Après une journée d'échanges compliqués où j'ai dû tuer trois espions, je me pose dans un canapé du hangar et chope une cigarette dans un paquet sur la table. Je l'allume et ferme les yeux en profitant de la nicotine dans mes poumons.
-Un Martini les gars, ordonné-je à mes hommes.
En un claquement de doigts, un verre apparaît dans ma main et je fume ma clope en sirotant l'alcool pur qui vient de m'être servi.
-Phoenix, on a des nouvelles sur ce que tu nous a demandé de chercher, annonce soudainement Andrea. Et elles ne sont pas très bonnes.
Je lâche un juron et finis mon verre avant de me lever pour le suivre dans mon bureau. Je fais dégager Adrian qui est installé à mon siège et prend place face à eux pour les écouter.
-Vous avez des nouvelles sur le comité des protecteurs ? Leur demandé-je en les regardant tour à tour.
Ils se regardent et se désignent mutuellement à tour de rôle pour m'expliquer ce qui cloche. Je pousse un soupir en commençant à compter, et Adrian prend immédiatement la parole.
-C'est à propos de Lyllea. J'ai enfin trouvé ses papiers.
-Et qu'est-ce qui ne va pas ? Bordel, ne me dis même pas qu'elle n'est pas une protégée, sinon je la tue de mes propres mains.
-Non, enfin ce n'est pas ça. C'est qu'on a trouvé ce qui clochait dans son histoire. Elle n'a jamais menti, il y a juste une question que tu ne t'es jamais posé.
-Laquelle ?
Il me tend une lettre et me laisse la lire sans rien dire. C'est la lettre de proposition du comité des protégées pour que Lyllea devienne une protégée.
-Je ne comprends pas.
-La lettre date d'il y a cinq ans.
Ma bouche s'ouvre de surprise et je lis la date de la lettre avec stupéfaction. Je passe une main sur mon visage en prenant une grande inspiration. Bordel, là voilà mon explication.
-Alors elle a suivi sa formation à dix-huit ans, et elle a déjà eu un protecteur. Qui ?
-On ne trouve pas, justement. Aucun papier n'atteste qu'elle a déjà eu un protecteur, et aucun autre document pour sa deuxième mise en vente.
-Donc maintenant vous confirmez mes doutes, c'est bien ça ? Je vous avais dit que quelque chose ne tournait pas rond, mais je ne mettais juste pas les événements dans l'ordre. Je dois aller la voir.
Je me lève et sors de mon bureau pour récupérer ma voiture de course. J'accélère sans plus attendre et me rend au manoir. J'aperçois les filles dans le canapé, mais celle qui m'intéresse ne s'y trouve pas.
-Elle est en haut ?
-Bonsoir à toi aussi, réplique Lorenza.
-Lorenza merde !
-Oui, elle est en haut.
Je grimpe les marches quatre à quatre et frappe à la porte de sa chambre. Aucune réponse ne me parvient, alors j'entre et l'appelle. Elle ne sort pas de son lit, ce qui signifie qu'elle n'est pas là. Alors que j'allais commencer à m'inquiéter, je remarque que la porte de la salle de bain est ouverte. Je passe par celle-ci et rejoins ma chambre, où Lyllea est posée sur le fauteuil en osier que j'ai installé spécialement pour elle.
J'avance lentement jusqu'à elle et me pose contre la rambarde. Elle sursaute en m'apercevant et s'excuse d'être là.
-Tu as tout à fait le droit de te trouver ici, Lyllea. J'aimerais te parler de ce qu'Adrian a découvert.
Elle fronce les sourcils et commence à pâlir. J'ai besoin de tellement de réponses, mais je ne suis pas sûr qu'elle-même en ait. C'est un vrai problème, j'aimerais qu'elle se confie à moi, qu'elle me dise tout ce que l'enfoiré a pu lui faire vivre, parce que je n'attends qu'un nom pour la venger.
-Sur... Moi ?
-Tu as eu un autre protecteur avant moi ? Demandé-je de but en blanc.
Elle détourne le regard et une unique larme coule sur sa joue. Elle hoche la tête en regardant au loin.
-Qui est-ce que c'était ?
Elle ferme fortement les yeux alors que d'autres larmes commencent à couler sur ses joues. Elle secoue négativement la tête en reniflant.
-Je... Non.
-Lyllea, j'ai besoin de savoir.
-Pas avant que je ne me rappelle de tout.
-Ce n'est peut-être pas bon pour toi de savoir.
Elle ouvre les yeux et se tourne vers moi pour me regarder dans les yeux. Les siens paraissent éclairés de quelque chose que je n'avais jamais vu jusqu'ici : la colère.
-Pendant quatre ans et demi, il a adoré se servir de moi, chaque putain de jour, sans exception. Je ne comprends pas comment j'ai pu me retrouver chez toi, alors qu'il n'a jamais dit vouloir se séparer de moi.
-Tu as signé un contrat ?
-Ouais, mais il n'a jamais été un vrai protecteur. Il me mettait en danger...
-Je ne connais pas la loi à propos des protecteurs, mais j'ai peur qu'il puisse te reprendre si ton contrat n'est pas achevé avec lui.
-Mais... Hésite-t-elle en regardant ses mains. Tu m'as dit que tu me protégerai.
-Et je le tuerai de mes propres mains lorsque je saurai enfin qui il est. Lyllea, je ne sais plus quoi faire avec toi...
-Tu veux rompre mon contrat et me renvoyer chez lui ?
-Non, pour rien au monde. Je veux t'aider, mais je ne sais pas comment faire. J'aimerais tout savoir pour pouvoir te venger et te promettre que tu seras toujours en sécurité, mais toi-même ne sait pas tout ce qui a pu arriver pour que tu sois face à moi. Est-ce que tu veux voir quelqu'un pour essayer de parler ? Un psychologue, un thérapeute...
-Je ne veux voir personne, je veux juste prendre le temps qu'il faudra pour me souvenir de tout ce qu'il m'a fait vivre. Je me souviens du pire, mais pas du meilleur. Il y a forcément une raison qui a fait que je suis sortie de cet enfer.
-Si tu ne veux pas parler, il y a peut-être une autre solution.
J'avance dans ma chambre et quitte la pièce pour me rendre dans mon bureau. Je chope un tas de feuilles avec un stylo et retourne à ma fenêtre. Je lui tend ce que j'ai amené sous son regard interrogatif.
-Si tu as besoin d'écrire pour te libérer, ou si tu veux écrire pour me confier quelque chose, ces feuilles sont toutes à toi.
Elle hoche la tête pensivement et regarde l'extérieur de la maison.
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Protected by the devil
DragosteDans la haute société italienne réside un comité prestigieux : celui des protecteurs. Ces hommes riches achètent la protection de jeunes femmes qui ont tout pour plaire. Elles sont jeunes, belles, intelligentes et sûres d'elles. Enfin... C'est ce de...