Cela fait déjà plusieurs minutes que Giulia tente de me faire parler au sujet de mon vécu, au sujet de mon passé et il est pour moi impossible de formuler des mots sur toutes ces scènes qui ne sortent pas de mon esprit.
J'aimerais tourner la page, retourner en arrière pour écouter mes parents et rester chez ma mère, ou emménager chez mon père pour un nouveau départ. J'aurais aimé devenir une femme, une vraie femme de société, mais tout a basculé lorsque je me suis retrouvée retenue chez la mauvaise personne, celle qui allait me détruire au plus haut point, me réduire en miettes au point de ne plus laisser mon corps réagir pendant toutes ces agressions.
-Écoute... Je suis certaine que ce que tu as vécu n'a pas été facile vu comment tu te comportes depuis que tu es ici, mais je préfère être honnête avec toi. Tu es en sécurité avec nous, personne de cette maison ne te fera du mal, mais Phoenix est méfiant avec tout le monde. Il est obligé de l'être dans ce milieu, tu comprends ?
Les yeux clos d'où coulent un torrent de larmes, je hoche la tête en me pinçant les lèvres.
-Si je te replonge dans de mauvais souvenirs, ce n'est pas avec plaisir que je le fais, mais Phoenix a besoin de savoir d'où tu viens pour te promettre de te protéger. Qu'est-ce qui t'es arrivé pendant cinq ans ? Je ne veux pas tout savoir, tu ne me dois rien, mais s'il devient ton protecteur, tu lui dois à lui.
-Je...
Un nœud se forme dans ma gorge lorsque tous les souvenirs remontent. J'entends leurs voix qui gémissent mon prénom, je revois chaque détail de leurs visages dégueulasses, mais surtout du sien. Il était insatiable, ou accro à mon corps toujours en développement et il m'a dégoûté au plus haut point à chaque fois qu'il était dans mon champ de vision.
-Ne bouge pas, je reviens.
Elle se relève et me laisse seule dans cette chambre censée être la mienne et je panique, de peur que l'un d'eux puisse arriver jusqu'ici. Je frissonne longuement en me souvenant de leurs mains sur moi et mon souffle devient saccadé. Rapidement, je peine à retrouver mon souffle alors que les larmes coulent de plus en plus, selon mon rythme cardiaque accéléré.
-Oh merde ! Lyllea, Lyllea je suis là, ne panique pas.
Giulia se pose de nouveau face à moi et prend mes mains dans les siennes en m'invitant à reprendre ma respiration sous le rythme qu'elle impose.
-Inspire et bloque... Voilà et maintenant expire...
Je retire mes mains et glisse mes doigts à la racine de mes cheveux pour les tirer légèrement, comme si cela allait m'aider à me sortir ces images de ma tête. Je sais que ce n'est pas possible, que je vais devoir vivre avec ça, mais je tenterais le tout pour le tout afin de ne plus avoir ces horribles images en tête.
-Je ne veux vraiment pas te forcer, mais tu as besoin d'aller mieux et je suis certaine que tu as besoin de te sentir en sécurité. Je suppose que tu n'arriveras pas à m'en parler et je ne t'en veux vraiment pas pour ça, mais... Est-ce que tu accepterais de hocher la tête si je te pose quelques questions ?
Je jette un coup d'œil vers elle en me sentant reconnaissante envers cette femme. Je sais qu'elle fait ça pour m'aider et je la remercie de ne pas me forcer. Je n'ai pas la force de formuler des mots à haute voix pour lui exprimer ma gratitude, mais peut-être que j'arriverai à échanger avec elle lorsque ces images sortiront de mon esprit ?
Je hoche la tête en glissant mes mains sur mes jambes. Elle me tend un verre d'eau qu'elle était probablement allée chercher et attend que je boive le contenu avant de poser ces questions tant attendues.
-Lyllea, est-ce que tu as vécu des violences physiques ?
Je hoche de nouveau la tête en détournant le regard, trop honteuse pour la regarder en face en avouant ce que j'ai vécu.
-Et... Des violences sexuelles ?
Des larmes refont leur chemin lorsque j'opine. Bordel c'est tellement dur d'avouer ce que j'ai vécu pendant tout ce temps, j'ai tellement honte...
-Toutes, lâché-je la voix cassée. Tout type de violences...
-C'est bien ce qu'il me semblait. Je te remercie de m'avoir éclairé, je te promets que rien de tout ça ne t'arrivera ici, tu m'entends ? Tu vas devenir officiellement sa protégée, et on te protégera tous, moi la première. N'aie jamais honte, n'oublie pas que ce n'est pas de ta faute si tu as vécu de telles choses... Tu m'entends ? Ce n'est pas ta faute.
-C'est dur...
-Je sais Lyllea, mais moi tout ce que je vois en toi, c'est une femme très forte. Tu es toujours là après tout ce que tu as vécu, on va t'aider à reprendre ta vie en main pour remonter la pente.
Elle m'adresse un sourire et je lui répond par un léger sourire également.
-Ça c'est ce que je veux voir sur tes lèvres continuellement. Je suis désolée, mais j'ai un rendez-vous médical, je vais devoir te laisser. Je reviendrai juste après.
-D'accord.
Elle se relève et se tourne une dernière fois vers moi en prenant une grande inspiration.
-Si... Si tu as les noms de ceux qui t'ont fait ça, n'hésite pas à me les dire ou à me les écrire.
-Pas... Pas maintenant.
Elle hoche la tête et me fait un grand sourire.
-Tu es une femme forte et magnifique. Je ne t'en voudrais jamais si tu prends le temps de nous révéler le nom de celui qui a pu te faire du mal. N'oublie pas que n'importe qui aimerait avoir ton courage, je t'admire Lyllea.
Sur ces mots, elle quitte ma chambre et me laisse avec mes idées noires. Les jambes tremblantes, je me lève de mon coin et avance dans la salle de bain. Je ferme derrière moi et m'accroupis devant les toilettes. Je me fais vomir, comme à chaque fois, pour essayer de rejeter tout ce que j'ai en moi. Je finis par éclater une nouvelle fois en sanglots en m'appuyant contre la baignoire après avoir tiré la chasse d'eau.
Lorsque je me sens mieux, je me brosse les dents et retourne dans le coin de la pièce en laissant traîner mon regard sur l'énorme lit. Je me suis réveillée dessus ce matin. Je ne sais pas comment, mais ça m'a tellement fait peur de me retrouver au milieu de cette immense pièce que je me suis précipitée vers le coin pour essayer de me cacher.
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Protected by the devil
RomanceDans la haute société italienne réside un comité prestigieux : celui des protecteurs. Ces hommes riches achètent la protection de jeunes femmes qui ont tout pour plaire. Elles sont jeunes, belles, intelligentes et sûres d'elles. Enfin... C'est ce de...