J'étais perclus de douleur et seule la fierté me permettait de rester bien en place sur ma moto alors qu'un convoi sans fin nous suivait jusqu'au MC. Il était près d'une heure du matin, l'heure de célébrer notre victoire, mais je n'en avais aucune envie. Elle avait un goût amer pour moi.
— Tu vas pouvoir descendre ou tu as besoin d'aide ? me demanda Sharp dans mon casque.
— Ça ira, lui répondis-je en serrant les dents.
Il hocha la tête devant moi avant de se garer. J'attendis que la plupart des invités soient rentrés avant de descendre en grognant. L'enfoiré ne m'avait pas loupé.
Je fus accueilli comme un héro par mes frères et on me fila un verre dès que je franchis la porte. Je souris, esquivant les bras trop tactiles des sweeties en m'avançant dans le bar. Je mis une éternité à traverser la foule, mais je réussis à le faire et me retrouvais face à Bear.
Il trinqua son verre contre le mien en m'offrant ses compliments.
— Belle victoire, même si c'était serré.
— Toi aussi, lui répondis-je sur le même ton alors que je bus une gorgée en regardant vers l'étage.
— Tu devrais aller dans la cuisine avant de monter, mais ne t'attend pas à un bel accueil, me dit-il sur le ton de la confidence avant de me laisser seul.
Serait-ce de la déception que je percevais dans ses yeux ? Je remplis mon verre avec la bouteille qui trainait et suivit son conseil.
La pièce était sombre et une odeur de tarte aux pommes flottée dans les airs. Elle était là, je la sentais sans la voir, je sentais surtout sa colère mais j'avais assez morflé ce soir pour la prendre en pleine figure comme ça. Je m'approchais de l'évier sans rien dire et bu une gorgée. Putain j'avais mal, mais j'étais trop fier pour le dire à haute voix. La trousse de premier secours était déjà sortie et ouverte, s'était-elle blessée ? L'avait-elle préparé pour moi ?
Avec un grognement, je posais quand même ma main sur mon flan.
Je l'entendis se lever tout aussi silencieuse que moi, si elle me fuyait, je l'aurais mérité. Elle me surprit quand la lumière du placard s'alluma et qu'elle revint vers moi un instant plus tard. Un sac de petit pois surgelé dans les mains. Sans un mot, sans un regard pour moi, elle ôta ma main sur mon flan. Sans me demander mon avis, elle souleva mon t-shirt et le remplaça par le sac. Elle était calme, douce et maîtrisée, mais jusqu'à quand ? Je ne pus retenir un grognement alors qu'elle appuya le sac sur mes côtes.
— Parle-moi, lui ordonnais-je alors qu'elle fuyait toujours mon regard.
— As-tu mal ailleurs, au visage ? demanda-t-elle presque en un murmure alors que je sentais la tension qu'elle essayait de canaliser lui faire frissonner le corps.
— Non, lui répondis-je touché par sa sollicitude.
— Tant mieux, murmura-t-elle avant de me gifler en levant enfin les yeux dans les miens.
Ils étaient rouges, gonflés, elle avait pleuré et pas qu'un peu, mais j'y lisais surtout une colère sans fin et de la peur encore et toujours de la peur. Elle n'avait pas mis de force dans sa claque, me frôlant à peine le visage du bout de ses doigts, il faudra qu'elle fasse mieux pour apprendre à se défendre dans notre milieu, ça c'était certain. J'avais attrapé son poignet, avant qu'elle ne finisse son mouvement, le sac de petit pois tombant à nos pieds dans un bruit sourd. Elle avait enlevé son plâtre, mais il était remplacé par un bandage, sous mes doigts je pouvais le sentir ainsi que deux espèces de tiges métalliques qui lui emprisonnées le dessus et le dessous de sa main.
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What a shitty American Trip.
RomansaFrenchie a traversé un océan pour avoir des réponses, ça fait six mois qu'elle les attend et elle est bien déterminée à les avoir pour pouvoir se relever, le reste n'a plus d'importance. Phénix a soif de vengeance, ça fait deux mois qu'elle a été tu...