Chapitre 4 suite et fin.

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On redescendit pour se rendre à chapelle à côté des cuisines, Bear était déjà présent ainsi qu'Apple, la nuit blanche avait été longue, mais on avait déjà connu pire.

Le prés prit sa place à la tête de la grande table et je m'installais à côté de lui.

— Alors ? demanda-t-il en s'adressant à notre génie en informatique.

— Rien. J'ai pu vérifier son identité grâce aux réseaux sociaux, le profil est tellement ancien qu'il n'a pas pu être trafiqué. Elle n'y mettait que des trucs sur sa famille et ses amis. Ils étaient très unis avec ses parents et son frère, puis il y a six mois de ça, elle a commencé à se faire plus rare, disparaissant petit à petit, avant de disparaître complètement. Ça correspond à la date du décès de son père qui est bien l'homme du dossier. Quelques jours après qu'ils aient appris la mort de son père, son profil était rempli de messages de condoléances auxquelles elle n'a pas répondu. Par la suite, elle a fait des recherches sur notre ville et son père sur internet, articles de journaux, n'importe quoi, mais elle n'a pas trouvé grande chose. Puis ses recherches se sont portées sur les démarches pour obtenir un visa jusqu'ici. Malgré son master, elle n'était qu'aide comptable dans une petite exploitation en France, elle a posé sa démission un mois avant de prendre son avion, vingt-sept ans, pas mariée, traces de quelques petits amis anciens, rien de récent. Le seul point d'ombre dans cette histoire, c'est son frère qui fait partie des forces de l'ordre française.

— Tu crois que son histoire est vraie ? S'inquiéta le près.

— À cent pour cent. La vraie question c'est s'il lui arrive quelque chose ici, est-ce que son frère pourrait débarquer dans le coin ? Va savoir ce qu'il ferait.

— On a pas besoin qu'un flic bouffeur de grenouille débarque ici ! Se laissa emporter Sharp.

— Elle donne régulièrement des nouvelles via des appels vidéo à sa famille, finit par nous informer Apple.

— Bordel !

On approuva tous d'un signe de tête, si elle les appelait, il allait rappliquer à vitesse grand V et si elle ne les contactait pas, même résultat.

— Tu crois qu'on pourra la convaincre de lui demander de rester éloigné ? me demanda Sharp.

Je haussais les épaules. Elle avait tenu à me garder loin de son agression et moi comme un con, j'avais insisté et de ce fait, je mettais le MC dans la merde.

Je sortis une cigarette et affrontais le regard de Sharp qui attendait clairement une chose de moi.

— Si son frère débarque, je serai le seul responsable de cette merde.

Il secoua la tête, quand même satisfait que je reconnaisse mes torts.

— Je te l'ai déjà dit Phenix, c'est ma merde.

Je le regardais encore une fois avant de détourner le regard.

— Je peux savoir maintenant ce qu'il se passe ? demanda Apple en nous observant de près.

— Je fais rentrer les autres et tu sauras, fit Sharp en guise d'acquiescement.

Il sortit et hurla :

— Messe !

La plupart de nos frères étaient dans la cuisine quand son cri résonna. Ils rentrèrent dans la pièce et s'installèrent à leur place respective, souvent un café en main. Sharp attendit que leur bordel se soit arrêté pour taper de son marteau sur la table ouvrant ainsi la messe, le silence était religieux, tous attendaient. Il s'installa dans son fauteuil, et choisit ses mots.

— Il y aura un seul ordre du jour : la Frenchie, sauf si vous avez du nouveau sur le deal de prévu, comme tout le monde nia de la tête, il reprit. Très bien, comme certains ont pu le constater dans la nuit, on a une invitée. Ce qui provoqua certains rires, putain j'eus envie de massacrer ces cons, j'étais déjà assez sur les nerfs, mais Sharp les regarda pour les faire taire et ça ne prit pas longtemps. La Frenchie a croisé hier soir la route du fils de chien qui a tué Penny. Elle a été violée et se retrouve dans un sale état. Sa dernière déclaration, il avait dû presque crier pour couvrir les grondements indignés, les injures et les poings qui s'abattirent sur la table, ouai c'était la merde.

— C'est vrai ? me demanda Hurricane à côté de moi. Je hochais simplement la tête en guise de réponse.

Il se frotta les joues, blême, un chapelet de jurons sur les lèvres. Le Prés dû user de son marteau pour regagner le calme alors que moi je restais stoïque, j'avais pu évacuer une partie de ma colère ce matin et je n'avais pas à affronter la surprise de ces découvertes au moins.

— Vous comprendrez très bien notre responsabilité, surtout la mienne dans ce qui s'est passé hier soir. Je place donc la Frenchie sous notre protection, est-ce que quelqu'un s'oppose à cette décision ? Il fit le tour de chacun de nos frères par grade en commençant par Bear. Ici pas de vote à main levée, on respecte la voix de chacun de nos membres. Sans surprise, il n'y eut pas un seul "oui" de prononcé et c'est pour ça que j'aimais ces cons comme mes frères.

— Quelques précisions sur la Frenchie : c'est une civile, alors je vous demande de surveiller vos manières le temps de son séjour chez nous. On ne sait encore pas si elle a été visée ou s'il s'agit d'un malheureux hasard, alors je réitère mon ordre d'hier soir, aucune de nos femmes et de nos filles ne se déplacent sans un homme armé avec elle.

— Oui près. Si la réponse pouvait vous sembler automatique, vous vous foutez le doigt dans l'œil jusqu'au coude. On parlait de nos femmes, de nos sœurs, de nos sweeties, de notre honneur là, on fera ce qui sera nécessaire, c'est tout.

— Il faut retrouver ce salaud et rapidement, vous m'entendez ! Il abattit son poing sur la table, il résonna aussi fort que son marteau, on était tous dans un état de rage et on hocha la tête. Bientôt deux mois et aucun indice, c'est notre chance de découvrir qui il est et de lui faire payer ! L'homme savait comment galvaniser ses troupes, il y a pas à dire, c'est pour ça qu'il tenait le marteau. En même temps, on parlait de venger Penny là, notre Penny, il ne faudrait qu'un murmure d'une rumeur pour nous mettre tous en quête de sang. Et depuis hier soir, la Frenchie, venait s'ajouter au tableau, elle était innocente et les dommages collatéraux n'étaient pas tolérés chez nous.

>> Bien maintenant, tout le monde fait son boulot et rapportez-moi cette raclure ici. Je vous préviens, je le veux vivant ! Je veux le faire souffrir pendant des semaines avant de l'achever ! Hell's Crows !

L'appel du sang était puissant et Sharp en avait soif depuis sept semaines et quatre jours. Moi aussi.

— Hell's Crows ! reprenons-nous en chœur.

Sharp leva la séance en abattant son marteau tellement fort sur la table qu'il le cassa. C'était le cinquième en deux mois. 

What a shitty American Trip.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant