Chapitre 19.3

228 31 10
                                    


Elle se tut en attendant la réponse de son interlocuteur, qu'est-ce qu'il s'était passé à la table de Dyclan pour qu'elle saute comme ça sur son téléphone ? Pourtant ça semblait plutôt bien se passer, Dyclan était assez anxieux, mais pas plus que d'habitude et je n'avais rien relevé dans l'attitude du psy qui m'avait mis mal à l'aise, il me manquait des infos.

— Je ne pensais pas devoir vous appeler aussi vite, non plus, elle se tourna dos à moi pour continuer à lui parler, mais elle semblait toujours autant agitée et en colère, mon inquiétude monta en flèche. On a un enregistrement vidéo de la séance en cours avec Dyclan, enfin si on peut appeler ça une séance... Oui vous avez raison, je m'excuse. Elle prit une profonde inspiration en croisant mon regard dans le miroir. Il l'empêche de parler, son comportement est intimidant, menaçant même. La rage me sauta à la gorge alors qu'elle me demandait du regard de me maîtriser. Non aucune oralité, elle nia de la tête en m'attrapant le poignet, me rattrapant de justesse alors que j'allais encastrer le psy dans le mur du bar. On s'affronta du regard pendant tout le reste de la conversation. Il l'empêche de faire des dessins libres notamment. Je les ai interrompus, mais... oui, je vous envoie le lien de la vidéo maintenant. Elle me tendit le téléphone et m'adressa la parole pour la première fois depuis le désastre que j'avais provoqué à midi. S'il te plaît Silent Boy, pour Dyclan, c'est votre chance de faire les choses bien.

Sans réfléchir, je pris le téléphone de sa main et envoyais rapidement le lien de la vidéosurveillance au Dr Kimball avant de lui rendre son téléphone.

— Merci, me mima-t-elle du bout des lèvres. Oui Dr, très bien.

Je fixais sa main sur mon poignet avec un petit sourire, elle avait réussi à maîtriser ma colère, même si c'était temporaire, elle y était parvenue. Pourquoi fallait-il que les choses soient si compliquées ? Elle s'était tue et je redressais les yeux pour affronter son regard. Elle avait à son tour posé sa vue sur sa main avec son plâtre gondolé sur mon poignet. Elle l'ôta et m'informa simplement qu'elle attendait qu'il rappelle. Elle évita mon regard. En même temps, je ne le méritais pas, mais c'était nécessaire.

— Je donne cinq minutes à ton docteur, l'informais-je à nouveau irrité.

— Il prendra le temps qu'il faudra Phénix, ça ne dépend pas de nous, me répondit-elle en me confrontant.

— Je n'aime pas ça, répliquais-je acerbe en croisant les bras. Tu es sûre de ce que tu affirmes par rapport à l'autre con ?

Elle souffla en se mordillant l'intérieur de la lèvre, mal à l'aise.

— Ecoute Phénix, ce que je pense n'a pas d'importance, je l'ai bien compris mais...

Elle ne termina pas sa phrase alors qu'on entendait des cris de dispute dans le bar et surtout les cris de Dyclan. Il était terrorisé. Sans se concerter, on quitta la pièce pour se précipiter auprès d'eux.

C'était clairement le bordel. Dyclan se tenait aux jambes de son père en pleurant alors qu'il était à deux doigts de se jeter sur le docteur. Ranger et la shérif essayaient de faire tampon mais ils étaient clairement en sous-effectif, tout le monde avait la main sur son arme, ça pouvait dégénérer à tout moment.

Je plantais Frenchie pour me faire une place dans ce beau merdier. Sharp prit son fils dans ses bras, se mettant légèrement en retrait alors qu'on s'avançait tous pour s'interposer.

— Ça suffit maintenant, ordonna la shérif. Devon, lâche ton fils s'il te plaît ne rend pas cette situation plus difficile qu'elle ne l'est.

— Non, je ne le laisserai pas aux mains de cet incompétent, il est sensé l'aider pas le terroriser.

What a shitty American Trip.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant