Chapitre 12.2

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Je lançais un regard un peu perdu à Silent Boy en baissant le téléphone. Deux jours ! J'avais besoin de m'asseoir là. Je pris appui sur le bureau du crow, mes fesses étant juste à niveau, voyant mon désarroi, Silent Boy me souleva pour me poser sur celui-ci, me poussant au fond du meuble pour que mon dos s'appuie contre le mur. Il me récupéra le téléphone des mains et reprit la conversation, m'observant attentivement. Je fuyais son regard inquisiteur en refermant mes bras sur moi. Je jouais avec mon pouce sur le tissu du t-shirt, dessinant les contours d'une partie de mon tatouage.

— Non, elle a l'air d'être sous le choc. C'est quoi ton dernier souvenir ? Me demanda-t-il inquiet.

— La nuit de l'arrivée de vos visiteurs, répondis-je d'une petite voix. Qui m'a changé ?

Il ne me répondit pas, répétant ma réponse au Doc.

— J'ai dit : "qui m'a changé ?", répétais-je un peu plus fort en affrontant son regard.

Il fronça les sourcils mais ne me parla pas, toujours en pleine conversation avec Doc.

— OK... non pas de problème... OK merci Doc, et il raccrocha sur ça. Le Doc est retenu à l'hôpital, il passera vers midi pour t'examiner, en attendant tu peux boire et manger si tu as faim.

— Tu n'as toujours pas répondu à ma question, lui reprochais-je avec angoisse.

— C'est tout ce qui t'inquiète ? Ça fait deux jours que tu dors, impossible de te réveiller complètement et toi tout ce qui t'inquiète c'est ça ! Il fit une pause, me parlant avec amertume. Annie t'a changée, mais peut être que quelqu'un d'autre aurait dû s'en charger.

J'eus un bref soupir de soulagement qui accentua sa colère et sa jalousie.

— Est-ce qu'elle t'a dit ? Lui demandais-je avec espoir.

Il m'analysa avant de répondre à la fois déçu et intrigué.

— Je ne vois pas de quoi tu parles, qu'est-ce qu'elle aurait dû me dire ?

— Rien qui ne te concerne Silent Boy, répondis-je plutôt agressivement, en relâchant mon corps qui était tendu par l'anxiété.

A sa réaction, je regrettais immédiatement mon agressivité. Il fit un pas en arrière tout en serrant son poing.

— Je vais la chercher si tu préfères être avec elle ou Hurricane, c'est à toi de voir.

Je le regardais en fronçant les sourcils d'incompréhension alors qu'il sortait de la chambre de manière plutôt précipitée.

— Attends Phénix, essayais-je de l'interpeller sans succès.

Et il me laissa perchée là où je me trouvais, totalement abasourdie par cette dispute. Quelques minutes plus tard Annie se présenta devant la porte qui était restée ouverte.

— Eh bien, tu nous as fait une sacrée frousse Frenchie, commenta-t-elle dans un sourire en rentrant dans la pièce avec un smoothie dans les mains.

— J'ai cru comprendre, désolée, fis-je avec un petit sourire désolé, alors que les émotions me submergeaient. Elle ferma la porte avant de s'approcher de moi pour me frotter les bras dans un geste réconfortant.

— Allons, c'est pas une raison de te mettre dans cet état.

— Je sais... fis-je en essuyant mes larmes. Ce pays veut ma peau... Je finis d'essuyer mes larmes et me ressaisis.

— Et tes larmes n'ont rien à voir avec Phénix par hasard ? Me demanda-t-elle un peu amusée en me glissant la boisson dans les mains. Je bus une gorgée avant de lui répondre, mais après celle-ci, je me découvris une grande soif et je bus la moitié du verre.

What a shitty American Trip.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant