Chapitre 21 - Lyllea 👤

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Je grogne en me frottant les fesses pendant que Giulia et Phoenix éclatent de rire. Phoenix se rapproche du ring et me regarde en souriant.

-Je t'avais dit d'anticiper, commente-t-il. Tu ne dois pas attendre qu'elle lève la main ou la jambe pour essayer de contrer son coup. Le but, c'est d'analyser ce que Giulia fait pour anticiper et te protéger.

-Je vais avoir des bleus partout avec elle, marmonné-je ce qui les fait rire tous les deux.

-C'est soit elle, soit moi.

-Mais vous avez tous les deux beaucoup d'entraînement, je vais finir au sol à chaque fois ! Si tu montes sur le ring avec moi, tu vas avoir pitié de moi ?

-Pas de pitié avec moi, tesoro. Ton adversaire n'aura jamais pitié de toi, retiens ça.

Je croise les bras sur ma poitrine en soupirant avant de me lever et quitter le ring. Je chope ma bouteille d'eau et bois une partie du contenu sous leurs regards. Je m'installe sur le banc et Phoenix avance vers moi.

-Debout, retourne sur le ring.

-Non, je n'y arriverai jamais !

-Alors c'est ce que tu vas dire à ton adversaire ?

-Je suis forte au tir, on n'a qu'à tout miser sur ça !

-Tu n'auras pas toujours une arme sur toi, et sache que ton adversaire peut te désarmer s'il sait se battre. Giulia, c'est bon pour aujourd'hui. Tu peux repartir, je m'occupe du reste de son entraînement.

Giulia glousse et me souhaite un bon courage en quittant la salle. Je laisse tomber ma tête contre le mur sous le regard de Phoenix. Il me tend la main et j'hésite un instant avant de la saisir. Je me relève et le laisse m'entraîner vers le punching-ball. Phoenix m'avait montré sa salle de sport ainsi que sa salle de tir à la cave, mais il ne m'avait pas montré la salle de boxe juste à côté de la salle de sport.

-On va revenir sur les coups de base. Je veux de la précision et de la force.

Il m'enfile des gants de boxe et se positionne à côté du punching-ball en croisant les bras. Il m'invite à frapper et me donne des conseils à chaque coup. Comprenant une nouvelle fois que c'est peine perdue, je fronce les sourcils et lui ordonne de m'enlever les gants de boxe.

-Pourquoi ?

-Tu vois bien qu'il n'y a rien de bien dans ce que je fais !

-Ce n'est pas que rien n'est bien, Lyllea, c'est que tout peut être amélioré. Et c'est ce qu'on va t'aider à faire : t'améliorer. Laisse-moi t'aider, d'accord ?

-Comment ?

-On va le faire ensemble, tous les deux. Tu me laisses faire ?

Je hoche doucement la tête et il vient se placer derrière moi. Il reste un instant sans bouger avant de tapoter ma cuisse droite.

-Cette jambe est ta jambe d'appui. N'hésite pas à mettre tout ton poids dessus lorsque tu frappes. Tu dois la mettre plus en avant que l'autre. Comme ça c'est parfait. Même si tu es droitière, sache que tu dois maîtriser les coups à droite comme à gauche.

-Pourquoi ?

Il retire mes gants et me fait face sans parler pendant un instant.

-Frappe-moi.

Je lève les yeux au ciel et m'apprête à lui donner un coup de la main droite, mais il me la bloque en me regardant dans les yeux.

-Là, tu as le temps d'agir et frapper avec ta deuxième main le temps que j'attrape la première. Tu as compris ?

Je hoche la tête et il revient derrière mon corps sans pour autant lâcher mon avant-bras. Sa seconde main se pose sur ma hanche et je me crispe.

-N'aie pas peur, je ne te ferais rien.

Il ferme mes doigts pour que mon poing atterrisse dans sa main.

-Le problème avec tes coups, c'est que tu en donnes sans essayer de les maîtriser. Je veux que tu frappes dans cette cible exactement, et que tu y mettes de la force.

Il lâche mon poing et je replie le bras pour l'envoyer sur le punching-ball.

-De la solidité dans ton bras, c'est ce qui va te permettre de donner un coup puissant.

-C'est vrai qu'en restant enfermée quatre ans et demi dans un cabanon, j'ai dû en gagner des muscles !

Je me tais, et lui aussi. Je crois que c'est la première fois que j'arrive à blaguer aussi facilement sur mon passé. Ce passé que j'ai décidé de fuir en faisant tout pour me protéger. Il me protège, mais j'ai peur qu'il vienne me récupérer alors j'apprends à me défendre moi-même.

Son doigt glisse le long de mon bras pour rejoindre mon poing, ce qui me fait frissonner longuement. Il renferme sa main par-dessus son poing et me prévient qu'il va frapper.

Sa main entraînant la mienne, son poing frappe sur le punching-ball.

-Force et rapidité, murmure-t-il à mon oreille. Il faut que tu te muscles.

-Tu crois que j'ai le temps de muscler là ?

-Étant donné que tu es ici pour encore dix mois, oui, tu as le temps de te muscler. Il suffit de t'y mettre un peu tous les jours.

-Alors il faut commencer maintenant, parce que je suis nulle pour frapper.

Il ricane et me libère pour me guider jusqu'à la salle de musculation.

-De ce côté, tu as les machines pour les bras. Là, pour les jambes et le fessier, et ici c'est pour travailler des muscles en haut de ton corps comme en bas de ton corps.

-Alors autant tout travailler en même temps.

Il hausse les épaules et m'aide à m'installer sur une machine en m'expliquant ce que je dois faire. Je commence et la machine se lance. Il m'empêche d'arrêter pendant les deux minutes qui suivent et je le regarde mal.

-Tu sais, j'avais peur que tu me tue dans ta cave, mais je ne pensais pas que tu allais me tuer dans ton grenier.

-Tu vas perdre ton souffle à parler pour rien. Si je voulais véritablement te tuer, je l'aurais fait dans le bureau, mais ça n'a jamais été une option pour moi. C'est bon, les deux minutes sont passées.

J'arrête immédiatement et détache mes pieds avant de m'étaler au sol pour reprendre mon souffle.

-Tu ne sais pas respirer non plus, visiblement. Tu veux que je te fasse du bouche à bouche ?

Je m'étouffe en l'entendant, ce qui le fait éclater de rire.

-Tu ne devais pas aller à ta soirée mondaine ?

-Pourquoi me retrouver au milieu d'idiots qui ne pensent qu'à l'argent alors que je peux rester chez moi tranquillement pour me moquer de ma protégée ?

Il ricane et je souris. Il ne revendique jamais le fait que je suis sa protégée, mais le fait qu'il préfère ma compagnie à la haute société me va droit au cœur. Le problème, c'est qu'avec toutes ses actions, j'ai toujours envie de faire des efforts pour lui, pour le remercier d'être là et de me protéger.

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