Chapitre 22 suite et fin

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Pour une fois, c'était lui qui tâchait de m'éviter avec soin, riant avec son ami. Il venait de se passer quoi là ? C'était de moi qu'il parlait ? Je ne lâchais pas des yeux totalement hors de moi. Il finit par légèrement tourner son regard vers moi et nos yeux se rencontrèrent, ça lui allait bien son petit sourire en coin. Ses pupilles marquèrent une légère surprise en voyant ma colère, avant de détourner le regard.

Je finis par reporter mon attention sur mes camarades de table. Ils se moquaient de moi, enfin c'était l'impression que j'avais.

— Je peux savoir ce qui est drôle ? demandais-je toujours en colère.

— Phénix... Il t'a déclaré hors limite, me dit Apple avec un grand sourire comme si ça expliquait tout.

— Et ça veut dire ? demandais-je un peu perdue alors qu'il confirmait mes soupçons.

— Tu l'as entendu, ne fais pas comme si tu n'avais pas compris, reprit Annie.

Je soufflais en baissant le regard, putain tout ce que je ne voulais pas !

— Tu peux me dire pourquoi j'ai l'impression... qu'un chien vient de me pisser dessus pour marquer sa propriété ?

Ma réflexion fit rire ceux qui l'entendirent. Hurri en recracha la boisson qu'il était en train de boire, provoquant un fou rire à toute notre tablée, qui redoubla d'intensité avec la réflexion d'Annie.

— Parce que c'est exactement ça !

Personnellement je ne riais pas.

— Il aurait pu te revendiquer, j'aurais adoré te voir lui foutre une droite s'il l'avait fait, renchérit Hurri.

— C'est quoi ça ? m'enquis-je sceptique.

— C'est quand l'un d'entre nous offre son cuir à la femme de sa vie, expliqua Apple.

Une terreur sourde monta en moi et Annie le remarqua rapidement.

— Tu sais ce n'est pas forcément une mauvaise chose, commenta-t-elle, et puis, ne me dis pas que tu ne l'as jamais envisagé ? Enfin je te parle de former un couple avec lui, hein, précisa-t-elle, après tout... Elle eut la délicatesse de ne pas finir sa phrase comprenant qu'elle était allée trop loin.

Un froid retomba en moi. Je me sentais blessée et trahie par sa question, elle connaissait mon secret et me le renvoyait les dents alors que je faisais tout depuis quelques jours pour passer outre.

— Si tu veux tout savoir, non Annie, lâchais-je froidement en me levant.

Elle me rattrapa au pied des escaliers.

— Attends Mel, je suis désolée, je n'aurai pas dû...

Je soufflais un peu pour reprendre contenance, j'avais dit que je ferai des efforts pour le club en m'engageant dans la garde de Dyclan, alors c'est ce que je fis.

— Je ne t'en veux pas Annie, mais j'ai juste besoin d'être seule là. Je lui adressais un petit sourire pour enterrer la hache de guerre. J'ai déjà du mal quand rien que mon frère se mêle de ma vie privée, un MC entier ça fait... trop, je jetais un dernier regard peiné au dos de Phénix, il ne m'avait adressé qu'un regard, c'était quoi son problème ?

Elle hocha simplement la tête avant de m'offrir une petite accolade réconfortante. On se sépara sur ça et je montai les marches. Il daigna enfin m'adresser un regard que je pris soin d'ignorer, blessée. Il semblait confus en me voyant, mais Bear attira son attention et j'en profitais pour commencer l'ascension de l'enfer. Arrivée dans le couloir du second, je ne savais pas quoi faire, j'étais perdue.

Je finis par toquer à la porte d'Atlas qui fut surpris de me voir.

— Un problème Frenchie ? me demanda-t-il simplement.

— Aucun, lui mentis-je sans conviction. Tu peux m'ouvrir la porte de la chambre s'te plait ?

Il posa ses yeux perçants sur moi sans rien dire, acceptant simplement ma requête en m'accompagnant à la porte. Il fit une dernière tentative pour savoir ce qui me pesait après avoir ouvert la porte.

— Tu es sûre que tout va bien ? s'inquiéta-t-il.

Je ne répondis pas de suite, avec un petit sourire triste je finis par lui murmurer, sans le regarder.

— Vous avez un problème avec le consentement dans ce pays.

Il se crispa sous ses mots.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-il inquiet.

— Rien de grave Atlas, c'est juste un constat, tentais-je de le calmer. J'ai juste....c'est la fatigue, j'ai besoin d'air, rien de grave. Dans quelques semaines je retournerai en France, pas vrai ? Mais rien n'aura changé pour nous. Mon père sera toujours mort. Penny sera toujours morte, le monde continuera de tourner, la vie d'être cruelle et on portera ses plaies à vie sans qu'elles ne cicatrisent jamais.

— Tu devrais dormir, demain, tu sortiras de ce bâtiment, ça te fera du bien, me conseilla-t-il en tentant de me réconforter.

— Merci Atlas, lui répondis-je sincèrement.

Je finis par me glisser dans le lit, épuisée, et pour une fois, dormis.

Des bruits dans les escaliers devant le couloir me réveillèrent en sursaut au milieu de la nuit. Des personnes apparemment alcoolisées allaient se coucher dans la chambre en face de la mienne. Je regardais l'heure, trois heures et demie. Je soufflais, je n'arriverai plus à me rendormir, dommage, pour une fois que j'arrivais à me reposer.

J'entendis des rires masculins et des « chuttts » qui se voulurent discrets, mais c'était la discrétion des personnes alcoolisées. J'en souris, ça faisait longtemps que je n'avais pas eu de soirée aussi alcoolisée que la leur, avec Victoire, juste avant le décès de mon père. Ça me ferait du bien de retrouver une certaine insouciance.

— Ne lâche pas les clés, entendis-je de la voix que je ne reconnus pas à proximité de la porte.

J'entendis un bruit de clé dans la serrure, je me redressais difficilement dans le lit en les entendant.

— Et voilà, rendu dans ta chambre ! s'exclama Psycho en ouvrant en grand la porte de la chambre.

— Chut ! Tu vas la réveiller et lui faire peur... articula difficilement Silent Boy qui se tenait complètement ivre à son ami.

Ce dernier ne marqua même pas un temps d'arrêt en me remarquant dans la chambre et moi j'étais bien trop surprise pour dire quoi que ce soit. Même pas quand ils entrèrent dans la chambre pour s'approcher du lit.

— Elle est belle pas vrai ? Même quand elle a peur, mais il faut qu'elle apprenne à les affronter. Suffer nous a toujours appris qu'un Crow affronte toujours ses peurs, continua-t-il en regardant son ami qui l'allongeait sur le lit alors que je me sentis rougir à ces mots.

— Tu fais quoi là ? osais-je demander à Psycho qui semblait plus lucide que le Sergent d'arme.

— Ton mec, ton problème, dit-il en se baissant quand même pour retirer les chaussures de son ami.

— Méli ! s'exclama Silent Boy en même temps que j'ouvris la bouche.

— C'est pas mon mec ! me rebellais-je enfin en essayant de sortir du lit, mais c'était trop tard, je me trouvais prisonnière des bras de Silent Boy qui me plaqua contre le lit sans douceur réveillant de nombreuses douleurs dans mon corps qui me firent gémir.

— Pas mon problème, ça aussi, me répondit le Crow en faisant demi-tour.

— Attends ! l'appelais-je à l'aide.

— T'inquiète, il est trop cuité pour faire quoi que ce soit, m'informa-t-il en fermant la porte.

Comme pour confirmer ses dires, Silent Boy commença à ronfler contre moi. Il puait le whisky et la cigarette et moi je me retrouvais comme une conne, mes douleurs complétement réveillaient, incapable de bouger.

C'était quoi cette soirée ?!

What a shitty American Trip.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant