Chapitre 11.3

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Oh purée qu'est-ce que c'est dur ! Finis-je par dire en essuyant une larme, je me calmais comme je pouvais avant de reprendre. Tu es un bon père Atlas, un père en deuil de sa moitié, perdu, mais un bon père. J'aurai pu lui mettre mon poing dans sa figure que la réaction du géant aurait été la même. Dyclan voit en moi sa mère parce que j'ai survécu, pas elle. Il sait que je ne suis pas elle, mais il veut comprendre, parce qu'il a vu, n'est-ce pas ? Je n'attendais aucune réponse de sa part et il n'en fit aucune orale, mais son regard et son subtil mouvement de tête inconscient me donna raison et mon cœur se broya, il finit par se frotter le visage pour cacher toutes les émotions qui l'envahissaient. Je ne suis pas mon père. Il avait raison, je suis incapable de vous aider à traverser tout ça. Je n'ai même pas fini mes études, j'ai un autre métier maintenant. De plus, je ne suis pas capable de m'aider moi-même, comment voudrais-tu que j'en fasse trop pour vous aider ? C'est juste comme je suis.

Il me regarda, un millier de questions dans ses yeux bleus, mais j'étais incapable de lui donner des réponses. Mon mal de tête reprit de plus belle et je finis par fermer les yeux en me massant une tempe sous mes lunettes, tant pis pour le verre d'eau. Je n'entendis même pas le géant se lever et je le découvris debout quand il m'ôta le verre de mes mains.

— Tu devrais te reposer Frenchie, on en parlera plus tard.

Je hochais la tête, même si je savais que je ne dormirai pas beaucoup, j'avais besoin d'une pose, que tout ça s'arrête.

Je l'entendis sortir alors que la musique se coupa. Le silence se fit dans la pièce et je m'enfonçai dans les épais coussins du lit, viendra le temps où j'en sortirai, mais pas aujourd'hui, c'était encore un jour sans pour moi. Je pris Teddy et le serrai fort contre moi, essayant de trouver un point d'ancrage dans toute cette noirceur. J'ignore combien de temps je restai ainsi, je dus réussir à m'endormir peut-être un peu, quand on toqua à nouveau à ma porte. Ce son me donna envie de la dégonder pour qu'on me foute enfin la paix.

— Oui, répondis-je exacerbée.

La porte s'ouvrit sur Little Dick qui tenait un plateau en main. Il entra dans la chambre sans forcément m'accorder un regard, laissant la porte ouverte sur son passage.

— Salut Frenchie, j'ai pensé que ça serait plus sympa pour toi de manger avec quelqu'un plutôt que toute seule, annonça-t-il avec enthousiasme en entrant. Sale journée ? Finit-il par me demander en voyant ma tête.

— Sale année, répondis-je dans un bref sourire sans joie. C'est gentil, mais j'ai pas la force pour affronter un autre Crows aujourd'hui.

— Hey, je viens en paix ! Contra-t-il en posant un plateau avec deux assiettes sur mes genoux. Et puis, tu me dois bien ça, j'ai toujours pas eu droit à mon verre.

— Tu es tenace ! Lui accordais-je. Je ne sais même pas comment on dit ça en anglais.

Il s'installa avec une des assiettes sur la chaise du bureau qu'il avait retourné et pris une bouchée en me répondant.

— Je vais t'aider, beau, charmant, un vrai apollon avec un sourire qui les fait toutes fondre !

Sa réponse m'amusa, ce qui se traduisit par un sourire.

— Je t'accorde ton sourire, mais c'est tout. Qu'est-ce que c'est ? Demandais-je en découvrant mon assiette.

— C'est la spécialité de Kate, la femme de Bear. Un pain de maïs, goûte c'est délicieux.

Je me redressais en faisant attention à ne pas salir Teddy avec la sauce qui accompagnait le plat et j'en prie une petite bouchée. C'était fondant et moelleux, un vrai délice. La sauce quant à elle était épicée, un peu trop à mon goût.

What a shitty American Trip.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant