L'examen fut plus rapide que la dernière fois. Je le vécus dans un état second au début, puis mon malaise passa un peu. Comme promis, il ne me proposa pas de regarder mes côtes.
— Tu n'es pas encore rétablie, mais tu vas globalement mieux. Fit-il en me regardant le visage. D'ici deux jours, je t'enlèverais les points de sutures, tu seras plus à l'aise comme ça. Tu en as encore pour au moins trois semaines, voire un bon mois, pour tes fractures par contre.
— Merci Doc. Ça veut dire que je peux retourner dans ma chambre ? Demandais-je avec espoir.
Silent Boy émit un son qui ressemblait à un grognement. Je l'entendis nettement et si le Doc l'entendit aussi, il ne le releva pas.
— Pas aujourd'hui. Tu t'es réveillée mais ça ne veut pas dire que tu es guérie. Il serait plus raisonnable que quelqu'un reste auprès de toi au moins jusqu'à demain, l'idéal serait quelques jours encore. Après tu feras comme tu voudras. Il accentua cette dernière phrase en regardant la salle de bain, clairement il avait entendu la même chose que moi.
— Et si je veux descendre et me balader ? Demandais-je en me promettant à moi-même d'avoir une explication avec Silent Boy dès que nous serions seuls.
— Si tu n'es pas seule et que tu y vas à ton rythme, je n'y vois aucun problème, me concéda-t-il avec un sourire. S'il n'y a rien de plus, je vais vous laisser. Si je ne te vois pas avant Frenchie, à dans deux jours.
Non sans lancer un regard sombre à Silent Boy puis l'avoir remercié et salué, il fit comme annoncé, il nous laissa seuls. J'attendis que la porte soit fermée pour reporter ma colère sur le Crow qui s'était appuyé sur le chambranle de la porte.
— Tu t'es pris pour un animal pour grogner sur les gens comme ça ? Lui lançais-je acide.
Il m'offrit pour toute réponse son regard noir qui me fit frissonner malgré moi.
— Tu veux toujours travailler ou tu veux dormir en attendant leur retour ?
M'attendant à une confrontation qui ne vient pas, je me rabattis sur le chocolat noir. Je pris le temps de savourer le carré avant de regarder le sac en plastique, bien moins enjouée que tout à l'heure.
— Travailler. Je pris une pause avant de reprendre, cachant ma colère et mes idées noires pour me consacrer au présent. Tu ne m'as jamais répondu, c'est quoi ton métier ?
— Ça a de l'importance ? Me demanda-t-il en relevant un sourcil alors qu'il se baissait pour prendre le sac et déverser son contenu sur le bureau.
— Ça m'aiderait à comprendre ce qui est écrit, lui appris-je en prenant une feuille devant moi.
Il hocha la tête avant de prendre quelques feuilles à son tour.
— Je suis ébéniste, même si ma société fait beaucoup de charpenterie.
Je fronçais les sourcils, essayant de comprendre ce qu'il venait de dire, mais je dus malgré moi admettre mon incompréhension.
— Ébé... ébénischtre ?
— Ébéniste, me corrigea-t-il. Je fabrique des meubles en bois.
— Oh ! Articulais-je pour marquer ma compréhension.
— Quoi ? Me demanda-t-il sur la réserve, attendant sûrement une autre remarque de ma part.
— C'est loin du cliché des bikers mais ça explique des choses, m'expliquais-je dans un petit sourire avant de mordre la langue car j'en avais trop dit.
— Ça explique quoi ? M'interrogea-t-il en arrêtant de trier les papiers qu'il avait en main.
Pour masquer mon inconfort, je continuais à regarder les papiers devant moi comme si de rien n'était.
— Tu aurais pu être mécano, lui lançais-je en tentant de noyer le poisson.
Il eût un petit rire mais ne fut pas dupe.
— J'avais compris ça et ce n'est pas ce que je t'ai demandé.
Je continuais ma découverte des papiers, mais je tombais sur une feuille écrite à la main et même si j'arrivais à reconnaître certains mots, le contenu du document resta un mystère pour moi.
— Tu as les mains d'une personne qui fait un travail manuel et tu sens le bois, c'est une bonne odeur, fis-je en retenant ma gêne au maximum alors que je l'entendais souffler par ses narines.
Je me tournais vers lui embarrassée et lui montrais le papier que je tenais en main.
— Je ne comprends pas ce qu'il est écrit sur cette feuille, lui annonçais-je en évitant son regard.
Il prit quelques secondes où je me sentis rosir avant de se pencher sur le document.
— C'est un devis pour un client, m'annonça-t-il sans commenter mes réflexions.
Je posais le document sur une nouvelle pile avant de continuer ma pioche. Il posa un autre devis sur le premier avant de me dire :
— Pour ton information, c'est Sharp et Bear qui tiennent le garage dans le bâtiment à côté.
Sa réflexion m'amusa et je lui offris un bref sourire pour qu'il le comprenne.
En moins de cinq minutes, on finit le tri des papiers. On travailla en silence, sans gêne ni inconfort et revenir à une activité normale me fit du bien.
— Tu as un logiciel de facturation ? lui demandais-je en désignant la plus petite pile qui correspondait aux devis.
Pour toute réponse, il se baissa pour ouvrir le second tiroir de son bureau et en sortir un facturier, qu'il posa sur le bureau avec le tampon de sa société.
— En quelque sorte, annonça-t-il avec dérision devant ma mine déconfite.
— Je comprends la notion de cauchemar maintenant, ironisais-je en me levant sous son regard interrogatif. Je te laisse ça et je vais trier ça, sur le lit.
Je pris le tas de factures fournisseurs avec moi avant de les poser sur la commode à côté du lit. Par habitude, je pris le bas de la couette qui pendait au pied du lit et fis le tour du lit en faisant glisser la couette entre mes mains.
— Qu'est-ce que tu fais ? Me demanda-t-il, loin d'être concentré sur son travail en cours.
Je ne répondis pas pour consacrer mes forces à finir ma tâche. Ce n'était pas du quatre étoiles, mais c'était tout ce que j'étais en état de faire. Une fois le lit fait, je pris appui sur mes genoux avant de me poser de la manière la plus ridicule qui soit et la moins douloureuse pour moi pour m'asseoir en tête de lit.
Une fois installée, je remarquais seulement que j'avais oublié de prendre les factures. Soufflant, je me penchais pour les saisir.
— Ne bouge pas, m'ordonna-t-il en se levant pour me les donner.
— Merci Silent Boy.
— N'en fais pas trop Frenchie.
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What a shitty American Trip.
RomanceFrenchie a traversé un océan pour avoir des réponses, ça fait six mois qu'elle les attend et elle est bien déterminée à les avoir pour pouvoir se relever, le reste n'a plus d'importance. Phénix a soif de vengeance, ça fait deux mois qu'elle a été tu...