Chapitre 3

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Il était revenu. Et en plus, il m'avait ramené des vêtements propres. Mes vêtements. Décidément, il était plein de surprise. On me les avait donnés avant que la police ne débarque. Au début j'avais réussi à répondre à leurs questions mais après deux fois à raconter ce qu'il m'était arrivé, je n'avais plus supporté ces questions et je l'avais envoyé promener. Rien de personnel, juste j'étais fatiguée de cet enfer. Quand je sortis de la salle d'examen lavée et changée, en me tenant les côtes, je les surpris de loin en pleine conversation. Ça n'avait pas plu à l'adjoint que je refuse de lui parler ce soir, mais j'étais juste exténuée et blessée dans ma chair et mon âme, je voulais qu'on me foute la paix. J'avais refusé de prendre de la morphine ou tout autre pour soulager la douleur, me contentant d'un analgésique classique, avec la promesse d'en prendre avant de dormir en cas de besoin, donc là, la seule chose à laquelle j'aspirais, c'était un lit confortable pour me reposer.

Leurs examens et leurs questions étaient presque plus traumatisantes que ce que je venais de vivre, mais elles avaient des raisons médicales précises. Par sécurité, on m'avait donné une pilule du lendemain et un traitement large contre n'importe quel MST en attendant d'avoir les résultats de mes examens sanguins que je devais réitérer dans un mois. Il avait mis une capote, la seule chance dans mon malheur, mais deux précautions valent mieux qu'une. J'avais l'impression que cette ville était devenue mon enfer personnel et pourtant savoir qu'il était revenu malgré les ennuis que ça pourrait lui apporter me réchauffa le cœur.

Je m'approchais de lui en claudiquant, il était perdu dans ses pensées, il ne me vit pas.

— Tu n'aurais pas dû revenir, mais merci. Lui lançais-je en un bref sourire.

— Tu aurais dû porter plainte et tu ne devrais pas être debout.

Je fermais les yeux sous l'effet de la surprise et de la colère que j'éprouvais, pas vraiment ce que j'attendais, mais pas étonnant.

— Ça m'a pris trois minutes à me redresser, si quelqu'un me dit de me rasseoir je lui fais bouffer leur putain de siège. Donne-moi mes clés, je veux juste dormir. Je viens de passer une journée de merde, je n'ai pas besoin de tes reproches. J'irai demain le voir, mais là c'est trop pour aujourd'hui.

Il m'étudia avec son regard sombre qui ne me fit même pas sourciller, avant de secouer sa tête en passant ses mains sur son visage puis dans ses cheveux. Il se redressa, me dépassant d'une bonne tête. Je n'avais même pas remarqué qu'il était si grand par rapport à moi avant maintenant, en même temps il n'avait jamais été aussi proche de moi, sauf au moment où il m'avait trouvée, mais c'était flou dans ma tête.

— Tu viens avec moi, au moins pour le moment. Je levais un sourcil interrogateur en l'observant. Il n'avait clairement pas l'habitude qu'on le défie, et je n'en avais pas la force. J'acquiesçai donc impuissante. Tu as besoin de quelque chose avant de partir ? Médicament ou autre ?

Je cherchais du regard l'infirmière qui s'était occupée de moi avec les médecins, elle me surveillait justement, pas du tout contente de me voir debout, je lui fis un mouvement de tête afin de venir vers nous.

— Vous devriez être assise dans un fauteuil en ce moment, vous n'avez rien à faire debout !

Merde, elle n'allait pas commencer elle aussi. Ne pouvait-elle pas comprendre que j'étais bien debout dans ce bâtiment ?

— Pourriez-vous lui expliquer mes blessures s'il vous plaît ? Fis-je en désignant Silent boy.

— Asseyez-vous d'abord !

— J'ai besoin d'être debout, lui répondis-je simplement incapable de développer plus ma réponse, et voilà la pitié à nouveau dans leurs yeux.

Silent Boy se mit à côté de moi, sans pour autant me toucher.

What a shitty American Trip.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant