Chapitre 28 - Phoenix 👤

6.2K 299 0
                                    

Aujourd'hui encore, elle portait de beaux vêtements qui la mettaient en valeur. Elle était tout simplement magnifique et j'ai compris une chose importante : ce moment que je lui avais imposé à fait naître une meilleure version d'elle-même. Elle paraît plus sûre d'elle, et j'adore la voir comme ça.

Elle avance doucement vers moi et se pose sur mon lit en poussant un long soupir. Elle lève la tête vers le mur et je la rejoins au bout du lit.

-Qu'est-ce qui ne va pas ? Lui demandé-je doucement.

-Je me dis que... Commence-t-elle avant que sa voix ne se casse. Que peu importe le temps qui passera, les traces ne partiront pas.

-Je pourrais t'emmener voir quelqu'un qui pourrait t'aider. Un psychologue, un hypnotiseur, ce que tu veux.

-Non... Je ne suis pas sûre de m'être souvenue de tout. Je veux attendre. Mais même si le mental peut s'améliorer, mon corps me rappelle sans cesse que je ne peux pas fuir mon passé.

-Tu dois apprendre à vivre avec toutes ces traces, pour aller mieux.

Ses yeux s'emplissent de larmes et sa lèvre tremble légèrement.

-Elles sont partout. Comment quelqu'un pourrait m'aimer si je ne m'aime pas moi-même ?

Ses mots semblent résonner en moi et je bloque un instant. Je refuse strictement que quelqu'un puisse un jour l'aimer. Je ne sais pas vraiment ce qu'on ressent quand on est amoureux, mais je crois que j'aimerais être cette personne qui l'aime. Je ne veux pas seulement être un protecteur pour elle, je veux la protéger et la chérir pour la garder pour toujours avec moi.

Je pose ma main sur sa joue et tourne son visage vers moi. Elle laisse échapper quelques larmes que j'essuie avant d'embrasser son front.

-Tout ce que je vois à travers ces cicatrices, c'est la force que tu as eu pour supporter tout ça et venir jusqu'à moi.

-Tu n'as pas l'air de te rendre compte de tout ce que je peux avoir sur mon corps.

Elle saisit le bas de son haut dans une matière voilée et le soulève légèrement.

-Tesoro... Tu n'es pas obligée.

Elle secoue négativement la tête et je garde le silence. Un sanglot s'échappe de ses lèvres lorsqu'elle continue à remonter son haut sur son corps et elle ferme fortement les yeux en le retirant totalement.

-Tu as vu... Sanglote-t-elle en montrant ses côtes. Les dernières qu'il m'a faites, mais j'en ai eu d'autres pendant tout ce temps.

Elle se met dos à moi et je découvre son dos meurtri, marqué par d'innombrables cicatrices qui sont probablement des blessures ayant mal cicatrisé.

Je glisse doucement mes doigts le long de la plus grosse cicatrice, lui provoquant un frisson le long de l'échine.

-Il... Les coups de ceinture, de fouet ou de cravache.

J'embrasse son dos juste au-dessus de son soutien-gorge et elle se tourne vers moi pour croiser mon regard. Elle noue ses doigts aux miens et les pose d'une main tremblante sur le dessous de sa poitrine.

-Il a voulu me tuer, plusieurs fois. Ça a failli me transpercer le poumon. Il voulait me faire payer de ne pas lui proposer de... De coucher avec moi, parce que c'est ce qu'on nous apprend, à proposer.

Nos mains glissent sur son ventre et je la laisse faire sans rien dire. Je la laisse me parler, parce qu'elle fait un grand pas même si elle n'en a pas conscience.

-Des coups de couteau dès qu'il n'était pas content, et ça arrivait souvent.

Elle prend une grande inspiration, les yeux clos et glisse une main dans son dos. Lorsque je comprends ce qu'elle s'apprête à faire, je l'arrête sans plus attendre.

-Lyllea, non. Arrête, tu n'es pas obligée de me montrer s'il y en a à cet endroit.

-Je sais... Mais je veux te montrer.

L'agrafe de son soutien-gorge claque et ses bretelles glissent le long de ses bras. Je garde les yeux plongés dans les siens pendant qu'elle retire totalement son sous-vêtement. Je la laisse de nouveau prendre ma main et la poser contre la cicatrice sur le bas de son sein. Je caresse délicatement la blessure pendant qu'elle essuie plusieurs larmes sur ses joues.

-Il... J'avais très peu à manger. J'ai perdu du poids, et perdu... De la poitrine. Je n'étais plus celle qu'il avait achetée, comme il disait. Il haïssait le fait que j'avais une très petite poitrine après avoir maigri et dans un excès de colère... Il m'a encore coupé.

Un nouveau sanglot quitte ses lèvres et elle retire sa main de la mienne pour poser ses mains sur ses yeux. Je caresse tendrement les cicatrices sur son corps jusqu'à ce qu'elle me regarde de nouveau.

-J'en ai aussi sur les hanches et j'ai échappé de près à... L'excision. Parce qu'il se plaignait que je ne jouissais pas, mais ça m'aurait empêché d'avoir des rapports pendant un moment, et c'était encore pire pour lui.

-Peu importe tout ce qu'il t'as fait vivre, peu importe toutes les traces que tu as maintenant, tu es avec moi et je vais te protéger au péril de ma vie. Ton corps sera toujours magnifique, même avec tes cicatrices. J'aime ton corps, mais je veux que tu t'aimes toi d'abord.

-Regarde-les... Elles sont monstrueuses...

Je baisse le regard sur son corps et regarde chaque cicatrice en glissant mes doigts dessus, sous son silence.

-Tout ce que je vois, c'est une femme magnifique et forte, marquée par un passé tragique.

Elle secoue négativement la tête en pleurant et j'enroule mes bras autour d'elle pour ramener en haut du lit. Je glisse sous la couette avec elle et la serre contre moi en murmurant des mots réconfortants à son égard. J'embrasse le sommet de son crâne en la serrant plus fort contre moi, sans faire attention à sa poitrine nue.

-Ce soir, tesoro mio, tu as été très forte en me les montrant. Tu m'as raconté comment elles ont été faites et même si elles te rappellent de mauvais souvenirs, tu commences à les accepter sur toi. Merci de me les avoir montrées, je ferai tout pour qu'il n'y en ai jamais de nouvelles et s'il faut couvrir celles-ci pour que tu te sentes bien, alors tu le feras.

-Comment les couvrir ?

-Certains tatoueurs recouvrent les cicatrices par des tatouages.

-Des tatouages ?

Et ce fût la dernière chose qu'elle a prononcé ce soir, juste avant de s'endormir dans mes bras. J'ouvre la fermeture de sa jupe et la retire avant d'enlever mon T-shirt pour lui enfiler délicatement. Elle bouge légèrement, mais ne se réveille pas vraiment pour autant. Après tant d'émotions, elle doit être épuisée.

Protected by the devilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant