Chapitre 3 - Vuelta Casa

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PDV Alma

Aéroport international Carrasco - Uruguay

Les portes de l'avion s'ouvrent. J'entends la foule de passagers, tout aussi impatients les uns que les autres, récupérer leur bagage et se diriger vers les portes de l'appareil, leur ouvrant les portes sur ce maudit sol Uruguayen

Je reste cloué sur mon siège, les yeux clos, à l'idée de retourner dans l'enfer que j'avais réussi à fuir trois années auparavant.

Pourtant, me revoilà.

Si je faisais semblant de dormir un peu plus longtemps, peut-être que ça repousserait mon arrivée ?

L'avion se vide petit à petit. Je me retrouve seule. Ou quasiment seule puisque je sens une main me secouer légèrement l'épaule. Une hôtesse de l'air.

Laissez moi faire semblant de dormir pitié !


- Madame, tout va bien ? Nous sommes arrivées.


Elle continue les secousses. Je ferme un peu plus fort les yeux. Laissez-moi repousser ce moment !


- Miss... Wake up. We arrived at our destination.


Je ne laisserai pas cette hôtesse me briser mon faux sommeil !

Pourtant, elle m'a l'air bien déterminée, puisque ne voyant aucune réaction de ma part, hormis une respiration se confondant à des ronflements, elle appelle son collègue.


- Señora ? Despierte. Hemos llegado a nuestro destino.


On va me le faire dans combien de langues bordel ?

J'entends les deux collègues discuter entre eux.

L'un d'entre eux passe sa main sous mes narines.

Ils pensent sincèrement que je suis... morte ? Si seulement.


- Béatrice, cette passagère, commence à me faire peur. Nous devrons peut-être alerter la direction ? - Dit l'hôte.


Bon, je redoute ce moment, mais nous n'allons quand même pas aller jusqu'à alerter le pilote ? Je décide que cette mascarade à assez duré et ouvre finalement les yeux.


- Bonjour ! Hello ! Hola ! Nous sommes arrivées ?

- Ouf ! Je commençais à me faire du souci ! - Me dit l'hôtesse.

- Oh vous savez, les sièges sont vraiment confortables. Je n'ai pas du tout senti les 15H de vol ! - Dis-je en m'étirant.

- Ravi que vous ayez passé un bon vol.


Je récupère mon bagage à main, salue les hôtesses, et sort de l'avion.


Lorsque je sors de l'avion, une boule se forme au niveau de ma gorge.

Lorsque j'arrive au niveau de la douane, des larmes se forment au creux de mon œil, et se mélangent aux souvenirs douleureux.

Lorsque je récupère mes bagages, ma respiration se bloque au niveau de mes cages thoraciques.


Je sais qu'en ayant fait le choix de revenir ici, j'ai signé mon arrêt de mort. J'allais redevenir un oiseau en cage.


Cela fait maintenant trois ans que j'ai fait le choix de quitter ma ville natale, le Montevideo.

Cette ville qui m'a vu grandir, m'a aussi vu mourir à petit feu. Il fallait que je m'en aille.

J'avais réussi à fuir loin de tout ça. La meilleure décision de ma vie. Pourtant la plus égoïste également.

Almas CaídasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant