n'imaginait pas, une seule seconde, que je ne m'étais jamais aussi bien senti. Omarosa m'avait enchaîné à la peur et l'angoisse. Léandro m'en avait libéré.

Le moment que nous avions passé ensemble dans ce grenier austère et froid avait déclenché quelque chose dont il ignorait tout. Il n'avait certainement pas conscience du pouvoir qu'il avait entre ses mains.

Je ne pouvais pas affirmer être amoureuse de cet homme. Cela était trop tôt mais il avait capturé une part de moi. Sa prévenance et son indulgence avaient eu raison de ma distance. J'observais des changements entre nous. Nous cherchions constamment le regard de l'autre. Notre proximité s'était grandement amoindrie.

Cela ne faisait qu'une semaine que nous avions abandonné la maison de mes parents et, pourtant, nous avions fait plus de chemin qu'au cours de ses derniers mois.

Léandro avait le don de m'apporter un certain apaisement. Il était excessivement protecteur mais j'aimais cela. Après avoir passé tant d'année dans la rue, toute seule, il était agréable de pouvoir me reposer sur quelqu'un.

Ce que me contrariait, cependant, été le fait qu'il refusait de coucher avec moi. Une légère perte de confiance s'était opéré à travers les jours passants. Son toucher restait constamment sage. Je ne comprenais pas son obstination à nous restreindre. Je savais qu'il avait envie de moi. Il tentait de me le cacher mais ses érections étaient plutôt voyantes. Le bonhomme était bien monté. Malgré cela, il n'avait plus rien tenter d'aventureux à mon encontre. Cela commençait réellement à me vexer. J'étais certaine de bon nombre de femmes pouvaient se vanter des prouesses de monsieur Chavez. Je voulais comprendre pour quelles raisons il s'abstenait avec moi. La jalousie me gagnait de jour en jour et je ne savais pas comment gérer ce sentiment. Aussi, je taisais mes doutes et feintais la normalité.

Avec notre départ, Léandro s'était remis à s'affaire pour son business. Il était moins disponible et cela me renvoyait une image de moi-même que je n'appréciais pas. Je refusais de devenir comme ma mère. Flâner n'était pas dans mes options. Si ses actes étaient le reflet de ses sentiments à mon égard, il allait devoir prendre conscience de l'impossibilité de m'enfermer dans une cage dorée. J'avais besoin de bouger, de travailler, de m'activer.

Après une vingtaine de minutes, nous entrions dans la suite, et alors que je pensais que nous prendrions des chemins inverses afin de préparer nos bagages, Léandro m'attrapa par les bras et me colla à la porte. Il se jeta sur mes lèvres en un baiser passionné me faisant perdre tout repère. Sa main vint crocheter ma cuisse qu'il souleva pour la plaquer contre sa hanche. Surprise, je me laissais porter par sa soudaine passion en sentant son entrejambe désireux. Je pensais toucher enfin au but lorsqu'il commença à se frotter contre mon pubis mais la passion disparue aussi vite qu'elle était apparu. Il s'écarta brutalement de moi, le souffle haletant.

— Nous partons dans deux heures. Va préparer tes affaires !

Il se détourna de moi, les poings serrés, et fila dans sa propre chambre. Les nerfs en pelote, j'en fis de même. Cet homme n'était rien d'autre qu'un allumeur. Je ne comprenais pas pourquoi il ne s'autorisait pas à aller plus loin. Je n'envoyais, pourtant, pas des signaux contraires. Il ne pouvait que sentir mon engouement. Cela m'était incompréhensible.

Je planquais mon dos contre la porte de ma chambre fermée, et soufflais un bon coup. Je savais que nous n'avions que très peu de temps mais j'avais besoin d'une minute. Il avait fait grimper ma température corporelle. Il était cruel de mettre une femme dans cet état sans aller jusqu'au bout.

Avant de commencer à faire ma valise, je fis le point de la situation dans la salle de bain attenante. Après tout, cela était le bon moment. Ma vie s'apprêtait à radicalement changer, une nouvelle fois. Cette fois-ci, j'avais le temps de voir les choses venir, même si tout se passait très vite.

J'avais eu une enfance radieuse jusqu'à ce que je découvre la pourriture qu'était l'homme que je prenais pour mon héros. Lorna à disparu de ma vie au moment où j'avais eu le plus besoin d'elle. J'ai fui durant huit années un monstre qui ne me voulait pas que du bien. Un homme, sur une place sombre s'apprêtait à tuer un autre homme et je suis intervenu de manière stupide et dangereuse. Il m'avait retrouvé et m'avait enlevé. À présent, il était le seul en qui j'avais confiance. Ma vie était un véritable bordel mais je parvenais toujours à m'en sortir. Dans mes malheurs, j'avais toujours eu de la chance.

Un homme dur et froid se tenait dans la chambre, face à la mienne et me voulait. Il se montrait protecteur, doux, patient et passionné à mon égard. Néanmoins, faisais-je le bon choix en le suivant en Argentine ?

J'avais toujours écouté ma tête. Cela avait été indispensable par le passé car mon cœur ne fonctionnait plus correctement. À présent, c'était celui-ci qui guidait mes choix. Mais, était-il en état de m'apporter le repos ? Ou m'entraînait-il à faire le mauvais choix ?

Je secouais la tête et me passais de l'eau sur le visage. Je n'avais pas le droit de douter de Léandro. Même durant ma captivité, il s'était montré bon envers moi. Il aurait pu me laisser moisir dans cette cellule humide mais cela n'avait pas été le cas.

Craintive, je l'avais été mais cela n'avait pas duré.

Les événements se seraient-ils passé ainsi, s'il n'avait jamais appris mon passé ?

Cela était une question qui me hanterait jusqu'à la fin de ma vie. Je n'en aurais jamais la réponse mais ce dont j'étais persuadé été qu'il serait incapable de me faire du mal. Bien au contraire. Il avait tout entrepris pour me satisfaire. Il avait entendu, au détour d'un reproche, ce que j'attendais pour Omarosa. Il s'était exécuté. Il semblait affecté par le grenier. Parfois, j'avais la sensation qu'il l'était plus que moi. Aussi, je ne pouvais que me montrer compréhensive face à son refus de me toucher.

Non, je n'avais pas le droit de douter de lui ! Il était bon pour moi et cela était tout ce qui comptait à mes yeux !

Une nouvelle vie m'attendait au manoir et j'étais prête à la vivre si cela était à ses côtés... 

Dance in the flamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant