Vidée, vidée de tout, c'est comme ça que je me sens intérieurement. La peur, c'est un sentiment constant qui me colle à la peau, comme une seconde nature. Me cacher et me protéger, c'est ce que j'essaie de faire au quotidien, même si je n'y parviens pas vraiment.
J'ignore tout des quatre personnes qui sont dans ce bureau, mon esprit est totalement fermé. Toutes les paroles que l'homme a la carrure imposante ont pu me dire ne grimpent pas jusqu'à mon cerveau. Je n'ai plus conscience du temps qui passe jusqu'à ce qu'il sorte, et que je me retrouve seule avec celui qui est venu me chercher.
Je tente un léger regard dans sa direction et le vois appuyé contre le bureau. Il m'adresse un sourire sincère et je recule légèrement le siège à roulettes pour mettre un peu plus de distance avec lui.
-Tu n'as pas à t'éloigner, je ne te ferai rien, dit-il posément. Je peux aller dans le fauteuil, si tu préfères.
Ne voyant aucune réaction de ma part, il contourne le bureau pour aller dans le fauteuil qu'il me montrait du doigt. Il prend place et ne perd pas son sourire. J'ai comme l'impression que je pourrais lui faire confiance, mais je sais que je ne dois vraiment pas me fier à cette première impression. Je ne referais plus jamais cette erreur, je me le promets.
-Mon fils est un peu borné, il n'aime pas qu'on fasse les choses à sa place, mais ne t'en fais pas. Il va vite s'habituer à ta présence. Sa sœur va le raisonner.
Je lui adresse un unique hochement de tête et la fille, apparemment sœur du colérique, entre de nouveau dans le bureau.
-Tu peux y aller papa, je m'occupe d'accompagner notre invité dans la chambre exigée par ton fils.
Il se relève de son siège et quitte la pièce après m'avoir salué. Je reporte mon attention sur la jeune femme qui s'approche dans ma direction avec un grand sourire.
-Alors, comment tu t'appelles ?
Je la regarde longuement pour juger le pour et le contre, et me dis que ce n'est qu'une femme. Elle a l'air gentille et accueillante, je dois me focaliser sur ça.
-Lyllea, prononcé-je après m'être raclée la gorge.
-Lyllea... C'est super joli dis-donc ! Moi c'est Giulia, j'habite ici alors on va être amenées à passer du temps ensemble ! Tu viens avec moi ?
-Où ?
-Faire une petite visite du manoir, je vais te montrer ta chambre et les pièces dans lesquelles tu ne dois pas aller !
Je hoche la tête et me lève de mon siège pour la première fois depuis que je suis ici. Je tire un peu plus sur mes manches pour me cacher et la suit les jambes tremblantes dans l'immense manoir. Elle descend les deux étages pour qu'on se retrouve dans l'entrée. Elle me guide dans chaque pièce en me présentant les lieux, puis entre dans la cuisine.
On découvre le frère et le père du colérique, tous deux attablés en train de manger un énorme gâteau rose bonbon avec d'énormes cuillères. Giulia éclate de rire alors que les coupables tentent de cacher leurs bêtises. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres et je suis gênée de sentir leurs regards sur moi.
-Lyllea, je te présente mon frère Adrian et notre père Cristian. Où est passé Phoenix ?
-En balade, répond Adrian, ce qui nous laisse le temps de déguster son gâteau d'anniversaire ! Tu veux une part Lyllea ?
-Non... Merci.
-Si tu changes d'avis, sache qu'il y en a au moins pour une semaine. Tu sais où en trouver.
Je lui adresse un léger sourire et Giulia explique qu'elle me fait visiter le manoir. Elle me guide à l'extérieur et je revois la façade du manoir qui contraste avec le jardin. Le lieu de vie est assez froid alors que le jardin est vraiment harmonieux, super joli.
-Si tu suis le chemin, tu vas atterrir dans le labyrinthe de la famille. La probabilité que tu trouves quelqu'un perdu à l'intérieur est vachement énorme. On se perd tout le temps ! Si tu retrouves ton chemin, tu auras le droit de voir ce qui se cache derrière le labyrinthe. Je te laisse la surprise. Tu as également la piscine juste ici, on y va très peu mais tu peux y aller quand tu veux.
Je frissonne en voyant l'énorme piscine et elle sourit doucement. Elle me guide de nouveau à l'intérieur du manoir et me fait visiter le premier étage, ainsi que le deuxième.
-Ça, c'est ta chambre. Celle de Phoenix est juste à côté, au cas où.
Elle m'indique la porte d'à côté et pousse la porte de ma chambre en m'invitant à entrer, ce que je fais rapidement. Je regarde tout autour de moi et me fige en voyant autant d'espace.
-C'est... Grand, lâché-je enfin.
-C'est un avantage, non ?
Je hausse les épaules et me mords le pouce en me disant que c'est beaucoup trop grand. Un lit king size trône contre un mur accompagné par deux tables de chevet et sur le mur opposé, on trouve des portes coulissantes qui servent de rangement. C'est vide et austère, ça me fait froid dans le dos.
-Pour l'instant c'est simple, parce que chez les Ricci on préfère que chacun puisse personnaliser sa chambre comme il le souhaite. On dit toujours que la chambre est le reflet de la personne qui l'habite. Tu pourras faire ce que tu veux dans cette pièce.
Les Ricci... Je ne sais pas pourquoi, mais je suis sûre d'avoir déjà entendu ce nom. Je ne sais pas vraiment où je l'ai entendu, mais je suis sûre qu'il m'est déjà parvenu aux oreilles...
-Cette porte te mènera dans ta salle de bain et tu peux faire comme chez toi. Pour l'instant ton dressing est vide, parce qu'on ne savait pas ta taille, mais maintenant qu'on a eu toutes tes mensurations, on va pouvoir remplir ton dressing. J'en parlerai avec Phoenix lorsqu'il sera de meilleure humeur. En attendant, j'irais t'acheter quelques tenues pour les jours qui viennent. Tu ne peux pas vraiment sortir du domaine tant qu'il n'a rien accepté alors je ne te propose pas de m'accompagner mais si tu préfères des vêtements en particulier, n'hésite pas. Tu aimes les robes ?
-Non, pas de robes.
Un frisson me parcourt l'échine lorsque je me revois en robe. C'était l'occasion rêvée pour glisser sous la robe, les vêtements les plus pratiques pour eux...
-D'accord alors peut-être des shorts ou des jeans, ça te va ?
Je hoche positivement la tête alors qu'elle prend quelques notes sur son téléphone.
-On a un cousin dans le monde de la lingerie, il suffit que je passe un coup de fil pour qu'il me ramène quelques pièces pour toi.
-Pas de lingerie de luxe, juste des sous-vêtements simples, s'il te plaît.
-Oh... Comme tu veux. Tu as besoin d'autre chose ?
Je secoue négativement la tête et elle me salue pour partir acheter tout ce dont j'ai besoin. Elle referme la porte derrière elle et je me retrouve seule. Seule chez cet inconnu qui ne semble pas vouloir d'une protégée.
J'avance doucement dans la pièce et m'assieds sur le bord du lit en prenant une grande inspiration. Ma nouvelle maison, pour une durée indéterminée.
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Protected by the devil
RomanceDans la haute société italienne réside un comité prestigieux : celui des protecteurs. Ces hommes riches achètent la protection de jeunes femmes qui ont tout pour plaire. Elles sont jeunes, belles, intelligentes et sûres d'elles. Enfin... C'est ce de...