Quand il m'ouvrit, il était torse nu. Ma mauvaise humeur s'envola à cette vue. J'étais directement en face d'un lys tatoué avec finesse sur sa poitrine. Ses côtes étaient mangées par le retour de ses tatouages de son dos qui montaient, je l'imaginais, jusqu'à son cou, enveloppant ses épaules. Ses bras étaient recouverts de tatouages où se mêlaient têtes de mort, ombres et autres odes à la mort. Quant à sa silhouette... eh bien... merde mon cerveau avait pris la fuite pour de bon.
Il changea de position en s'appuyant sur sa porte et je devinais, avant même d'avoir levé les yeux vers lui, un sourire narquois sur son visage. Je me résignais et confrontais son regard pétillant.
— Qu'est-ce que tu fous debout Frenchie ? Me demanda-t-il sur le ton du reproche sans pour autant masquer son amusement.
Je me raclais la gorge avant de parler.
— C'est pas une heure pour taper dans un punching ball, lui annonçais-je froidement.
— Et c'est pas une heure pour toi pour être debout, rétorqua-t-il bien plus convaincant dans sa colère que moi, tout en croisant ses bras sur sa poitrine. Si tu veux être hospitalisée, c'est ton choix, mais tu aurais dû y rester plutôt que t'obstiner à sortir le soir même.
J'affrontais son regard avec colère.
— Continue ton entraînement Silent Boy, tu seras débarrassé de moi demain dans tous les cas. Je lui tournais le dos et fis un pas pour retrouver la chambre que j'occupais, mais il attrapa mon poignet, me forçant à me tourner vers lui.
— Attends ! Qu'est-ce que... Il se tut quand il entendit du bruit en provenance de la cage d'escalier. Little Dick apparut au sommet des marches presque en courant, je ne l'avais jamais vu avec une mine si soucieuse. Il ralentit devant nous :
— Ghost est là, fit-il en s'adressant à Silent Boy.
La surprise fit rapidement place à la rage sur le visage du sergent d'arme.
— Seul ?
— Non, il est avec Kill et un nouveau.
Silent Boy ne m'adressa même pas un regard quand il fit demi-tour pour aller prendre un t-shirt qui traînait sur le dossier de sa chaise, il l'enfila ainsi qu'un holster et son cuir. Il prit son arme qui se trouvait sur son bureau et la rangea à sa poitrine. C'était la première fois que je le voyais s'armer ainsi, lui ou n'importe qui d'autre. Je me tournais vers Hurricane, mais celui-ci était déjà à la porte de Sharp où il frappa pour donner les mêmes informations. Au même moment Annie arriva en haut des marches et m'adressa un sourire compatissant avant de me passer devant.
— Rentre dans ma chambre Frenchie, m'ordonna Silent Boy.
Ce n'est pas le ton de sa voix, mais l'arme que tendit Atlas à sa sœur avant qu'elle ne s'enferme dans sa chambre qui me convainquit de lui obéir. Je portais à nouveau mon regard vers le Crow en face de moi, il avait sorti de Dieu sait où une autre arme qu'il garda en main en me jaugeant du regard.
— Tu sais t'en servir ? Me demanda-t-il en me tendant l'arme. J'eus un mouvement de recul en niant de la tête.
Son regard me quitta pour aller derrière moi, je découvris Atlas au niveau de la porte de ma chambre. En découvrant ma réaction, il entra dans ma chambre en secouant la tête.
— Tu vas rester dans ma chambre, je suis le seul avec Sharp à en avoir la clef, annonça-t-il en posant l'arme sur le bureau. Si tu entends le moindre bruit suspect, tu prends l'arme et tu t'enfermes dans la salle de bain avec.
Atlas entra dans la chambre avec mes affaires sous le bras qu'il posa contre le mur.
— Heureusement que tu voyages léger, dépêche-toi Phoenix, ordonna-t-il. Tu remonteras en premier.
Il nous laissa sur ça. Je commençais à trembler, terrifiée par leur attitude, Silent Boy le remarqua de suite et s'approcha de moi en levant mon menton pour que je confronte son regard. Je découvris dans ses yeux marrons la même honte, les mêmes fantômes que la veille et une profonde sincérité quand il me dit :
— Ne t'inquiète pas, tout ira bien. Je te protégerai, je te le promets. C'est plus de la prudence, ils peuvent être imprévisibles.
Il prit la mèche de cheveux qui pendait devant mon visage et la passa derrière mon oreille, posant la paume de sa main contre ma joue. Je m'abandonnais à la douceur des callosités de sa paume en hochant la tête, acceptant son explication.
— Sois prudent, balbutiais-je en serrant son t-shirt qui s'était retrouvé entre mes doigts.
Son regard se chargea en intensité et il se pencha pour embrasser mon front en respirant l'odeur de mes cheveux. Ma gorge se noua quand il se détacha de moi. Je n'eus pas le courage de le regarder partir. J'entendis le cliquetis de la serrure et me retrouvai seule dans cette chambre. La sienne. Avec mes affaires posaient en vrac à l'entrée. Teddy n'y était pas. Sans lancer un regard à l'arme sur le bureau, je me dirigeais chancelante vers le mur à côté du lit, entre les deux fenêtres et je me laissais glisser au sol. Quand la nuit vient pour de bon et que seule l'obscurité habitait le ciel, je n'avais toujours pas bougé, j'observais sa chambre tout en écoutant les sons lointains. Assez impersonnelle je dois dire, pas de photos, pas de posters, elle ressemblait à celle d'en face en un peu plus vaste et pourtant elles étaient si différentes. Le néon du bar l'éclairait sans besoin de lumière supplémentaire. Son parfum était omniprésent, les meubles n'étaient pas les mêmes. Malgré l'angoisse dans laquelle il m'avait laissée, je fermais les yeux à plusieurs reprises, sans jamais totalement dormir. J'entendis le bruit de la clé dans la porte, ouvrant définitivement les yeux, j'attendis qu'il rentre, bougeant un peu pour retrouver une position confortable.
Il marqua un bref arrêt en me voyant au sol, face à lui dans le noir, mais il referma vite la porte. Il passa sa main dans les cheveux en donnant un tour de clé, actionnant la barre de métal qui s'encra dans le sol et le plafond.
— Tu aurais dû t'installer dans le lit, c'est mieux qu'au sol pour dormir, murmura-t-il en me confrontant du regard.
Je haussais légèrement des épaules, comprenant qu'il ne pouvait pas bien voir mon geste, je répondis sur le même ton que lui.
— Tout le monde finit au sol, d'une manière ou d'une autre. C'était un bon endroit pour attendre.
Il vient à mon niveau et me passa à nouveau sa main sur mon visage.
— Je suis désolé que tu aies eu à t'inquiéter, ils partiront demain, en attendant Hurri va dormir dans ta chambre, c'est mieux qu'ils ne te voient pas.
— J'ai compris, c'est bon. J'ai pas envie de les rencontrer aussi, je te fais confiance.
— Je ne le mérite pas, fit-il en posant son front contre le mien.
Je fermais les yeux et me sentis doucement partir, emportée par le sommeil.
— Est-ce que je te mérite ? Marmonnais-je ensommeillée.
Il me tira vers lui délicatement, je me laissais glisser le long de ses cuisses, me collant à lui dans un soupir de bien-être.
— Viens, je te mets au lit.
J'eus à peine la force de grogner mon accord avant de sombrer.
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What a shitty American Trip.
RomansaFrenchie a traversé un océan pour avoir des réponses, ça fait six mois qu'elle les attend et elle est bien déterminée à les avoir pour pouvoir se relever, le reste n'a plus d'importance. Phénix a soif de vengeance, ça fait deux mois qu'elle a été tu...