Chapitre 9.3

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Je refermais le tiroir qui était ouvert, amusé de sa gêne.

— C'est pas la première fois Frenchie, ça te pose un problème ?

— Ça dépend de tes motivations à chercher dans mes tiroirs, répondit-elle avec défi en s'asseyant devant son assiette avec beaucoup de précautions tout en retenant son souffle. Si tu comptes rester pour me regarder manger, la prochaine fois prends au moins une assiette pour toi.

— Tu aurais dû te dépêcher de te préparer, tu vas manger froid, lui fis-je remarquer.

Elle haussa brièvement les épaules et je soufflais en secouant la tête tandis qu'elle s'attaquait à sa purée.

— Tu vas rester dans cette chambre pour quelques jours au moins. Mon ordre l'avait fait déglutir bruyamment alors que ses yeux s'humidifiaient, à croire qu'elle faisait partie de ses nanas à la larme facile.

— Est-ce une punition par rapport à ce qu'il s'est passé aujourd'hui ou ju²ste un moyen de me torturer ?

Elle avait réussi à contenir ses larmes, c'était toujours ça. Sa remarque eut le don de me faire marrer, surtout après ma conversation avec le prés.

— Crois-moi, si je comptais vraiment te torturer, on aurait une conversation totalement différente et surtout pas dans cette pièce.

Ma réponse eut l'effet escomptée quand elle réprima un frisson.

— Donc c'est une punition, marmonna-t-elle. Elle essayait de montrer qu'elle n'était pas affectée en reprenant son repas, mais je voyais claire en elle.

— Si tu le considères ainsi c'est ton choix, fis-je en me marrant, mais sache que si je voulais vraiment te punir, on n'aurait pas cette conversation.

— Et je suppose que tu l'aurais quand même voulu dans cette pièce, cette punition ? Fit-elle en me lançant un regard plein de défi et de sous-entendu qui me firent réagir au quart de tour. Je l'observais à nouveau, elle portait mon t-shirt et j'en avalais lentement ma salive alors qu'elle finissait de manger sa purée avant de poser sa fourchette, elle serra le poing face à ma réaction. Écoute Silent Boy, dans une autre vie, on aurait pu se croiser autrement une troisième fois, on aurait pu bien s'amuser tous les deux et ne jamais se revoir une quatrième fois. Mais ce n'est pas notre vie. Regarde-moi ! Je ne mérite pas ça ! Personne ne le mérite !

Putain ! Comment pouvait-elle à la fois m'allumer, me refroidir, me toucher et m'énerver ? Oui je la regardais et peu importe dans quel état elle se trouvait c'était bien elle que je regardais. C'était tout mon problème. Elle avait raison sur un point, elle ne méritait pas que je joue avec elle. Putain ! Cette mission m'avait vraiment flinguée pour que je ne pense qu'avec ma bite et que ma tête soit aux abonnés absents. Je repris contenance en me redressant. Elle tremblait face à moi mais ne semblait pas avoir peur.

— Tu veux tes médicaments ? Lui demandais-je sans m'excuser, pour changer de sujet. Après tout, elle était peut-être un peu mal à l'aise mais je n'avais dépassé aucune limite, on s'évita quand même du regard.

— Oui s'il te plaît, avec de l'eau, fit-elle en s'essuyant brièvement ses yeux humides. Elle se débattit avec le bouchon et je lui pris le flacon des mains pour l'ouvrir. J'ouvris les cinq autres flacons sans lui demander si elle devait les prendre ou non.

— Il n'y avait pas six médicaments ? Lui demandais-je, alors qu'elle prenait le premier. Elle me regarda surprise. C'était de mon boulot de noter ce genre de détail, rien d'exceptionnel en soit.

— Oui, mais je ne le prends pas.

Sa réponse provoqua ma colère et elle le vit.

— Où est-il ? Demandais-je en espérant qu'elle ne me pousse pas à bout.

What a shitty American Trip.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant