Protected by the devil

Chapitre 36 - Phoenix 👤

-Vous savez où est Lyllea ? Demandé-je à Giovanni et Aria qui s'engueulent dans le canapé.

-Dans le jardin, me répond rapidement Aria avant de reprendre de plus belle. Donne moi cette putain de télécommande !

Je les laisse se battre et avance dans le jardin avec un léger étonnement. Elle ne va que très rarement à l'extérieur, quand les filles lui demandent. Or, je sais que les filles sont au spa et pas à la villa, Lyllea a refusé de les accompagner.

Je la trouve finalement dans un siège face au labyrinthe. Elle a le regard dans le vide, les jambes repliées contre sa poitrine et ses bras les entourant. Je prends place sur le banc collé à l'entrée du labyrinthe et elle se tourne vers moi.

-Qu'est-ce que tu fais ici ? Commencé-je avec sérieux.

-Je me suis toujours demandé ce qu'il y avait au bout de ce labyrinthe. Ma psychologue m'a conseillé de me confronter à mes peurs pour avancer. J'ai peur d'y entrer depuis ce qui est arrivé là-dedans.

Elle suit des séances d'hypnose depuis sa sortie, mais elle a récemment demandé à aller voir un psychologue pour parler de ses peurs. Elle ne veut plus être prisonnière de son passé et je vois les efforts énormes qu'elle fait. Elle est tellement forte pour une si petite femme.

-C'est là qu'il t'as retrouvé ?

Elle hoche la tête et détourne le regard.

-Avec Cristian. C'est là aussi que j'ai appris que... Qu'il avait été le premier homme à me toucher.

-Cristian t'as... Il t'as violé ?

-Je ne m'en souvenais pas avant qu'il en parle...

Je serre fortement les poings en me retenant de tout envoyer valser. J'essaie toujours de ne pas laisser la colère monter, parce que je ne veux pas l'effrayer avec tout ce que le faucon a pu lui faire vivre. Mais savoir que mon propre géniteur l'a touchée me met hors de moi.

Il est un traître, et un violeur. Il a violé une jeune fille dont il aurait pu être le père. J'aimerais tellement le déterrer pour le tuer de mes propres mains. J'ai honte de porter le nom d'un traître de violeur. Il me donne envie de vomir, en plus d'avoir envie de frapper dans la première chose que je vais voir à l'extérieur du domaine.

-Tu sais, poursuit-elle doucement, il avait prévu quelque chose d'énorme pour la soirée où tu es venu me sauver. Ce soir-là, il voulait mettre ma virginité aux enchères. Le plus offrant pourrait l'avoir, et les autres hommes auraient pu payer pour y assister. Et il m'avait promis que tout serait bien pire une fois que je ne serais plus vierge, parce qu'ils auraient été encore plus d'hommes à me toucher en même temps.

La psychologue me fait des compte-rendu tous les jours et j'ai eu confirmation de quelque chose : ce qui l'effraie le plus est la sexualité. Elle aimerait profiter de sa jeunesse, mais elle a peur du sexe à cause du faucon et ça se comprend totalement.

La psychologue ne trahit pas les secrets de Lyllea, elle me fait juste part de quelques éléments comme je suis son protecteur. Grâce à elle, je sais quel comportement adapter et je sais depuis le début que je dois prendre mon temps avec elle.

-Le principal, c'est que tu l'es toujours et qu'on a évité le pire.

-Merci d'être venu me chercher, ce jour-là.

-Je l'ai fait autant pour toi que pour moi, et je pourrais le refaire autant qu'il le faudra.

Elle me sourit et pose ses pieds au sol pour croiser une jambe par-dessus l'autre. Elle se mord l'ongle du pouce en regardant le labyrinthe et secoue négativement la tête.

-Pas aujourd'hui, peut-être bientôt...

-Prend le temps qu'il te faudra.

Elle hoche la tête et reporte son attention sur moi.

-J'avais quelques questions à te poser, si tu veux y répondre.

-Lesquelles ?

-Tu m'as beaucoup parlé de la Lyllea chez le faucon, mais je veux en savoir plus sur la Lyllea que tu étais avant ça.

-C'est-à-dire ?

-Pourquoi tu as quitté tes parents pour une nouvelle vie ? Tu ne t'entendais plus avec eux ?

-Je vivais chez ma mère avec mes deux petits frères à l'époque. On n'était pas très riches et je voulais que ma mère ait des frais en moins en quittant la maison. Elle n'était pas vraiment d'accord, elle a appelé directement mon père qui n'était pas d'accord non plus. C'est ma belle-mère qui les a raisonnés tous les deux. Je me suis toujours très bien entendu avec mes parents et même avec ma belle-mère. J'avais besoin d'une nouvelle vie, de devenir une nouvelle personne et quoi de mieux qu'être protégée par un homme de la haute société ?

-Donc ça fait cinq ans que tu ne les as pas vu... Tu aimerais les revoir ?

-J'aimerais beaucoup, mais est-ce qu'ils voudront me revoir après tout ce temps sans leur donner de nouvelles ? Ma mère elle... Elle ne doit pas apprécier que je n'aie donné aucune nouvelle après autant de temps d'absence surtout qu'il était prévu que je fasse partie de la haute société, avec un riche protecteur. Elle doit penser que j'ai pris la grosse tête ou je ne sais quelle autre bêtise de maman inquiète.

Je reste à discuter avec elle encore quelques minutes sur le sujet jusqu'à ce que Fabio et Orlando ne débarquent devant nous avec désespoir. Des énormes sacs sur les bras, j'aperçois des larmes qui dévalent sur leurs joues.

-C'est l'heure, pleurniche Fabio. Merci pour ton accueil de ces derniers mois cousin, ça m'a fait plaisir qu'on se retrouve tous en famille. J'ai été ravi de faire ta rencontre Lyllea, je t'ai laissé un cadeau d'au revoir dans ta chambre.

Je plisse les yeux dans sa direction alors que son frère débite un semblable monologue empli de désespoir. Lorsqu'il a fini, il serre Fabio dans ses bras et je soupire en passant ma main sur mon visage.

-C'est bon, vous pouvez rester, lâché-je en les regardant à tour de rôle.

-Pour de vrai ? S'écrie Fabio. Tu nous fous toujours dehors habituellement !

-Ouais, habituellement. Si vous ne me cassez pas les couilles, vous pouvez rester un peu plus au manoir.

Les deux sautent de joie et essuient leurs fausses larmes en balançant leurs sacs qui s'avèrent être plein de papier à bulles et de polystyrène en l'air. Je soupire longuement sous leurs dizaines de remerciements et Lyllea se met à glousser. Mes cousins décident de remercier également Lyllea, qui est apparemment celle qui m'aurait radouci selon les garçons.