What a shitty American Trip.

Chapitre 16

Je me réveillais à nouveau seule dans le lit de Silent Boy après un nouveau cauchemar suite à une fin de soirée que je qualifierais de désastreuse. Le soleil n'était pas encore levé, mais je ne dormais plus. Ayant repris mon souffle, je roulais sur le dos en grognant tout en réfléchissant à la soirée de la veille, chassant mon rêve par un autre cauchemar, éveillé cette fois. Il voulait interner Petit Chef. Ce petit n'avait pas assez souffert ? Il vivait dans la terreur, il avait besoin de repères, pas d'être séparé de sa famille.

Après avoir quitté le bar hier soir, j'avais réussi à le tranquilliser un tant soit peu, mais suite au discours du président du MC, il paniquait, il avait fini par faire une nouvelle crise que rien ni personne n'avait pu calmer. Doc lui avait injecté des tranquillisants, Annie l'avait veillé, Atlas avait continué à noyer son chagrin, Bear avait raccompagné Kate chez eux et Silent Boy avait fini par faire je ne sais quoi après m'avoir fait raccompagnée et enfermée, seule, dans la chambre. On ne s'était pas adressé un mot de la soirée, rien de surprenant, il avait été très occupé. Atlas, lui, n'avait pas été tendre avec moi, comme la dernière fois, mais je m'en foutais.

Avant que tout ne parte en cacahuète, j'avais découvert ce que signifiait blackout. Un confinement que Kate ne respecterait pas du fait de sa maladie. Me réveiller seule dans une chambre semblait être un luxe de ce que je compris. Putain d'enfer.

Je restais un bon moment ainsi, écoutant les bruits au loin. Essayant de faire le point dans mes pensées. N'arrivant à rien, je finis par sortir du lit. Mes cachets étaient absents, le biker avait dû les garder. Ne sachant pas comment m'occuper pour oublier tout ça, je finis par allumer mon ordinateur. Vingt minutes plus tard, ne trouvant rien de vraiment concluant, je fus presque soulagée de recevoir un appel de ma mère.

— Salut maman.

— Melissandre Estelle Moureau, en trois jours je n'ai reçu qu'un pauvre mail de toi et tout ce que tu trouves à me dire, c'est salut maman.

Elle n'allait pas remettre ça !

— C'est un bonjour maman. C'est ce que les gens normaux font.

— Oui et bien moi je m'inquiète.

Elle réussit à me faire un peu culpabiliser et comme la journée ne faisait que commencer, autant ne pas le faire sur une dispute.

— Et moi j'étais trop fatiguée pour appeler et quand ça allait mieux, j'ai fait autre chose. Je suis désolée de t'avoir inquiétée, mais ne pense pas que je vais passer mes journées en conversation avec toi. Il y a toute une famille sur le même fuseau horaire ici avec qui je peux parler. Je ne vais pas vivre chez eux et les ignorer.

Elle me regarda avec colère. Son regard noir ne m'atteint même pas à travers l'écran, j'avais le même et j'en étais immunisée. Elle reprit un peu plus calme.

— Comment tu vas ?

Comment répondre à ça sans la faire paniquer ? Je ne voyais pas.

— Physiquement mieux, ce n'est pas encore la joie, mais mieux. Psychologiquement, je suis dans le déni et la peur pour le moment, ça me pètera à la figure quand je m'y attendrai le moins.

J'aperçus la colère et la frustration sur son visage.

— Tu n'es pas un sujet d'étude clinique Méli, surtout pas le tien. Ton père n'est pas là, mais si tu dois parler avec quelqu'un fais-le. Le Dr Kimball pourrait te recevoir. Il est même d'accord pour une consultation sur Austin si besoin ou par téléphone, appelle-le...

Une fureur noire me brouilla la vue un instant, mais contrairement à hier je pus l'exprimer. Il était encore tôt et j'avais toutes mes forces pour le faire.