Chapitre 15.2

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— Un instant, Frenchie, pourquoi on dirait que tu as les mains propres ? Demanda notre prés en nous observant elle et moi.

— Elle a dit qu'elle ne pourrait pas, répondit Apple à sa place en jetant son assiette en carton dans la poubelle à côté de nous. Je vais relever Gamble, bonne soirée à tous.

Il s'éclipsa sur ça. Apple, malgré ces années passées avec nous, ne supportait pas ces rassemblements et préférait la solitude de sa chambre ou la sécurité du bar. C'était déjà assez marquant en soi de l'avoir vu présent ce soir. On ne lui en voulait pas, chacun avait ses démons et c'était l'un de ceux d'Apple.

Sharp souffla et posa son verre sur la table. Il regarda les tubes de peinture, presque tous vides, et remplit une assiette qu'il tendit à Frenchie. Le mélange de couleur chaude était détonnant.

Elle, elle semblait fulminer de colère en suivant des yeux Apple qui disparaissait mais ne s'emporta pas.

— Tu sais que je n'y arriverai peut-être pas ? Demanda-t-elle en affrontant le regard de Sharp.

— À faire une fleur ? Demanda-t-il un peu perplexe.

Elle n'eut pas le temps de répondre que Kate l'encouragea.

— Allez, Mel, si j'y suis bien arrivée, tu peux le faire, tu ne crois pas ? Ton état ne peut pas être pire que le mien.

Cette dernière souffla en regardant la peinture puis Kate et Dyclan qui la regardaient avec espoir.

— Très bien Kate, mais je ne promets rien sur le résultat, se résigna-t-elle.

Sa réponse fit doucement rire Kate.

— Comme tu l'as dit quand c'était mon tour, ce n'est pas le résultat qui compte.

Elle hocha de la tête un bref sourire sur le visage et trempa sa main dans la peinture. Elle s'approcha de la toile, un peu plus que nécessaire, me jeta un bref regard incertain avant de s'y attaquer. Elle tendit son bras valide face à elle, formant un angle légèrement plus grand qu'un angle droit, pas de grand-chose. Sa main tremblait, mais elle fit comme si ça n'avait pas d'importance, tout comme elle fit semblant de ne pas se savoir observée par tout le monde. Incapable de lever sa main bien plus haut, elle ne s'avoua pas vaincue et prit son poignet avec sa main plâtrée et tira un peu plus en avant sur son bras, en grognant de douleur. Elle devint légèrement livide en faisant ça, mais ne dit rien. J'échangeais un regard plein de colère avec Sharp, qui se trouva assez embarrassé de l'avoir poussée à faire cet effort, il hésita à l'interrompre.

— Atlas, viens plus près, demanda-t-elle les dents serrées.

Sharp obéit sans un mot après m'avoir cherché du regard, mais il n'avait pas besoin d'en dire plus ou de me le demander. J'avais anticipé la même chose que lui et je m'étais approché prêt à intervenir, attendant de voir si elle flancherait.

Toujours en accompagnant son geste avec son autre main, elle replongea sa main dans la peinture et se tourna vers la toile, grognant de douleur sous chaque mouvement. Ses doigts glissèrent sur le papier laissant une forme inachevée à la place où devait se trouver l'empreinte de sa main. Il lui restait deux empreintes à faire pour compléter la forme, celles du bas, mais elle ne semblait plus capable de tendre son bras ainsi. Je posais ma main sous son bras pour la soutenir, sans pour autant le bouger de peur de lui faire mal.

— Merci c'est plus facile comme ça, fit-elle d'une voix tremblante mais visiblement soulagée. S'appuyant sur ma main, elle tourna son poignet sans problème pour faire les dernières empreintes, guidant mon bras qui lui servait de support avec son autre main. Quand elle eut terminé, elle remit son bras dans une position plus confortable pour elle avant de le lâcher, le laissant ballant contre son flanc, elle se teint les côtes avec sa main plâtrée. Elle était essoufflée, pâle et tremblante de son effort et je me positionnais à ses côtés, inquiet.

What a shitty American Trip.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant