Chapitre 49 : Lake

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Un uniforme de police m'accueillit au débarquement de Los Angeles. Je ne m'étais pas attendu à un tel accueil. Le shérif observait la foule d'un œil aguerri jusqu'à me trouver. Il s'avança, le visage fermé, jusqu'à moi.

— Mademoiselle Thomas ?

Je lâchais ma valise pour lui tendre la main. Il la regarda avant de remonter sur mon visage. De toute évidence, nous ne serons pas amis. Je comprenais sa réticence, après tout. J'étais la fille du type qu'ils devaient avoir dans le collimateur depuis un log moment et celui-ci avait été attraper par une autre personne. Il devait l'avoir mauvaise. Il était clairement méfiant.

— Veuillez me suivre, mademoiselle Thomas.

Cela n'était pas une suggestion mais plutôt un ordre déguisé. Les personnes, aux alentours, regardaient la scène. Ils me fixaient comme si j'étais une criminelle. J'avais l'habitude d'être ainsi observé. Cependant, je m'en étais très bien passé toutes ces années. Même mort, il avait de l'impact dans ma vie.

Le shérif me conduisit jusqu'à sa voiture de fonction et me fit monter à l'arrière. Au comble des soupçons, les gens commençaient à murmurer dans leurs coins. Je ne me fis pas prier et montais rapidement pour échapper aux regards insistants. J'avais passé ma vie à fuir l'attention.

— Je vous conduis au poste, mademoiselle. L'inspecteur Andrews voudrait vous poser quelques questions.

— Je m'en doutais.

À la suite de cela, il ferma la bouche le reste du temps. Il semblait contrarié de devoir jouer au chauffeur et soupçonneux. Andrews ne lui avait, vraisemblablement, pas informer de ce qui m'emmenait en Californie.

Le trajet entre l'aéroport de Los Angeles au poste du shérif de Beverly Hills nous prîmes une demi-heure. Trente minutes d'un silence pesant, accompagné de coup d'œil, dans le rétroviseur, scrutateur. Si j'avais eu des doutes quant à sa connaissance de ma présence dans l'État, cela s'était envolé après cet interminable trajet. Il me prenait pour une criminelle, de la même trempe que mon père. Je n'étais qu'une délinquante de plus, à ses yeux.

Je me foutais de ses jugements mais on ne pouvait pas dire que le shérif Stewart, du comté de Los Angeles, était réfléchi.

Apparemment, Stewart lui avait demandé de venir me chercher, pas de m'appréhender. Aussi, il n'avait aucune raison de me regarder comme si j'avais commis les pires crimes.

Il vint m'ouvrir la portière lorsque nous nous étions garé devant le poste. Un homme menotté me précéda à l'entrée de celui-ci. Il beuglait son innocence, poussé par un officier. Cela me fit ricaner. Tous les criminels étaient innocents si on les écoutaient mais le type portait sur lui son appartenance à un gang. J'avais côtoyé ce genre de gars, par le passé, par le biais d'Omarosa. Ces personnes n'avaient rien d'innocent. C'étaient des enflures de premier ordre.

— Veuillez me suivre, mademoiselle Thomas, ordonna le shérif en maintenant la porte ouverte, attirant l'œil du type.

Le membre de gang e zieuta de haut en bas avant de se pourfendre d'un clin d'œil à mon attention, ce qui m'attirait un peu plus de méfiance du shérif. Je le maudissais intérieurement.

— La petite Thomas est de retour à la maison, ricana le criminel.

Il fut vivement tiré par le bras et emmené au fond du poste.

— Vous connaissez les meilleures personnes de ce monde, mademoiselle, remarqua le chef de la police, le regard dur.

Je haussais des épaules.

— Vous savez déjà qui est mon père. En attendant, je ne suis pas là pour faire face à vos jugements. J'ai un agenda assez chargé pour les prochains jours. Aussi, si vous pouviez me conduire à Andrews, ce serait vraiment adorable de votre part... Shérif, insistais-je sur son statut de protecteur.

Il serra les mâchoires devant ma condescendance et reprit la route jusqu'à un bureau fermé avant de toquait à la porte de celui-ci. La porte s'ouvrit rapidement pour laisser apparaître un homme de haute stature.

Andrews n'était pas tel que je me le représentais. Grand et élégant, dans son costume noir, il affichait un sourire poli en voyant que j'accompagnais le shérif.

— J'espère que vous avez fait bon voyage, mademoiselle Thomas.

Devant sa sympathie affichée, je tournais le regard sur mon chauffeur qui semblait décontenancer face à l'accueil qui m'était dédié.

— Des plus agréables, inspecteur Andrews. La meilleure partie était le trajet en compagnie de ce bon vieux shérif.

Il nous observait à tour de rôle avant de s'écarter du passage pour me permettre d'entrer dans le bureau. Le shérif voulut entrer en son tour mais Andrews lui claqua la porte au nez. De toute évidence, les rapports entre les fédéraux et la police n'étaient toujours pas au beau fixe.

Je pris place sur la chaise, face au bureau, alors qu'il contournait celui-ci pour s'installer à son tour.

— Je suis désolé d'avoir fait appel à vous si rapidement. Vous deviez avoir envie de vous installer à l'hôtel avant cette entrevue.

— Eh bien... c'était ce qui était prévu mais ce n'est pas un problème. Je suppose que vous avez des questions à me poser.

— En effet mais cela sera pour plus tard.

Je fronçais les sourcils. Je pensais qu'il voulait me mettre directement dans le bain. Cela expliquait la venue du chauffeur.

— Je vous ai fait venir seulement pour rencontrer la seule personne qui est parvenue à fuir Omarosa Thomas, toutes ces années.

Je levais un sourcil, sourire en coin.

— Impressionné ?

— Votre père était un homme fourbe et violent, qui avait, énormément, de personnes à sa botte. Je ne doute pas qu'il y ait des agents dans ce poste qui trafiquait avec lui. Aussi, il aurait dû vous mettre la main dessus depuis longtemps.

— Je suis la digne fille de mon père, haussais-je les épaules pour seule explication.

— Vous avez disparu durant huit ans... où étiez-vous ?

— Nous commençons l'interrogatoire, à présent, inspecteur, fis-je remarquer, un sourire en coin.

Il leva les mains devant lui en affichant le même sourire.

— Déformation professionnelle.

— J'ai beaucoup navigué d'États en États. Je me suis fait discrète.

Il hocha la tête.

— Puis-je supposé que vous n'avez rien à voir avec la mort brutale et soudaine de votre père ?

— Suis-je suspecté ?

— Je ne laisse jamais rien au hasard.

— Vous avez précisément affirmé que les questions seraient pour plus tard. Je me suis levée très tôt pour venir jusqu'ici. Aussi, nous aurons cet entretien lorsque je me serais suffisamment reposé, que j'aurais pris une douche et que j'aurais mangée, énumérais-je fermement. En attendant, contentez-vous de ceci... la perte de mon père est une bénédiction pour la terre entière. Il brûle en enfer et ça me remplit d'une joie malsaine, terminais-je en me levant de ma chaise, déterminée à mettre fin à cet entretien.

Sans plus lui laisser le temps de discuter, je me tournais et sortais du bureau. J'étais trop énervée et fatiguée pour subir cette conversation. Il cherchait à me piéger. Il comptait sur cela pour me tirer les vers du nez. Cependant, je n'étais pas une novice.

« C'est malin... mais je ne suis pas une bleue, monsieur l'inspecteur... »

Dance in the flamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant