Chapitre 8 - Lyllea 👤

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Comme prévu, Phoenix entre dans ma chambre le lendemain. Habillé simplement d'un T-shirt blanc et d'un short, il me prévient qu'il va y avoir du mouvement dans ma chambre.

-Tu peux aller dans ma chambre ou... Rester dans ton coin, si tu préfères. Tu auras juste moins cet effet de surprise en restant ici.

Je prends un instant à détailler sa carrure imposante. Il a des cheveux blonds et des yeux bleus ainsi qu'une mâchoire carrée. Je crois qu'après l'épisode d'hier, je n'ai plus aussi peur de lui qu'avant. Il paraissait vraiment calme et j'ai été très étonnée, mais agréablement surprise.

Sans dire mot, je me lève et passe dans la salle de bain pour rejoindre sa chambre. Elle est presque pareille que la mienne, si ce n'est qu'elle est bien plus sombre, avec plusieurs photos sur l'un des murs. Sur les photos, je reconnais son père, Adrian et Giulia, mais aussi les deux garçons d'hier.

Je décide d'accepter sa proposition d'aller un peu sur son balcon. En prenant une grande inspiration, j'ouvre la baie vitrée et m'installe sur le siège en m'appuyant sur le rebord du muret. Je distingue le labyrinthe, mais ne vois pas ce qui se cache derrière. En revanche, je remarque immédiatement toute la famille dans la piscine.

Personne ne me rejoindra au moins, c'est plutôt une bonne chose. Une fille me remarque et m'adresse un signe de la main, ce qui vaut tous les regards sur moi.

-Tu veux nous rejoindre ? Propose Adrian.

-Non, refusé-je.

-Une prochaine fois ?

Je lève mon pouce et me recule pour me cacher de leurs regards qui me gênent. Chaque personne qui m'a regardé ces derniers mois portait un regard salace sur moi. Je faisais tout pour me cacher, et je crois que je ne vais pas perdre cette habitude de sitôt. J'aurais toujours peur qu'il me retrouve, à chaque instant.

Je laisse les larmes couler, parce qu'elles semblent apaiser mon cœur qui saigne. Je repense à tout ce que j'ai vécu en réfléchissant à la manière dont j'ai atterri soudainement chez les Ricci. Les Ricci... À chaque fois que ce nom me vient à l'esprit, je me dis que je l'ai déjà entendu, mais j'ignore vraiment où.

-Tout va bien ? M'interroge finalement la voix masculine de Phoenix après je ne sais combien de temps à laisser parler mes émotions.

J'essuie mes larmes avant de me tourner vers lui et hoche la tête. En plein milieu de sa chambre, il laisse une distance de sécurité non négligeable entre nous et ça me rassure qu'il fasse attention à ce genre de détail.

-Tu peux y aller quand tu veux, sur le balcon.

-Merci...

-Tu n'as pas à me remercier, viens, j'ai fini.

Je me lève et referme la baie vitrée avant de rejoindre ma chambre qui a drastiquement changé. Mais où est passé le lit ? Pas que ça m'intéresse parce que je ne m'en sers pas, mais c'est un peu le but d'une chambre.

Je le regarde avec interrogation et il avance vers sa construction en souriant.

-Tu m'as dit que tu ne te sentais pas en sécurité et... Je ne veux pas que tu dormes dans le coin de ta chambre. J'ai caché ton lit, c'est ton cocon. Tu peux aller voir, regarde.

Il glisse les draps sur le côté et je découvre qu'il y a toujours un lit, mais posé sur des palettes sur le sol. J'avance lentement jusqu'à lui et entre dans la cabane faite de draps blancs. Le lit avec tous ses coussins se trouve désormais contre le mur, totalement caché sous les draps qui sont décorés par des guirlandes lumineuses.

Je crois que c'est la chose la plus attentionnée qu'on ait pu me faire dans toute ma vie. Il m'a questionné sur mes peurs, j'ai essayé de lui faire confiance en lui en parlant et il a agit en conséquences. Au lieu de se foutre complètement de ce que je lui ai dit, il m'a créé un endroit où je pourrais me sentir en sécurité, tout en veillant à mon confort.

Je m'installe contre les coussins et regarde avec émerveillement tout ce qui m'entoure. C'est adorable, et ça me correspond vraiment.

-Je t'ai dit que tu étais en sécurité ici, mais c'est à toi de te sentir en sécurité. J'espère que ça va t'aider à mieux te sentir dans ta chambre avant que tu ne t'aventure dans le manoir. Il y a un petit frigo en dehors de ta cabane, tu auras de quoi boire quand tu veux et quelques petits trucs à grignoter.

Je retourne au bord du lit pour qu'il apparaisse dans mon champ de vision et je lui adresse un grand sourire.

-C'est génial, merci, sincèrement.

-Rien ne t'empêche de t'aventurer dans le manoir, mais fais-le quand tu seras prête. Ils ne vont pas tarder à reprendre le travail ou les cours, tu seras un peu plus tranquille si tu veux visiter toute seule.

Je hoche la tête sans perdre mon sourire. J'ai comme l'impression que je lui suis redevable parce qu'il fait beaucoup pour moi en si peu de temps. Peut-être que je devrais moins me braquer lorsqu'il me parle.

-Je te promets que je ferais payer chaque enfoiré qui a pu te rendre aussi craintive face au monde qui t'entoure.

Ses yeux bleus qui me fixent semblent me transpercer, mettre à nu mon âme. Je comprends à travers ses yeux qu'il est totalement sincère vis-à-vis de ce qu'il me dit.

-Est-ce que tu te cachais aussi... Avant ?

-J'essayais... J'étais dans une cabane au fond d'un jardin pendant quatre ans et demi et... Et c'était dur de me cacher dans un si petit endroit.

-Comment tu es sortie de cet enfer ?

Les larmes me montent aux yeux et je regarde le sol avec confusion.

-Je ne sais pas...

-Tu ne t'en souviens pas ?

-Non, je ne me souviens de rien.

-L'essentiel, c'est que tu te sois sortie d'affaires. Tu es ici chez toi maintenant. J'ai du travail, je vais te laisser. Tu sais que tu peux descendre, appeler Giulia ou venir dans mon bureau au bout du couloir, si tu as besoin.

Je hoche la tête en le remerciant et il repart de ma chambre en me laissant profiter du cocon qu'il a conçu. Je crois que je pourrais peut-être mieux dormir maintenant, c'est comme si j'avais une protection tout autour de moi. J'ai très peu dormi depuis que je suis ici, je crois qu'une bonne nuit de sommeil ne me ferait pas de mal, si mes démons ne me rattrapent pas...

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