Chapitre 6 - Phoenix 👤

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-Phoenix ? M'interroge Giulia en entrant dans mon bureau. Tu aurais une minute pour que je te parle ?

-Attends juste une minute, lui demandé-je en réponse.

Je tape quelques informations sur mon ordinateur dans le dossier de l'homme avec qui j'ai refusé l'échange avant-hier avant de reporter mon attention sur Giulia qui nous sert du Martini. Elle s'installe dans le fauteuil et me demande de la rejoindre, ce que je fais rapidement.

-J'ai parlé avec Lyllea hier, m'annonce-t-elle sans me laisser le temps d'en placer une.

-Et alors ? Tu as appris des choses ?

-Écoute Phoenix, je ne veux pas te décevoir en te disant que je sais beaucoup de choses à son sujet alors que ce n'est pas le cas, mais j'ai su l'essentiel. J'en ai assez, je ne veux pas découvrir plus de choses à son sujet. C'est... Horrible et c'est à toi d'en découvrir plus à son sujet si tu le veux.

-Tu ne veux pas aller droit au but ?

-Elle a vécu des violences de tous types... Et je pense surtout aux violences physiques et sexuelles. Elle va vraiment mal, elle est dans un état de pur traumatisme. Elle n'ose même pas le dire d'elle-même.

-Alors comment tu l'as su ?

-Quand j'ai vu dans quel état elle était, je lui ai proposé de poser des questions auxquelles elle pouvait hocher la tête. Elle a acquiescé pour les violences physiques et sexuelles avant de m'avouer qu'elle avait vécu tout type de violences.

Je contemple mon verre en jouant avec le liquide à l'intérieur, avant de décider de le boire cul sec. Giulia me détaille du regard, semblant visiblement attendre une réaction de ma part.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-Tu vas la protéger, hein ?

-Laisse-moi digérer tout ça, c'est...

Plusieurs portes du manoir se mettent à claquer et plusieurs rires me parviennent. Giulia se pince les lèvres et sort précipitamment. Bordel, elle était au courant, la garce. C'est une vraie peste quand elle veut, mais elle ne semble pas du tout l'être sur le sujet Lyllea. Ça m'étonne vraiment, elle a aussi beaucoup de mal à parler avec des personnes qu'elle ne connaît pas.

Je décide de me servir un second verre que je vide tout aussi vite que le premier avant de quitter mon bureau. J'avance dans les couloirs et croise des membres de la famille qui essaient de monter discrètement les escaliers du deuxième étage.

-Je vous laisse trente secondes pour m'expliquer ce que vous foutez dans le manoir et pour m'expliquer où est-ce que vous allez.

Aria, la plus jeune de quinze ans, sursaute en levant les yeux vers moi. Fabio et Orlando, les deux frères d'un an d'écart m'adressent un immense sourire. Ils sont tellement proches et ressemblants qu'on dirait des jumeaux. Adrian me fait un grand signe de la main, comme s'il venait également de me voir pour la première fois depuis un mois.

-Alors on a fini les vacances que tu nous as payées donc nous voilà pour passer des vacances chez toi, m'explique Fabio sans se dépourvoir de son grand sourire.

-Et comme Adrian nous a prévenu que tu avais une invité très spéciale, on a décidé d'aller la saluer, poursuit Orlando comme si c'était logique.

-Moi je les suis juste, termine Aria en haussant les épaules.

-Poussez-vous de là, je veux la voir en premier ! Crie une cinquième voix en courant et en poussant ses frères et sœurs.

Giovanni, le garçon de dix-sept ans, atteint le haut de l'escalier sans se rendre compte de ma présence. En de grandes enjambées, je le rejoins et chope son poignet pour l'empêcher de courir jusqu'à la chambre de Lyllea. Il se tourne vers moi et ouvre grand les yeux en m'apercevant.

-Tu crois aller où comme ça ?

-Oh merde alors, fallait tomber sur toi, comme par hasard ! Tu veux pas faire semblant de ne pas m'avoir vu pour que j'y aille ?

-Personne ne rentrera dans la chambre de Lyllea, bordel. Surtout pas vous, les garçons. Où est Lorenza ?

Lorenza est la fille du milieu de toute cette fratrie de cinq frères et sœurs. Elle est la plus grande amie de Giulia, en plus d'être notre cousine.

-Déjà dans la piscine.

-Foutez-moi le camp de cet étage. Si vous restez, je ne veux personne au deuxième, installez-vous au premier étage.

-Mais on la voit quand ta protégée ? Pleurniche Giovanni.

-Pas maintenant, elle n'est pas apte à recevoir de la visite, encore moins la vôtre. Vous allez lui faire peur. Je ne le répéterai pas deux fois : si l'un d'entre-vous va dans sa chambre sans mon autorisation, je vous dégage tous sans exception du manoir.

En ronchonnant, ils descendent tous les escaliers et se rendent au rez-de-chaussée pour récupérer leurs affaires. Je me rends à l'extérieur et trouve mon père en train de bronzer tranquillement. Je vais attraper des cheveux gris s'ils restent tous là. J'ai assez de préoccupations avec le réseau, plus Lyllea qui s'ajoute à la situation déjà compliquée.

-Papà, tu m'expliques ce qu'ils foutent tous ici ?

-Ils avaient envie de passer du temps avec mes enfants. Tu sais très bien que vous avez grandi tous ensemble, vous leur manquiez.

-Je ne t'ai rien demandé, encore moins que tu les accueille dans mon manoir.

-Alors merci de les accueillir dans ton manoir dans ce cas. Tu sais très bien qu'une fois qu'ils rentrent ici, ils n'en sortent plus avant longtemps.

-C'est Adrian qui leur a ouvert le portail, pas vrai ?

-Ça, tu vois avec eux. Moi, ça ne me regarde pas.

Je souffle bruyamment et je désespère en les voyant tous courir pour sauter dans la piscine. Bordel, ils sont insupportables, tous, sans exception. Enfin surtout les garçons.

Leurs parents ont été tués il y a maintenant dix ans. Mon père ne voulait pas les laisser seuls, surtout avec Aria et Giovanni qui avaient six et sept ans alors il les a accueilli dans notre maison familiale et les a éduqués comme si nous étions tous frères et sœurs. Ils vivent dans notre ancienne maison de famille, mais ils n'aiment pas être bien loin de nous alors ils passent les trois quarts de l'année au manoir.

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