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Chapitre 50 - Phoenix 👤

Carla Marino, la créatrice de l'association de défense des femmes d'Italie, entre dans mon bureau et s'installe sur un siège face à moi. Je remercie Adrian de l'avoir amené jusqu'ici, alors qu'elle regarde tout autour d'elle.

-Votre protégée n'est pas là ? M'interroge-t-elle en posant son sac au sol.

-Si, elle devrait arriver d'une seconde à l'autre.

Moins d'une minute plus tard, elle entrait dans la pièce en s'excusant pour son retard. Elle fait le tour du bureau et se pose à côté de moi en saluant Carla, qui la regarde de nouveau des pieds à la tête. Je glisse ma main sur l'arrière de sa cuisse et caresse doucement sa peau soyeuse.

-Lyllea, est-ce que je pourrais vous parler un instant seule à seule ?

Alors que j'allais réagir, Lyllea le fait avant moi et lui donne la meilleure réponse qui soit.

-Il n'y a rien qui ne peut-être dit devant Phoenix. Si vous avez quelque chose à dire, faites-le devant lui.

-Très bien alors êtes-vous bien traitée ici ? J'ai pu remarquer à la célébration du nouvel an que votre dos et vos côtes étaient couverts de cicatrices sous vos tatouages.

Je serre les mâchoires en me retenant de l'insulter et décide de laisser Lyllea parler pour moi. Ça pourrait mal finir.

-Est-ce un problème d'avoir eu un vécu avant d'arriver chez mon protecteur ? Mon ancien protecteur m'a fait toutes ces cicatrices, pour tout vous dire. C'est Phoenix qui a proposé que je me fasse tatouer pour que j'accepte mon corps.

-Vous force-t-il à quelque chose ? Il y a bien plus qu'une relation de protection entre vous.

-Il me semble que vous n'étiez pas là chez mon ancien protecteur qui n'était pas là pour me protéger mais pour me faire du mal. Vos questions sont ridicules, je n'ai jamais été aussi bien que depuis que je suis ici. Nous avons une relation qui sort du contrat de protection que nous avons établi, mais nous l'acceptons tous les deux. Cela vous posera-t-il un problème lorsque je resterai chez les Ricci alors que notre contrat prendra fin dans un mois et demi ?

-Non, faîtes comme vous le désirez, et seulement comme vous le souhaitez.

-Alors je n'accepterai aucune critique quant à ma relation avec Phoenix.

-Très bien, pouvez-vous m'en dire plus sur votre ancien protecteur et les mauvais traitements que vous avez reçu ?

Je tire Lyllea sur ma cuisse alors qu'elle commence son long monologue. Elle m'a dit qu'elle avait d'autres choses intéressantes à me raconter, mais elle ne m'en a pas encore fait part. Les deux femmes commencent à discuter du faucon, mais je les écoute d'une oreille distraite.

C'est comme ça qu'on apparaît dans la haute société ? Je suis un protecteur qui la force à avoir une relation avec moi ? Est-ce que je la force ? Lyllea a clairement évoqué son désir de rester ici en dehors de notre contrat, alors que je ne lui ai pas demandé ces derniers mois. Elle le fait parce qu'elle le veut ?

-Phoenix, Lyllea, est-ce que je peux vous donner un conseil ?

Je reporte mon attention sur Carla et hoche la tête pour l'écouter.

-Vous vivez dans un milieu dangereux. Tout le monde sait que vous êtes le parrain de la mafia sicilienne, et même si vous vous êtes débarrassé du faucon, vous aurez toujours des ennemis. Vous pourriez peut-être établir un nouveau contrat de protection, qui vous donnera légalement des droits pour attaquer une personne si elle tente de s'en prendre à Lyllea. J'ai entendu que vous souhaitez plus que ce contrat, mais vous pourriez tout de même en refaire un en plus de votre relation.

-Nous prendrons le temps d'y réfléchir, conclus-je avant de reparler du comité. Le comité exerce des violences envers les filles et leur ancre des règles archaïques dans leurs têtes pour les forcer à être les soumises de leurs protecteurs. Tu veux ajouter quelque chose Lyllea ?

Elle fait part de la seconde fois où elle est arrivée au comité des protégées, quand elle a été emmenée à l'hôpital et qu'ils l'ont fait passer pour une droguée pour qu'il n'y ait aucun soupçon autour du comité.

-Le problème est que nous ne savons pas véritablement comment cela se passe à l'intérieur du hangar où ils gardent les protégées, répond calmement Carla en réfléchissant. J'ai tenté de demander à la police de faire une enquête, mais ils se sont découragés. Vous avez reçu des mauvais traitements à votre formation, Lyllea ?

-Non, parce que je n'étais pas naïve. J'avais peur de ce qui arriverait si je ne les écoutais pas, alors je faisais tout ce qu'ils me demandaient. En revanche, j'ai pu me faire quelques amies protégées depuis que Phoenix m'a fait entrer dans la haute société, et ce n'est pas leurs cas.  Nous sommes censées rester six mois, si nous sommes assez dociles à leur goût. Une de mes amies est restée un mois de plus parce qu'elle a finalement accepté de coopérer. Ils l'avaient attaché à une chaise pendant des heures, avec un casque sur les oreilles où les règles étaient diffusées en boucle dans ses oreilles à très haut volume. Ils voulaient qu'elle répète chaque règle, et si elle se trompait, ils la mettaient nue et bâillonnée devant les autres filles dans la même situation qu'elle pour la frapper avec une planche en bois et après ça, ils l'arrosaient avec un jet d'eau glacé. D'autres filles sont restées plus longtemps que ça.

Carla frissonne après que Lyllea ait tenu son discours sur les mauvais traitements. Je garde le silence, parce que ça me donne juste la gerbe. Comment peut-on prétendre vouloir les protéger alors qu'on les blesse pendant la formation ?

-Vous m'avez parlé de votre ancien protecteur, et j'ai pu comprendre déjà dans le passé que les dossiers des hommes n'étaient pas étudiés avant d'accepter les contrats de protection. J'ai connu deux jeunes femmes protégées par le même homme. Il était connu pour les violences faîtes aux femmes, et les filles n'ont pas été très bien traitées.

-J'ai... Une autre histoire à vous raconter à ce sujet. J'ai eu la chance de faire la rencontre d'une fille un peu plus jeune que moi. Elle était incroyable et son histoire m'a vraiment... Perturbé. Le jour où sa protection a été mise en vente, un homme l'a acheté et a fait signer le contrat directement sur place comme l'exigent certains protecteurs. Elle a été emmenée dans une maison par le même homme qui avait acheté sa protection. Ils ont cohabité ensemble pendant trois mois, sans qu'il ne lui adresse un mot. Puis un jour, un autre homme est arrivé. Cet homme, c'était son véritable protecteur, celui dont le nom était sur les papiers. Cet homme, il avait passé trois mois en prison, et le comité n'a fait aucune vérification auprès du premier homme qui est venu la chercher. Elle a été battue et violée, parce que le prisonnier était connu pour des violences sexuelles et... Le jour où le faucon devait mettre en vente ma virginité, il était là. C'était un ennemi de Phoenix, et les hommes de Phoenix l'ont tué. Elle a été libérée à partir de ce moment et a pu reprendre sa vie comme j'ai repris la mienne ici.

Lyllea se tourne vers moi pour plonger son regard dans le mien et murmure quelques mots.

-Je ne suis pas la seule que tu as sauvé...

-Tesoro... Tu ne m'as jamais parlé d'elle.

-Quand je suis entrée dans la haute société, elle a fait ses recherches et a demandé à me parler, parce qu'elle a vu que j'étais à ton bras.

Des larmes d'effroi coulent désormais sur les joues de Carla, qui semble véritablement choquée d'apprendre tout ça.

-Il ne faut plus laisser toutes ces filles, souffle Carla. Il faut agir au plus vite.

-Je sais comment m'introduire au hangar du comité, mon frère a fait toutes les recherches nécessaires pour, j'achève en lui demandant de me faire confiance.

J'aurais besoin d'elle au moment où il faudra aider toutes les jeunes femmes en détresse. Aussitôt, elle commence à me délivrer des informations qu'elle a en sa possession concernant les pièces et les endroits qui peuvent se trouver dans le hangar, pour savoir où attaquer.