Chapitre 23

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Malgré moi, j'avais fini par me rendormir un peu et le réveil matin se montra cruel avec nous, surtout pour Silent Boy et je n'y étais pas pour rien, je devais bien l'avouer. Autant je me glissais en toute discrétion hors de mon lit, autant une fois dans la salle de bain, je ne me privais pas pour mettre la musique à fond alors que je me glissais dans la douche. Je chantonnais en rentrant sous l'eau quand la porte de la salle de bain s'ouvrit en toute hâte et que j'entendis une personne se jeter à genoux pour vomir dans les toilettes. Je restais stoïque de mon côté alors que je devinais Silent Boy en train de se purger de tout l'alcool bu la veille. Heureusement que je n'étais pas sensible à ça, j'aurai rendu mon estomac dans la douche sans hésitation sinon.

Quand il eut fini, j'attendis qu'il tire la chasse d'eau et quitte la pièce pour lâcher le souffle que j'avais retenu depuis qu'il était rentré en courant dans la salle de bain. Cependant, je n'entendis que la chasse d'eau et pas de porte suite à son départ mais plutôt un grognement digne de l'homme des cavernes avant qu'il n'allumât l'eau de son côté. De ce que j'entendis, il se lavait les dents. C'était toujours ça, moi j'étais pétrifiée.

— Désolé pour ça, j'ai trop abusé hier, me dit-il vaseux alors que le son de la musique baissait.

Sur le coup je ne pouvais qu'être d'accord avec lui, mais je ne dis rien, tâchant de l'ignorer du mieux possible. Il ne bougea pas plus et je ne savais plus quoi faire. Inquiète, je coupais l'eau et je glissais une main derrière le rideau de douche pour prendre ma serviette qui pendait sur le crochet. Une fois couverte par celle-ci, j'attendis encore derrière le rideau de la douche. Hors de question qu'il ait ma sympathie sur le coup et surtout hors de question qu'il me voit dans cette tenue.

— Qu'est-ce que j'ai pu faire comme connerie hier ? se demanda-t-il plus à lui-même sans forcément attendre de réponse de ma part, n'ayant pas participé à leur soirée de beuverie.

— Tu veux dire à part me pisser dessus devant tout le monde comme si je n'étais qu'un putain de tronc d'arbre ? lâchais-je acerbe. Je l'entendis retenir sa respiration avant de lâcher mon nom dans un souffle.

— Méli...

— Ah non, ne commence pas avec tes Méli, t'as pas le droit de m'appeler comme ça, surtout pas après hier, m'énervais-je toujours cachée par mon rideau de douche.

Je le vis tendre la main vers le rideau dans un mouvement de colère et un hoquet de stupeur me traversa.

— Qu'est-ce que tu attends de moi à la fin ? m'angoissais-je dans un bref mouvement de recul.

Il arrêta son mouvement le bras en l'air et ferma son poing. Je ne voyais que sa silhouette à travers le rideau tout comme il devait voir la mienne, mais c'était bien trop pour moi.

— Je... Il fallait que je te protège de Blade... Il n'y a que notre code qu'il suit et je... Ce n'est pas ce que tu imagines.

— Alors couche avec qui tu veux dans le MC pour que tout le monde arrête de s'imaginer quoique ce soit, parce qu'eux le font !

A peine ma phrase finit qu'il ouvrit le rideau de douche pour me toiser. Il avait un maëlstrom d'émotions en lui qui le faisait bouillir. Il avait la mâchoire qui tressautait, son regard était sombre, lourd, ses bras faisaient ressortir ses veines qu'on devinait sous l'encre de sa peau. Sa respiration était courte. Sans le quitter des yeux, je resserais ma serviette contre moi. Il me faisait peur mais en même temps, j'étais envoûtée. Non, non, je devais lutter. Je ne pouvais pas, je n'avais pas le droit d'être attirée par lui. J'étais sale, j'étais brisée, je ne pouvais me briser de plus.

— Il est hors de question que je touche une sweetie, c'est toi que... sa voix rauque résonna dans la cabine et j'en eus la chair de poule. Tu me rends fou, Méli, tu ne fais jamais ce à quoi je m'attends... Arrête de me fuir ...

— C'est toi qui as commencé ! Putain Phénix, tu me lâches dans ton monde et moins de vingt-quatre après je me seule retrouve au milieu de tous ces gens que je ne connais pas, un couteau sous la gorge à cause de ton psychopathe de copain et puis c'était quoi ? Un combat clandestin et mes doigts dans un autre de tes potes ! Et tout ça, j'en ai rien à foutre car j'avais confiance en toi ! Mais hier, tu m'as traité comme un putain d'objet sans rien me demander ni m'accorder un regard. Tout comme tu le fais maintenant. Je suis en train de me laver ALORS CASSE TOI DE CETTE PIÈCE !

What a shitty American Trip.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant