Chapitre 3 - Phoenix 👤

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En entrant dans mon bureau, je suis soulagé de voir que mon idiot de frère a bien fait ce qu'il avait à faire. Un dossier rouge avec une photo de la jeune femme avec un nom : Lyllea Costa. Voilà comment s'appelait la femme que je suis censé protéger.

Ils ont beau avoir dit qu'elle serait ma protégée, je ne prendrai aucune décision sans avoir pris la peine de faire quelques recherches sur elle. Je me méfie toujours de chaque personne, surtout des femmes. Elles essaient tout le temps de me séduire à des fins dangereuses : avoir des informations sur moi et sur tout ce que je gère. Je n'ai aucun mal à les abattre lorsqu'aucun homme n'est leur protecteur, sinon je l'abat lui d'abord, puis elle.

Je trouve un post-it sur le coin de la pochette avec des mots écrits de la main de mon frère "Elle est clean et attend avec impatience que tu sois son protecteur, Nixi chéri." Ça, c'est le surnom que plusieurs femmes m'ont déjà donné, et Adrian adore l'utiliser pour se moquer de moi.

Je roule le post-it en boule et le jette dans ma poubelle avant de me servir un verre de Martini pour consulter le dossier de la jeune femme. Je choppe un surligneur et mets en valeur quelques informations essentielles sur elle.

Elle est thaïlandaise et italienne, fille de parents divorcés et elle a vingt-trois ans. Vingt-trois ans me paraît assez vieux pour une protégée. D'habitude, ils les prennent presque au berceau. Je note cette information directement sur le papier, parce qu'elle mérite d'être approfondie.

Aucun casier judiciaire, ni relation avec des personnes louches. Des résultats scolaires excellents dans toutes les matières sans exception et... Du vide, le néant.

Après ses dix-huit ans, pas d'études supérieures, ce qui me paraît assez étonnant avec des résultats aussi parfaits. Je n'ai aucun retour sur ce qui s'est passé ces cinq dernières années. C'est impossible qu'elle ait passé cinq ans chez elle à ne rien faire, comment le comité des protecteurs l'aurait trouvé, sinon ?

Je soupire longuement en me disant qu'il y a quelque chose de louche dans toute cette histoire. Je choppe mon téléphone et appelle Adrian qui débarque cinq minutes plus tard avec un énorme sourire.

-Alors ta journée d'anniversaire ? Sourit-il.

-Super, mon père a accueilli une inconnue sur la demande de mon idiot de frère qui a mal fait ses recherches.

-Comment ça ? Mes recherches sont impeccables ! J'ai relevé tout ce qu'il fallait savoir !

-Elle a quel âge ?

-Vingt-trois ans, et je suis sûr qu'elle a également toutes ses dents !

-Comment tu m'expliques que tu n'as rien écrit sur sa vie de ses dix-huit ans à aujourd'hui ?

-Quoi ?

-Résultats du Baccalauréat, et après ?

-C'est tout ce que j'ai trouvé à son sujet, m'explique-t-il, troublé. Passe-moi ton ordinateur, pour que je vérifie.

Je lui tend mon ordinateur portable et il l'ouvre dans le silence. Il pianote pendant plusieurs minutes et je patiente en buvant un peu de ma boisson alcoolisée. Il pose l'ordinateur devant moi et je constate sur son logiciel que rien n'apparaît sur ces cinq ans d'après Baccalauréat.

Je me relève de mon siège et avance vers la porte alors qu'il commence à paniquer.

-Eh, tu vas faire quoi ? Ne lui fais pas de mal, tu es censé la protéger !

-Pas tant que je n'ai rien signé.

Je claque la porte derrière moi et avance dans le couloir jusqu'à sa chambre. J'entends Adrian sortir du bureau à son tour, mais il ne me suit pas, et tant mieux.

Je pousse la porte de la chambre sans prendre la peine de frapper et je ne la vois pas. Bordel, si elle fait comme chez elle, ça ne va pas le faire. Je n'ai pas envie de la croiser chez moi en ce moment.

-Où elle est ? M'écrié-je dans la maison.

Giulia apparaît affolée et se pose devant moi. Elle tente d'entrer dans la chambre, mais je la bloque.

-Je te jure qu'elle est à l'intérieur, Phoenix.

Je la laisse passer et elle pénètre dans la pièce avant de se tourner vers moi.

-Elle est dans le coin.

J'entre de nouveau et me penche derrière la porte pour apercevoir son corps recroquevillé. Ses jambes sont de nouveau collées contre sa poitrine, et sa tête posée sur ses genoux. Son corps est secoué par des tremblements qui ne me calment pas pour autant. J'avance vers elle en de grandes enjambées et m'arrête devant son corps.

-Qu'est-ce que tu as foutu ces cinq dernières années ? Où est-ce que tu étais ?

Des pleurs auditifs me parviennent aux oreilles et je tape du pied, commençant à perdre patience.

-Phoenix, m'arrête Giulia, stop. Tu lui fais peur, ce n'est pas la bonne solution.

-Ça fait cinq ans qu'elle n'a rien fait. Avec des résultats scolaires excellents comme les siens, elle devrait être titulaire de n'importe quel Master ! Mais non, rien, elle n'a rien fait ! Où est-ce qu'elle était et qu'est-ce qu'elle a fait bordel ? T'es envoyé par quelqu'un ?

Giulia pose sa main sur mon biceps et me tire en arrière pour rejoindre Lyllea au sol. À genoux face à elle, Giulia m'adresse un regard noir en passant un bras autour des épaules de la jeune femme.

-Eh... Ne t'en fais pas, je suis là. Il ne t'arrivera rien ici. Tu es en sécurité avec nous...

Elle me jette un regard en coin et me demande de quitter la pièce. Je prends sur moi et sors en croisant les bras contre mon torse. Je patiente jusqu'à ce que ma sœur sorte en fermant la porte doucement derrière elle. Elle m'adresse un léger sourire en avançant jusqu'à mon bureau.

-Elle s'est endormie, je crois qu'elle n'a pas dormi cette nuit.

-Tu m'expliques pourquoi tu la défends autant ?

Elle s'installe dans le fauteuil en se servant un verre de Martini et soupire doucement.

-Je ne sais pas ce qui a pu lui arriver, Phoenix. Enfin je l'imagine et je redoute le pire. Je... Depuis hier j'ai remarqué qu'être à proximité d'un homme l'effrayait énormément, même avec papa qui met n'importe qui en confiance.

-Oui et ? Je suis censé en avoir quelque chose à faire ? Je ne sais pas ce qu'elle a fait pendant cinq ans et je ne peux pas promettre de la protéger sans savoir ça.

-Tu ne peux pas dire ça, laisse-lui du temps. Je vais essayer de lui parler, mais je ne veux pas jouer ton rôle. Son protecteur sera toi, je veux qu'elle réussisse à te parler à toi, et pas à moi. Laisse-lui une chance.

Je soupire en me resservant du Martini. C'est beaucoup trop compliqué ce qu'elle me demande là. Je ne suis pas patient, je veux savoir qui elle est le plus vite possible.

-Tu trouves qu'elle a l'air d'une protégée ? Demandé-je enfin en me laissant tomber dans le fauteuil.

-Je ne sais pas, Phoenix. Je me dis qu'elle n'est pas là pour rien, mais d'un autre côté je me demande vraiment pourquoi elle est là. Peut-être qu'on l'a forcée ? Peut-être qu'elle fuit un passé compliqué ?

Un passé compliqué... Mais quoi ? Je rejette la tête en arrière en me demandant ce qui a vraiment pu lui arriver pour qu'elle se soit mise dans un état pareil parce que j'ai juste un peu crié sur elle.

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