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Chapitre 37 - Lyllea 👤

-Tu ne m'as toujours pas dit où est-ce qu'on va, protesté-je en croisant les bras sur ma poitrine.

-Au paradis, tesoro, je te l'ai déjà dit, ricane l'homme à ma gauche en appuyant sur la pédale d'accélérateur pour doubler la voiture de devant.

-Tu m'énerves.

-On va en Sicile.

-On y était déjà.

-Alors on y reste.

Je souffle bruyamment et tourne ma tête vers la vitre pour regarder le décor sicilien qui ne m'a jamais paru aussi magnifique qu'aujourd'hui. Cinq ans sans voir tout ça m'a fait me rendre compte de la chance que j'ai d'être sicilienne, c'est un magnifique héritage que m'a laissé mon papa.

Ce bleu de l'océan est mis en valeur par les tas d'arbres verdoyants au bord des côtes. J'adore les maisons colorées devant l'océan, même si elles sont les unes sur les autres, parce qu'elles ont un charme fou, le charme sicilien.

Le voyage commence à devenir long, et je sens mes paupières qui s'alourdissent. J'aurais peut-être dû dormir au lieu de me demander toute la nuit où est-ce qu'il m'emmènerait.

-Lyllea... Souffle la voix masculine de Phoenix au bord de mes lèvres. On est arrivés tesoro.

J'ouvre grand les yeux et tente de me redresser, mais la ceinture me bloque. Phoenix ricane et je me détache pour regarder à l'extérieur de la voiture. Le paysage autour de moi me fige. J'ouvre légèrement la bouche et secoue négativement la tête.

-Non... Elle ne voudra pas me voir.

-Je l'ai appelée, elle te laissera entrer pour expliquer ce qui t'es arrivée. Allez, descends.

Je descend de la voiture sur mes jambes aussi molles que du coton et avance vers la maison blanche au toit rouge que j'ai habité pendant plusieurs années. Je saisis la main que mon protecteur me tend et me cache derrière son corps lorsqu'il frappe à la porte. Il retire ses lunettes qu'il accroche à l'ouverture de sa chemise et m'adresse un clin d'œil.

Dès que j'entends la porte s'ouvrir, je me cache un peu plus derrière lui et la voix qui me parvient aux oreilles me coupe le souffle.

-C'est pourquoi ? Lance ma mère d'un ton tranchant.

-Bonjour, nous avons parlé au téléphone hier. Je suis Phoenix Ricci.

-Où est-ce qu'elle est ?

Phoenix se décale et je me mets à paniquer. Elle me voit désormais et les larmes me montent aux yeux. Je me souviens immédiatement des au revoir il y a plus de cinq ans sur le pas de cette même porte. Ni elle, ni moi ne faisons un geste pendant de longues minutes.

C'est finalement une voix masculine qui interpelle ma mère et qui la ramène à la raison. Elle se décale et nous invite à entrer, ce que je fais avant Phoenix. Cette maison était mon chez-moi, mais je n'ai plus l'impression que ce soit le cas.

Un homme de grande taille avec des cheveux noirs de jais se tient derrière ma mère. Il me regarde avec un grand sourire et se présente immédiatement à moi.

-Alfonso, enchanté. Je suis le nouveau compagnon de ta mère. J'ai tellement entendu parler de toi par les garçons, je suis ravi de faire ta rencontre.

-Enchantée, réponds-je en retour. Est-ce qu'ils sont là ?

Il me fait un signe de tête et je le suis dans le salon, où les jumeaux attendent avec impatience dans le canapé. Bordel, mes petits frères ont tellement changé. Ils avaient à peine onze ans lorsque je les ai quittés, et ils en ont aujourd'hui seize.