Un peu plus de onze heures de vol dans un avion complet dont deux petits bambins qui n'arrivaient pas à se calmer, une heure de voiture avec quatre presque accidents en trajet dont deux dûs à des motos qui slalomaient et deux autres à cause de leur manière de signaler leurs intersections qui n'ont rien à voir avec les nôtres, ou peut-être alors était-ce dû à ma fatigue. Non mais on a pas idée de faire des routes de cette taille. Tout est vraiment disproportionné dans ce pays. Là de suite, dans l'immédiat, j'ai qu'une envie, une bonne boisson fraîche, je ne sais même pas ce que leur vin blanc vaut ici, je me contenterai d'un dérivé de bière, et une nuit de sommeil. Foutu décalage horaire. J'arrive enfin dans la ville de San Marcos, Texas, où j'aurai enfin des réponses, malgré la volonté de ma mère de passer à autre chose, moi j'avais besoin de venir sur place, de constater de mes propres yeux, de voir le où et le comment. On n'a même pas pu le voir une dernière fois. Une boîte fermée, lourde certes, mais tellement fine par rapport à l'homme qu'il était, c'est tout ce qui nous ait revenu de son voyage. Ça n'était pas censé arrivé, pas comme ça, moi, je n'étais pas prête et je ne le suis toujours pas. Six mois sont passés, six mois depuis qu'il me manque une partie de moi-même. Pourquoi venir aujourd'hui allez-vous me demander ? Simplement entre les problèmes de succession, le temps que j'obtienne un visa et surtout que ma mère tienne le coup, il m'a fallu six mois où je n'ai été que l'ombre de moi-même à faire semblant d'aller bien, je n'ai même pas beaucoup pleuré. Maintenant je vais pouvoir faire mon deuil, enfin. J'ai trois mois pour obtenir des réponses avant de faire le voyage retour. J'espère qu'un seul sera suffisant, j'ai une vie qui m'attend au pays, elle vaut ce qu'elle vaut mais c'est la mienne.
Après avoir trouvé un motel en bord de route, pris ma chambre et posé les affaires, je ressortis en direction du diner en face. Cette ville ressemblait aux clichés américains par excellence, les bâtiments bas, les routes larges, les motos devant le diner, c'était fascinant même si je ne pouvais qu'avoir mal au cœur face à la raison de ma venue, ça ne m'empêcherait pas de profiter, j'espérais que mon anglais s'améliorerait pendant mon séjour, il n'était pas mauvais mais je ne le parlais pas aussi bien que ce que je le comprenais. Je pris mon courage à deux mains et rentrai dans ce qui sert de restaurant. Bien entendu, au vu de l'heure tardive, tous les regards se dirigèrent vers moi, l'étrangère. Je les ignorais tant bien que mal et m'avançais. Bon, il fallait faire simple comme mission : me nourrir. Je m'assayais au comptoir et commandais selon la carte qu'on me tendait, pas de vin blanc, ça sera donc une bière forte.
- Vous avez un drôle d'accent, vous venez de loin ? Me demanda la serveuse avec une curiosité non feinte.
- Je viens juste d'arriver de France. Ma réponse était simple mais suffisante j'espérais.
- Et qu'est-ce qui vous amène par chez nous ? C'est pas une ville très touristique par ici.
Je n'en doutais pas, vu l'accueil... Au lieu de lui répondre ça, je me mordis la langue et lui répondis simplement que j'étais ici pour des raisons personnelles. Ma réponse ne lui convient pas trop car elle s'éloigna de moi légèrement offusquée.
Je profitais d'être tranquille pour observer les environs. Les gens ressemblaient à ce que je croisais chez moi, pas de troisième œil, ni de tentacules. Je le savais, c'était ridicule de penser ça, mais au vu du grand saut dans l'inconnu que j'avais fait pour venir ici, cela me rassura. Les seuls clients qui dénotèrent ici, c'était les trois bikers assis près de l'entrée. Je ne m'attardais pas sur eux de peur de me causer des ennuis et glissa mon regard vers leurs motos qui étaient dehors. On se croirait dans un clip de CCR ou ZZ Top, en plus effrayant, ils ne ressemblaient pas à des enfants de coeur, et ça me fit sourire.
La chaise à côté de moi fut tirée et une personne s'assit. Je ne me retournais pas trop occupée à regarder la décoration du lieu où j'étais, ça n'empêcha pas mon voisin de table de m'aborder avec une réplique digne d'un porno des années 80.
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What a shitty American Trip.
RomanceFrenchie a traversé un océan pour avoir des réponses, ça fait six mois qu'elle les attend et elle est bien déterminée à les avoir pour pouvoir se relever, le reste n'a plus d'importance. Phénix a soif de vengeance, ça fait deux mois qu'elle a été tu...