Les mots que j'ai lu sur les feuilles anciennement vierges de Lyllea m'ont complètement retourné. Elle ne me laisse pas toutes les lire, mais ce que j'ai lu est amplement suffisant pour attiser ma rage.
"Lorsque je suis arrivée dans ce cabanon, je pensais que ce lieu serait mon refuge, mon lieu de protection pour que personne ne mette la main sur moi. Il n'a fallu qu'une semaine pour que je comprenne à quel point j'avais tort... Ce lieu était devenu ma prison éternelle, la cabane des péchés les plus sombres de ces hommes en costume."
Je tire plus fort sur la machine que j'utilise pour soulever la totalité des poids alors que ses mots tournent dans mon esprit. J'ai l'impression qu'elle les a ancré en moi, et pas sur ce putain de papier.
"Il m'a dit qu'il ne me partagerait jamais, parce que les filles comme moi n'appartenaient qu'à un seul homme, jusqu'à ce qu'il comprenne le véritable objet de confiance que je représentait. À chaque homme qui entrait, il faisait croire qu'il était unique. En laissant chaque homme me toucher, il leur faisait croire qu'il faisait ça pour leur montrer la confiance qu'il avait en eux. Il partageait mon corps, comme s'il partageait un repas. Les mots pour signer un pacte n'étaient plus suffisant, j'étais leur contrat, dans une parole silencieuse. Me toucher pour avoir des alliés importants, c'est ce qui lui a permis de se sentir encore plus puissant..."
Savoir qu'il faisait passer quantité d'hommes sur le corps de Lyllea juste pour les affaires me répugne à un point phénoménal. C'est lui qui me dégoûte, bien entendu, ce ne sera jamais Lyllea. Même avec tous ces hommes qui ont pu la toucher, elle est totalement pure à mes yeux, et c'est peut-être pour ça que j'ai le besoin indéniable de la protéger.
"Il me disait qu'il m'aimait, mais ce qu'il aimait véritablement, c'est lorsque je n'étais qu'une poupée de chiffon maniable qui se laissait toucher à volonté."
Comment peut-on confondre l'amour d'une personne avec le fait d'adorer lui faire du mal ? C'est insensé, ce mec est complètement barré.
"Je ne sais pas si je dois remercier mon corps pour ce qui a commencé à arriver au bout d'une année entière. J'étais en état de sidération à chaque fois que je le voyais entrer. J'aimais cet état parce que mon esprit me protégeait à sa façon, mais je détestais ça parce que je ne savais pas me débattre."
Il l'a tellement atteint profondément qu'elle a été touchée psychiquement, ce qui a protégé son corps comme elle pouvait.
"Une fois, plus que les autres fois, j'ai refusé qu'il me touche, refusé qu'il s'approche de moi. Il est parti, pour revenir avec les pires sadiques qui puissent exister. Ils ont fait entrer toutes sortes d'objets en moi pour me faire du mal, et lorsque je pensais être sortie d'affaire après leur départ, l'enfer a commencé pour moi. Il m'a battu tellement fort que je saignais de partout. Il me frappait avec des outils de torture, il s'amusait à me couper avec un couteau de cuisine. Je sombrais dans l'inconscience avec tout le sang que je perdais, il me réveillait et continuait pendant des heures entières. J'étais devenu son jeu favori."
Je laisse tomber tous les poids et me relève du siège pour frotter mon visage avec une serviette propre. J'espère que ça libère un peu Lyllea, parce que je suis en train de prendre toute sa peine face à ce qu'elle a vécu. C'était tellement difficile pour elle, j'espère qu'elle se sentira chez elle dans le manoir, parce que je ne compte pas la protéger. Tesoro mio, nous avons signé un contrat d'un an, mais je te protègerai toute ma vie.
Je soupire longuement en avançant vers une autre machine et je me sens soudainement observé. Je me tourne vers l'entrée de la pièce et aperçois Lyllea qui est posée contre l'encadrement de la porte. Elle m'adresse un sourire fatigué et je lui rend son sourire.
-Je me demande depuis que je suis sortie de ma chambre s'il y avait quelque chose au-dessus du deuxième étage, me confie-t-elle.
-Comme tu peux le voir, il y a ma salle de sport. Lorsque tu ne me trouves pas autre part dans la villa, c'est que je me trouve ici. La cave est également aménagée, je suppose que Giulia ne te l'a pas montré.
-Non, je n'ai pas vu.
-Tu peux entrer, tu sais ?
Elle sourit légèrement et entre un peu plus dans la pièce pour détailler tout ce qui l'entoure, soit la vingtaine de machines que j'ai fait installer dans ce lieu.
-J'allais aller à la cave, tu veux venir faire un tour ?
Elle me regarde avec étrangeté et détourne le regard.
-Cette proposition me paraît bizarre...
Je ricane et récupère une bouteille d'eau dans le frigo avant d'avancer vers la sortie de la pièce.
-Si tu viens, tu verras bien ce que je peux faire là-bas.
Elle me suit par curiosité jusqu'à la cave et ouvre grand les yeux lorsque j'allume la lumière. Des stands de tirs avec un mur d'armes sont éclairés par des néons rouges, installant une atmosphère dangereuse. Sa bouche s'ouvre légèrement lorsqu'elle regarde autour d'elle.
Je saisis un pistolet et nous enfilons tous les deux un casque pour que je tire à plusieurs reprises en plein dans la tête de la cible. Elle reste en retrait, comme perturbée par ce qui se passe sous ses yeux. Je retire mon casque et pose mon regard sur elle.
-Je veux apprendre à me servir d'une arme, lâche-t-elle en me regardant avec détermination.
-Tu veux apprendre ? Je suis là pour te protéger, Lyllea.
-Oui mais... Je veux dire, il suffit d'une fois et puis si je pars après notre année de contrat, je vais devoir me protéger moi-même. Je ne voudrais plus d'un autre protecteur.
J'avance lentement dans sa direction pour arriver face à elle. Je me penche et murmure dans son oreille.
-Qui a dit que je te laisserai à un autre protecteur ? Je te protègerai jusqu'à ma mort.
Je la laisse plantée là et retourne à l'étage. Elle met plusieurs minutes pour me rejoindre, les joues rouges. Elle glisse une mèche de cheveux derrière son oreille.
-Je ne rigolais pas, je veux apprendre.
-On verra ça la semaine prochaine, mais sache que moi non plus, je ne rigolais pas.
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Protected by the devil
RomanceDans la haute société italienne réside un comité prestigieux : celui des protecteurs. Ces hommes riches achètent la protection de jeunes femmes qui ont tout pour plaire. Elles sont jeunes, belles, intelligentes et sûres d'elles. Enfin... C'est ce de...