Chapitre 7 - Phoenix 👤

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-Mais pourquoi on peut pas aller la voir ? Souffle Fabio en se laissant tomber dans le canapé.

-Moi j'ai trop envie de la voir, lance Orlando d'un ton boudeur.

-Elle est belle ? Reprend Fabio en se redressant.

-Elle est blonde ? Brune ? Blanche ? Métisse ?

Je saisis la bouteille de Martini et bois directement au goulot sous les réprimandes de mon père. Je ne vais pas les supporter bien longtemps, ils sont comme ça depuis trois longs jours et je n'en peux déjà plus.

-Moi je suis sûre qu'elle est totalement du style de Phoenix ! S'exclame Giovanni. Et pourquoi Adrian il nous dit rien ?

-Parce que c'est pas marrant de demander à Adrian, c'est plus marrant de demander à Phoenix.

-Bordel assez ! Crié-je en posant mes mains sur mes oreilles. Arrêtez de me poser des questions sur elle, vous ne saurez rien.

-Pourquoi tu vas pas la voir ? M'interroge Lorenza qui discutait avec Giulia de trucs de filles.

-Ouais, t'as raison, je vais aller la voir et aller loin de vous.

Je me lève du fauteuil et monte les escaliers pour aller au deuxième étage où se trouve sa chambre. Je ne sais même pas pourquoi je vais vraiment y aller, je pourrais aller dans mon bureau et m'enfermer pour les esquiver, mais je ne l'ai pas encore vue depuis ses confidences à Giulia.

Je pousse doucement la porte au cas où elle dormirait, mais elle est toujours dans le coin de sa chambre, dans son éternelle position. Elle relève la tête dans ma direction et je crois bien que c'est la première fois que je croise son regard.

De grands yeux marrons noyés dans des larmes, des lèvres pulpeuses et de longs cheveux bruns qui habillent sa peau métisse. Ses origines thaïlandaises la rendent indéniablement belle.

Non, elle n'est pas mon genre de femme habituel, mais je crois que ça ne me dérangerait pas de la voir dans la villa. Elle est vraiment très belle.

Maintenant que je suis là, je me rends compte que je n'avais rien prévu. Comment vais-je justifier ma présence sans l'effrayer ?

-Eum... Tu as besoin de quelque chose ? Proposé-je finalement.

Elle secoue négativement la tête en posant son menton sur ses genoux pour baisser le regard.

Je ferme la porte derrière moi et m'appuie contre celle-ci en glissant mes mains dans mes poches, le regard toujours rivé sur elle. D'où je suis, j'entends clairement sa respiration qui s'accélère.

-Tu ne veux pas prendre un peu l'air ? Il fait bon dehors.

Une seconde réponse négative me parvient et je soupire doucement.

-Tu n'as pas à avoir peur, je ne te ferai pas de mal, bien au contraire. Je me demandais, tu ne dors pas dans ton lit ?

-Non.

-Pourquoi ?

Elle commence à respirer vite et fort, et je me dis que j'ai probablement fait une connerie. Mais comment vais-je avancer si elle a peur de ma présence ? Elle ferme fortement les yeux et pose son front sur ses genoux pour m'empêcher de la voir dans cet état.

Je décide de faire ce qui me semble le mieux dans cette situation : appeler Giulia, qui débarque paniquée dans la chambre.

-Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce que tu as fait Phoenix ?

-Rien, je suis resté là pour lui parler. Je ne l'ai pas approchée.

Elle me regarde, mitigée, avant de s'accroupir devant elle pour l'aider à reprendre sa respiration. La porte s'ouvre brutalement et les deux grands frères entrent dans la pièce. Ils se penchent et découvrent le corps de Lyllea en poussant des exclamations de joie.

En les apercevant, Lyllea se remet à respirer difficilement et je serre les dents en me retenant de frapper mes cousins.

-Dégagez de là merde ! Si vous êtes encore là dans trois secondes, je vous jure d'éclater vos faces contre le mur !

-Mais s'il te plaît Phoenix ! Me supplie Orlando.

-Giulia, sors-les de là avant que je ne les cogne tous les deux.

Elle se relève et raccompagne les garçons en bas alors que Lyllea est prise de violents sanglots. Comment on est censé calmer ça ?

Je m'avance avec hésitation vers elle et prend place face à elle.

-Lyllea... Regarde-moi, demandé-je le plus doucement possible.

Elle continue de pleurer et je tourne son visage dans ma direction.

-Regarde-moi dans les yeux. Ce sont mes cousins, rien ne t'arrivera chez les Ricci. Je te le promets, fais-moi confiance.

Son souffle se coupe lorsqu'elle croise mon regard et je retire ma main pour ne pas l'effrayer. Je suppose que les contacts physiques avec des hommes ne doivent pas arranger son cas. Elle frotte ses larmes et se redresse en glissant une main tremblante dans ses cheveux.

-Je... Commence-t-elle avec hésitation. Je ne peux... Ne sais pas, dormir dans le lit.

-Est-ce que tu as envie de me dire pourquoi ?

Elle hoche doucement la tête et je lui laisse le temps dont elle a besoin pour me le dire. Elle prend une grande inspiration en regardant ledit lit.

-C'est trop grand et... Je ne me sens pas en sécurité.

-Alors que dans le coin, tu te sens en sécurité ?

Elle hoche de nouveau la tête en me montrant les deux murs contre lesquels elle est posée, ainsi que la porte de sa chambre.

-Ici, je peux me cacher.

Une idée se met à germer dans mon esprit et je jette un coup d'œil circulaire à la pièce. Ce nouvel aménagement pourrait être une solution, et je vais vraiment y penser.

-Je reviendrai demain, je pense à quelque chose mais je n'ai pas le matériel pour. Tu as besoin de quelque chose pour te sentir un peu mieux ici ?

Elle secoue négativement la tête en croisant les pieds.

-Appelle-moi ou Giulia si tu as besoin de quelque chose. Tu peux sortir d'ici si tu le veux. On partage la même salle de bain, tu peux aller dans ma chambre. Elle a un petit balcon, tu peux y prendre l'air quand tu veux.

Elle me remercie fébrilement et je quitte la pièce en la saluant. Elle semble tellement traumatisée et fragile que j'ai envie de tout faire pour qu'elle aille mieux.

J'aurais très bien pu descendre les garçons moi-même, mais je crois que je n'avais pas envie d'être violent devant elle, c'est pour ça que j'ai demandé à Giulia.

Je referme la porte derrière moi et croise le regard de ma sœur. Elle m'adresse un grand sourire, les bras croisés sur sa poitrine.

-Tout va bien avec Lyllea ?

-Elle va bien.

Je descends les escaliers et me rends au garage pour prendre mon 4×4 pour mettre tout le matériel dont j'aurais besoin. Adrian me rejoint en me proposant son aide, et je l'envoie surveiller nos cousins. J'ai juste besoin qu'ils me fichent la paix.

Un message apparaît sur l'écran de ma voiture et je prends un instant pour le lire.

Giulia - Tes premières actions en tant que protecteur, grand frère 🫶🏻

Je lève les yeux au ciel et laisse une vue sur son message en quittant le domaine.

Protected by the devilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant