What a shitty American Trip.

Chapitre 24.2

— Bonjour, je m'appelle Gabriel et je serai votre serveur ce midi, puis-je prendre votre commande ?

Gabriel, un brave gamin, presque tout le monde le connaissait ici en ville. Il travaillait dur pour aller à l'université. Star de football, il avait des chances pour avoir une bourse.

— Salut Gabriel, je voudrais une boisson à base de tequila, peu importe laquelle, dit-elle en le regardant à peine.

La seule réaction du petit fut un bref moment d'arrêt et un regard vers elle puis vers moi avant de noter sa commande.

— Une chose à manger avec ça ? demanda-t-il professionnel.

Elle haussa les épaules.

— Peu importe ce qu'il choisira, dit-elle avant de se replonger dans les réflexions sans trop nous regarder.

Le petit me lança un regard entre méfiance et compassion, mais ne dit rien. Je ne sais pas comment ça se passait en France, mais ici, commander de la tequila dans la journée, ça ne se faisait jamais. Je lui commandais des ailes de poulet qui faisaient la réputation de l'endroit avec des frites et un burger pour moi accompagné d'une bière.

Nous retrouvant à nouveau seul, j'étudiais la salle sans un mot alors qu'elle réduisait en charpie le dessous de table en papier. Il revient rapidement avec nos boissons.

— Une autre dure journée ? lui demanda-t-il avec sollicitude en lui posant sa boisson devant elle.

Elle haussa les épaules pour toutes réponses et il nous laissa après un vague regard désolé pour moi. Au moins, j'avais un témoin de la soirée à interroger maintenant.

Frenchie bougea un peu en cherchant quelque chose sur elle.

— Tu as perdu quelque chose ? m'inquiétais-je.

— Le collier de mon frère, je ne l'ai pas pris, dit-elle visiblement anxieuse.

— C'est pas grave, s'il est au MC, il n'est pas perdu.

— Je sais qu'il n'est pas perdu, mais c'est un... un révélateur de drogue, elle rougit de sa confession. J'ai promis à mon frère de toujours l'avoir sur moi.

Je relevais un sourcil impressionné. Béni soit son frère qui veillait sur elle, même de l'autre côté d'un océan, pourtant une chose me marqua. Je ne l'avais jamais vue avec auparavant, chose que je lui fis remarquer.

— Vous n'êtes assez stupide pour me droguer dans votre maison, me dit-elle en rougissant légèrement et détournant le regard.

J'accueillis son compliment dans un sourire que je masquais derrière mon verre.

— Je te rassure, personne ne serait assez stupide pour te droguer devant moi ici aussi, lui assurais-je, tu peux boire sans crainte. Tu l'avais...

— Je le porte toujours dans les lieux bondés, me coupa-t-elle comme si je venais de la prendre en faute.

Je ne pus seulement marquer mon contentement à son entrain à me répondre pour l'adoucir un peu. De toute façon, les analyses toxicologiques de ses examens s'étaient avérées être négatives dans son rapport médical. Doc avait réussi à nous en procurer un exemplaire que Bear nous avait censuré. On avait les descriptions des blessures, les résultats d'analyses, mais aucune photo. Rien. Dans un sens j'en avais été frustré, mais en même temps, je n'avais pas envie de découvrir son corps meurtri par des photographies prises sous tous les angles. Sharp avait fini par approuver cette censure, ça me rendait dingue.

Je fus ramené à la réalité par une assiette qu'on posait devant mes yeux. Notre table était plutôt silencieuse par rapport au bruit des autres tables qui se remplissaient petit à petit. J'aimais bien. Je savais que j'avais des milliers de choses à lui dire, mais sa seule présence me plaisait et je ne voulais pas me lancer dans des sujets épineux avec elle alors qu'elle avait retrouvé une partie de son calme. La moitié de son verre de margarita y était peut-être pour quelque chose. Elle me surprit en brisant le silence d'elle-même avec une question inattendue.