𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝟮 : 𝗗𝗶𝗲𝘂 𝗻𝗲 𝗻𝗼𝘂𝘀 𝗿𝗲𝗴𝗮𝗿𝗱𝗲 𝗽𝗹𝘂𝘀 TRIBUNAL DE CLASSE
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Love Is A Loosing Game Amy Winehouse
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La légende n'est donc vraiment qu'une légende : c'est déjà la deuxième fois que Soojung chute droit vers une mort certaine et elle ne voit toujours pas sa vie défiler devant ses yeux.
Tant pis, tant mieux, elle n'a aucune envie de voir ça. Si elle a fait ce qu'elle a fait, c'est bien parce qu'elle aime Amber autant qu'elle abhorre sa vie. La première est la seule chose qui rend la deuxième tolérable, sa volonté à rester en vie tenait à ce fragile équilibre qui vient de voler en éclat.
Cette trappe ouverte semblait presque l'appeler et elle n'a pas cherché à faire la sourde oreille.
Avant de sauter, elle a entendu quelques exclamations choquées, et se demande si l'une d'elle n'était pas Soyeon la traitant de conne, lui qui croit dur comme fer qu'amour et violence sont insolubles entre eux. Peut-être qu'il y croirait s'il avait connu cette gamine crasseuse aux phalanges égratignées que Soojung a croisée pour la première fois il y a bientôt six ans.
« - Amber. »
Ainsi s'était-elle présentée à Soojung lors de leur première rencontre, de son prénom seul, lâché en scrutant son interlocutrice d'un œil méfiant. Madame Jung senior lui semblait jusque là être une femme respectable, mais ses interactions avec d'autres enfants se résumant surtout à des bagarres et des insultes, elle craint un peu plus cette fille.
Amber a grandi dans un foyer, un grand nom pour un trou miteux où des adultes aigris tyrannisent des enfants et les enfants aigris par ces traitements se tyrannisent entre eux. Une vie qui lui a appris à utiliser ses poings pour dissuader qui que ce soit de lui racketter ses repas ou ses affaires. Au moment ou elle faisait connaissance avec Soojung, la dernière fois qu'elle avait ''parlé'' avec une personne de son âge, c'était un abruti fraîchement débarqué au foyer qui s'était mis au défi d'apprivoiser la terreur de service qu'elle était : il l'avait draguée, harcelée, puis agacé par son silence dédaigneux, il avait tenté l'approche frontale, profitant de la trouver seule dans sa chambre pour essayer de l'agresser. C'est seulement là qu'il eut enfin droit à une réaction de sa part : elle le rossa jusqu'à ce qu'il perde connaissance, le visage si déglingué et barbouillé de sang que sa propre mère ne l'aurait pas reconnu. Quand Amber prit conscience de ce qu'elle avait fait et de la raclée qui l'attendait si les éducateurs le découvraient, elle céda à la tentation qu'elle couvait depuis toujours : fuguer cet endroit, quitte à dormir dehors.
Voilà comment elle s'est retrouvée à vivre quelques semaines entre la rue et les combats de boxe clandestins qui lui permettaient de ne pas crever de faim, jusqu'à ce que Madame Jung la déniche. Elle n'oubliera jamais cette femme si propre sur elle - sa gabardine du même noir que ses long cheveux qui laissaient parfois entrevoir le tatouage dans sa nuque, une petite dague stylisée - qu'elle faisait tache dans le public braillard du match, presque uniquement composé d'hommes qui plus est.
