Almas Caídas

Chapitre 5 - RIVERA...

Flashback - Il y a 17 ans, Uruguay

Maman est allongée au sol.

J'ai essayé de la secouer, mais elle n'a pas bougé. Et puis, lorsque j'ai posé ma tête sur sa poitrine, je n'ai rien entendu. D'habitude ça fait boom boom. Encore plus fort lorsqu'elle voit mon papa.

Un jour, elle m'a expliqué que lorsque notre cœur bat aussi fort, c'est pour préparer notre corps à agir rapidement. Pour envoyer plus de sang et d'oxygène à nos muscles, afin que nous puissions courir plus vite ou nous défendre si on en avait besoin.

Mais, pourquoi aurait-elle besoin de courir et se défendre de mon papa ?

Je l'ai secoué encore un peu. Et puis je me suis amusé à colorier maman avec toute l'eau rouge dans laquelle elle baigne. J'en ai partout sur les mains, et même sur mes vêtements. Mais c'est pas grave, Rosalia me les rend toujours propres.

La porte s'est doucement ouverte. En regardant derrière mon épaule, j'ai vu mon grand frère Alvaro. Il a neuf ans, seulement trois ans de plus que moi, mais il me paraît tellement grand !

Il a l'air très fatigué. Mais surtout apeuré. Et puis lui aussi a l'air de s'être baigné dans de l'eau rouge.

Pourquoi personne ne m'a invité !?

Je continue d'étaler l'encre rouge sur la peau de maman quand soudain Alvaro me soulève et me détache de maman.

- Vite Almi, il faut que l'on se cache.

- Non, je veux jouer avec maman.

- Alma, je jouerai avec toi, pitié, ne fais aucun bruit et suis-moi.

Sentant l'urgence de la situation, je le laisse reposer sur le sol sans aucune négociation. Je dépose un bisous sur la joue de maman et lui promets de revenir jouer avec elle lorsqu'elle sera réveillée.

De grosses gouttes roulent sur les joues de mon frère. Pourquoi est-ce qu'il pleure ?

Il glisse sa main dans la mienne, et nous sortons de la pièce.

La maison est totalement retournée. Nos meubles sont cassés et des éclats de verre se trouvent par-ci par là. Encore de l'eau rouge !

À pas de loup, nous nous dirigeons vers notre repère secret. La petite chambre sous les escaliers dans le département des domestiques. Personne ne s'intéresse aux domestiques dans cette maison. C'est la cachette parfaite. Surtout pour Alvaro lorsque papa veut jouer avec lui et qu'il n'en a pas envie.

L'espace est très petit, alors je me blottis contre mon frère, déposant ma tête sur son torse.

-J'ai peur, me chuchote-il

-Alors pourquoi ton cœur ne bat pas vite ?

Après quelques secondes de silence, il me répond.

- Parce que mon cœur est cassé...

- Hum... Lorsqu'on va sortir, je vais te ramener docteur Maboul et te réparer ton cœur. D'accord ? Lui dis-je sincèrement - Ne t'inquiète pas, je suis là pour toi mon grand frère chéri.

Fin du flashback

Maman ne s'est jamais réveillée.

Je n'ai jamais su réparer le cœur d'Alvaro.

Encore une fois, j'ai failli à ma mission de protéger ceux qui me sont chers.

Lorsque j'ai vu mon frère allongé au sol, mon âme s'est rendue. J'ai perdu tout contrôle de mon corps. J'ai couru jusqu'à lui, je me suis agenouillée et posé sa tête sur mes genoux. Ma main s'est automatiquement posée sur son cœur. Il bat. C'est léger, mais assez pour m'affirmer que son petit cœur est encore là.