Trois mois et deux semaines, et toujours ce mal-être constant. Je vis avec la peur, je regarde toujours autour de moi en espérant ne pas le croiser, le faucon. Je sais que ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne revienne me chercher, et ça me fout les jetons.
J'aimerais évoluer, passer à autre chose, grandir, mais c'est impossible pour moi tant que je sais que le faucon rôde dans les parages. Phoenix me rassure sans arrêt en me disant qu'il sera là pour me protéger, mais j'ai un mauvais pressentiment constant.
Phoenix... Je ne sais pas véritablement quoi penser de lui. Il a toujours été là pour moi quand j'en avais besoin ces dernières semaines. Je sais que je suis très attachée à lui et... Il est arrivé plusieurs fois qu'on s'embrasse, lui et moi. Je lui fais confiance et ça me plaît.
-Donc c'est ça les films que vous regardez avec Giulia et Lorenza ? Se moque Phoenix.
-C'est ce qu'elles me font regarder, répliqué-je en levant les yeux au ciel.
-C'est nul, ils sont obligés de coucher ensemble sur la plage ? C'est dégueulasse.
-Je ne suis que spectatrice, pas la réalisatrice.
-T'as ton permis ?
-Bien sûr.
-Et tu sais conduire comme ça ?
-Toi, avec ta voiture de course, tu sais conduire comme ça ?
Il me lance un regard de travers et j'éclate de rire. Il pose sa main sur ma cuisse et la pince légèrement en souriant.
La porte d'entrée claque et Cristian apparaît dans notre champ de vision. Habillé de noir, il semble tourmenté et Phoenix doit le remarquer puisqu'il se redresse pour regarder son père.
-J'espérais te voir au hangar, mais Andrea m'a dit qu'on ne t'y voyais plus, commence Cristian. Tes hommes se demandent ce qui se passe.
-Mes hommes connaissent l'existence de Lyllea, ils savent que je la protège au manoir, réplique Phoenix.
-Je viens chercher la paperasse qu'Adrian a oublié de déposer au hangar.
Le père s'éloigne et part à l'étage alors que Phoenix hausse les épaules. La porte d'entrée s'ouvre de nouveau et Phoenix commence à perdre patience.
-Je ne sais pas quel Ricci ça peut encore être, mais dégage.
Aucune personne n'entre dans la pièce et mon cœur se met à battre plus vite. Phoenix soupire et se lève, mais la personne apparaît finalement. Tout mon corps se fige lorsque j'aperçois son sourire mauvais que je pourrais reconnaître entre mille.
Le faucon est là, et il est venu pour moi.
-Tiens tiens, je ne pensais pas que tu employais si peu d'hommes pour protéger ta protégée, ricane amèrement le faucon.
-Qu'est-ce que t'as fait de mes hommes ?
-Ton père leur a demandé de partir, ils sont si naïfs ! Pour que tout se passe au mieux, je te conseille de me rendre ce qui m'appartient.
-Jamais.
Phoenix me tire et me colle immédiatement dans son dos pour me cacher du faucon. Je tremble de tous mes membres, mon pire cauchemar est face à moi et j'ai peur de ne pas y survivre.
-Quand je te le demanderai, murmure Phoenix, tu vas fuir dans le jardin en prenant mon téléphone sur la table basse.
-Non ! Et toi alors ?
-On s'en fout. Ma vie pour la tienne.
-Assez ! Crie le faucon. Viens là tout de suite !
Un bras s'enroule autour de mon cou et je lâche un hoquet de surprise. Comme un geste réflexe, je balance mon coude dans l'abdomen de la personne et remarque Phoenix qui court vers le faucon.
-Lyllea, fuis ! Hurle Phoenix alors que le bruit d'une balle retentit.
J'attrape le téléphone et saute sur le canapé pour courir vers la porte de derrière. Les trois prochains coups de feu me paralysent et je jette un coup d'œil par-dessus mon épaule pour apercevoir Phoenix au sol, une mare de sang autour de son corps. Je hurle son nom et le faucon me regarde avec un sourire sadique.
Les larmes me brouillant les yeux, je cours à l'extérieur et entre sans plus attendre dans le labyrinthe que j'ai tant observé depuis la fenêtre. Peut-être que j'arriverai à retrouver la sortie, si je me concentre bien.
-Mon petit colibri, siffle le faucon. Viens revoir ton véritable protecteur !
Je sanglote et tente de trouver le code de son téléphone en avançant dans le labyrinthe. Je réfléchis un instant et atterris dans un cul de sac. Je fais une pause pour tenter sa date de naissance, la date à laquelle je suis arrivée ici et j'ai le bonheur de le voir se déverrouiller sous mes yeux. Le huit mars, c'est la date à laquelle ma vie aurait pu devenir meilleure, mais ce séjour va prendre fin.
Je cherche le nom d'Andrea dans les contacts en faisant demi-tour et l'appelle sans plus attendre. Je continue à courir dans le labyrinthe en priant pour qu'il me réponde, mais rien pour le moment.
Les larmes se déchaînent le long de mes joues, je tremble de tout mon être et mon cœur bat à une vitesse affolante.
Je rappelle une seconde fois après avoir atterri sur la messagerie et j'entends enfin sa voix avec soulagement. Je tombe nez à nez avec mon pire cauchemar et le téléphone tombe au sol parce que j'ai eu extrêmement peur.
-Mon petit colibri... On peut retourner à la maison maintenant.
-Non, soufflé-je avec peine. C'est ici ma maison.
-Non, ça n'a jamais été chez toi et ça ne le sera jamais.
Je recule en regardant la route de temps à autre par-dessus mon épaule et finit par percuter un corps. Je me tourne et aperçois Cristian qui me regarde froidement.
-Tu crois que tu vas pouvoir fuir ? Tu es prise au piège, Lyllea. Tu ne te rappelle pas de moi ?
Le faucon prend place à côté de Cristian et je recule jusqu'aux branches du labyrinthe, un nœud dans la gorge.
-C'est le premier qui t'as touché, mon petit colibri.
Je lâche un hoquet de surprise et comme si tout me revenait en tête, je revois les images de ce premier homme. Il a tenté de me mettre en confiance comme il l'a fait à mon arrivée ici, mais pour mieux me faire mal en me pilonnant.
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Protected by the devil
RomanceDans la haute société italienne réside un comité prestigieux : celui des protecteurs. Ces hommes riches achètent la protection de jeunes femmes qui ont tout pour plaire. Elles sont jeunes, belles, intelligentes et sûres d'elles. Enfin... C'est ce de...