Protected by the devil

Chapitre 23 - Lyllea 👤

Après une séance d'écriture riche en émotions, je décide de sortir de ma chambre. Cette chambre est devenue un véritable refuge, l'endroit où je me cache, l'endroit où j'évoque toutes mes craintes, mais surtout l'endroit où je me fais rassurer.

Doucement, mais sûrement, je commence à m'habituer à ce nouveau lieu de vie. Je commence également à l'apprécier et je me sens petit à petit en sécurité dans le manoir. C'est difficile, par rapport à tout ce qu'on a pu me faire vivre, mais je prends sur moi.

Le problème est que je trouve le manoir beaucoup trop grand, et l'espace vide ne me permet pas de me sentir en sécurité. En revanche, les pièces dans lesquelles je reste sont des pièces dans lesquelles je me sens en confiance.

Je me sens en sécurité dans ces lieux que je commence à connaître puisque Phoenix est toujours avec moi. Il passe énormément de temps avec moi chaque jour. Je suis en sécurité dans mon lit aussi parce qu'il est dans la chambre juste à côté.

De plus, j'apprends doucement à me battre et je pourrais ne serait-ce qu'un peu me défendre. Phoenix m'a montré tous les lieux où des armes sont cachées dans le manoir, parce qu'il sait que je sais m'en servir de mieux en mieux. Je ne sais me servir que des revolver, mais ça me va. Je ne veux pas tenir une grosse arme entre mes mains pour le moment. Je ne m'en sens pas prête, surtout par rapport à tous ces hommes armés jusqu'aux dents qui ont déjà entré une arme en moi en me menaçant de mort si je ne faisais pas ce qu'ils voulaient.

Je prends une grande inspiration et avance dans le couloir en me rappelant qu'il m'avait demandé de le rejoindre pour notre entraînement hebdomadaire. J'avance jusqu'à son bureau où j'entends la voix de Phoenix et celle d'Andrea, son meilleur ami.

-Le faucon a bougé d'endroit, l'informe Andrea.

-Où est-ce qu'il est ? L'interroge immédiatement Phoenix.

-Il se rapproche de la Sicile, c'est tout ce qu'on sait pour le moment. On attend que nos infiltrés aillent dans sa nouvelle planque pour savoir où il se trouve exactement.

-Fais-le surveiller, il ne doit pas mettre un pied sur notre territoire. Si le faucon se rapproche, c'est qu'il a quelque chose en tête.

Je lâche un hoquet de surprise en entendant le surnom et cours jusqu'à ma chambre en tentant de retenir mes sanglots. Je tombe à genoux au sol et pose mes mains sur mes yeux déjà brouillés de larmes.

Me laisser me reconstruire pour mieux me détruire, c'était ça, son objectif. Voilà la raison pour laquelle il m'a lâchement abandonné du jour au lendemain.

"N'oublie pas, le phénix est une légende alors que le faucon réussit toujours à avoir sa proie."

C'était l'une des dernières phrases qu'il m'ait dite... Il avait tout planifié, il voulait que j'atterrisse chez les Ricci... Il voulait que je sois dans les mains de son pire ennemi et il a réussi, grâce au fruit du hasard.

Cristian a acheté ma protection en ignorant le plan du faucon, il est tombé dans la gueule du loup. Il a acheté la plus souillée des protégées sur le marché ce jour-là et j'ignore comment je lui ai tapé dans l'œil.

Je glisse mes mains jusqu'à la racine de mes cheveux et tire légèrement dessus alors que les souvenirs de ma sortie de ce cabanon me reviennent enfin en mémoire.

Flashback : Dernier jour chez le faucon

La porte du cabanon en bois grince doucement, provoquant des tremblements intenses dans tout mon corps meurtri et fragile. Je ferme fortement les yeux jusqu'à me faire mal, en redoutant le faucon qui va entrer dans mon lieu de vie pour me faire vivre un enfer.

-Je sais que tu ne dors pas mia cara, retentit sa voix grave qui hante mes nuits.

J'ouvre les yeux et aperçois sa silhouette grassouillette boudinée par sa chemise blanche bien trop petite pour lui. Elle est de couleur blanche pour qu'on puisse voir le grand faucon aux ailes déployées sur son torse et dans son dos et quelque peu tachée par des traces de transpiration.

-Lève-toi, tu sors.

Mes yeux s'ouvrent en grand sous la surprise et je me redresse sur le matelas souillé par toutes les personnes passées dessus et abîmé par sa vieillesse. Je me lève du lit avec espoir et me retiens au mur en raison du déséquilibre qui vient secouer mon corps.

-Regarde-moi bien, grogne-t-il en saisissant ma mâchoire. Je vais te laisser sortir d'ici, te laisser être utilisée par un autre homme qui va prétendre être ton protecteur, mais je te préviens. Le jour où le faucon reviendra te chercher, le phénix ne renaîtra pas de ses cendres, c'est moi qui prendrai le relais pour t'emmener au paradis dans mon sombre royaume...

Il me bouscule en dehors de la cabane et je m'étale sans grand étonnement au sol. Je ne me rappelle plus de la dernière fois où j'ai vu le soleil, mais il ne m'est jamais apparu aussi éblouissant qu'aujourd'hui. Ma main se porte immédiatement devant mes yeux pour me cacher de la lumière et je me redresse doucement sur mes pieds nus.

-Avant ça, tu mérites d'être utilisée une dernière fois pour que tu te souviennes à tout jamais que tu appartiendra jusqu'à ta mort au faucon.

Fin du flashback

Le faucon n'a jamais voulu me laisser aux mains de son ennemi, il voulait juste un appât pour réussir à le tuer. Mais sans appât, c'est lui qui tombera.

Je me lève et rejoins la salle de bain que je ferme derrière moi. Je remplis la baignoire d'eau froide et me déshabille en fermant fortement les yeux. J'ai besoin d'être purifiée de tout ce qu'il m'a fait vivre, besoin de me protéger du faucon. Je ne veux plus jamais tomber entre ses sales pattes, lui qui m'a fait tant de mal...

Je plonge dans l'eau en grimaçant et laisse couler une dernière fois mes larmes avant de plonger la tête sous l'eau. Je ferme les yeux et je me laisse emporter. Le calme, la sérénité, le paradis juste à portée de main. J'ai trop souffert, je ne veux plus me permettre d'être son souffre-douleur. Plus jamais je ne le serai...