𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝟯 : 𝗨𝗻𝗲 𝗹𝗲𝘁𝘁𝗿𝗲 𝗱'𝗮𝗺𝗼𝘂𝗿 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝘁𝗼𝗶 VIE QUOTIDIENNE
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My Trigger Miike Snow
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Quand le lendemain, Jongin ouvre les yeux à l'annonce de Monokuma, il est surpris de distinguer le contour des meubles dans la pièce. Ici, pas de fenêtre qui laisse filtrer la lumière du matin à travers les persiennes, même pas l'écran de son téléphone qui sonne, il faut tâtonner pour trouver l'interrupteur près du lit et se cramer la rétine en allumant la lumière de bon matin. Or, aujourd'hui, la chambre est nimbée par la lueur colorée et changeante d'un écran d'ordinateur. Une chambre qui n'est pas la sienne, en fait. Celle-là est mieux rangée, trop bien rangée, au point de paraître inoccupée. Personne n'est ravi d'être coincé dans cet internat, mais ils ont tous été obligés d'y prendre leurs marques, de dormir, se laver, se changer ici et d'éparpiller leurs affaires un peu partout ce faisant... Tous sauf Baekhyun. Son espace est aussi impersonnel qu'au jour de la rentrée, une seule touche personnelle à part : l'ordinateur sur le bureau, devant lequel il est assis tandis que Jongin émerge.
Ne se sentant pas le courage d'affronter seul le fantôme de Jennie qui grattait déjà à sa porte alors qu'il n'était même pas encore couché, il était venu voir son frère. Il aura fallu que le désespoir le traîne à lui, qu'ils bavardent de tout sauf du jeu de tuerie pour le repousser jusqu'à ce que Jongin se sente tomber de sommeil (Baekhyun lui avait laissé son lit, qui ne lui sert strictement à rien. S'allonger sur un matelas avec une couette par-dessus, très peu pour lui, il risque la surchauffe), comme ils l'ont fait tant de fois chez eux, papotant à mi-voix jusqu'à ce que leur grande soeur tape contre le mur en leur intimant de la fermer, pour que Jongin réalise que malgré qu'ils se croisent et parlent tous les jours, ils se sont éloignés. C'était inévitable que cette année scolaire étiole un peu leurs liens, après deux ans à partager une chambre et passer le plus clair de leurs journées ensemble à la maison, ils avaient pris chacun une chambre à l'internat, allaient suivre des cursus différents et sans doute se faire des amis chacun de leurs côtés. Et malgré un léger changement de programme, c'est exactement ce qui était arrivé : alors que Jongin craignait que les choses tournent mal pour Baekhyun comme elles avaient mal tourné pour lui (parce que le clou qui dépasse appelle le marteau, ceux qui sortent du rang sont voués à se faire taper dessus, et qu'on peut difficilement faire plus hors norme qu'un Ultime Robot), il était dans cette classe comme un poisson dans l'eau, il ne s'y est fait que des amis, délaissant un peu son premier ami. Mais malgré un pincement au cœur en y songeant, Jongin est très sincèrement content pour son frère. S'il est un grand casanier et mal à l'aise socialement au possible, parfaitement capable de rester plusieurs jours d'affilée sans mettre un pied dehors et de se passer de toute compagnie, Baekhyun n'est pas fait pour ce genre de vie. Il est une intelligence artificielle, avide de savoir par nature, il voudrait pouvoir discuter avec le monde entier et visiter toute la planète. C'est pour ça entre autres choses, il a toujours rêvé d'aller à l'école, pas tant pour les cours, mais pour l'opportunité de rencontrer des gens et de voir autre chose que les murs de leur maison. Cela explique aussi pourquoi quand il n'a pas d'autre choix que de rester entre quatre murs, comme la vie scolaire mortelle l'y oblige, il aime beaucoup regarder la télévision. À la demande de Baekhyun, son grand frère avait retapé un autre ordinateur de la bibliothèque pour qu'il puisse profiter des DVD qui trainent ça et là dans l'école - quelques-uns dans le local audiovisuel, dans le petit rayonnage vidéo de la bibliothèque et la salle de repos. Le petit écran est un puits sans fond d'informations en tout genre qui sait occuper Baekhyun. Assez évidement, il aime les documentaires, mais préfère de loin les dramas. Parce que ce genre d'émissions, peu importe que le synopsis soit réaliste ou barré au possible, ont tout de même un aspect éducatif pour lui. Outre le fait qu'elles l'éduquent aux us et coutumes des humains en lui montrant toutes sortes de scènes de vie plus ou moins banales (un mariage, un cours de maths, un enterrement, un accident de voiture, tous ces grands moments et ces petits riens qui font une vie), elles l'aident à comprendre quelque chose qu'il connaît encore mal : les émotions. Toutes ces larmes de crocodiles que les acteurs font couler quand leurs personnages sont trompés, blessés ou humiliés, tous ces baisers sur fond de ballades romantiques, toutes ses scènes de ménages et ces cris pour un oui ou pour un non lui expliquent la chose mieux que n'importe quel reportage, en un seul épisode, il peut voir des dizaines de situations et le genre de réactions qu'elles peuvent provoquer.
