Almas Caídas

Chapitre 17 - Feliz Cumpleaños Rosalia

PDV Alma

Les gouttes ruissellent le long de mon corps. Mes doigts frottent en profondeur les racines pour bien enlever toute trace d'huile et de saleté qui pourraient y résider. J'étale le shampoing sur mes longueurs, puis laisse l'eau couler jusqu'à ne plus avoir de produit sur mes cheveux et mon corps.

L'eau coule. Encore et encore. Mais dans mon cerveau, c'est ma dernière entrevue avec l'autre abruti qui tourne en rond.

Pourquoi l'eau n'a pas la capacité d'enlever ce petit microbe qui empeste mes pensées depuis plus de trois jours.

Son souffle dans mon cou. Ses doigts frôlant ma nuque. Ses menaces qui ne demandent qu'à être exécutés. Et puis son regard.

Ce regard qui me semble si familier.

Si enragé.

Ce regard qui semble m'appeler à l'aide.

Ce regard que je déteste.

J'essaie de baisser la température de l'eau mais rien n'y fait, cette foutue canalisation éjecte de l'eau bien bouillante. Comme en enfer j'imagine ?

Si ce fou pense pouvoir me faire découvrir l'enfer, il n'a pas idée que mon quotidien EST l'enfer. Toutes les idées tordues que son pauvre cerveau peut abriter n'équivalent sûrement pas à un grain de paradis.

Mon père a tué ma mère.

Les battements de cœur de l'homme que j'aime le plus au monde sont comptés.

Je fais ce que j'ai toujours méprisé.

Si ce n'est l'enfer, qu'est-ce que c'est ?

Une fois sortie de la douche j'enfile une petite robe blanche et me sèche les cheveux en vitesse avant de me faufiler jusqu'à l'autre bout de la maison, dans l'allée des domestiques où Rosalia habite.

Ce soir est un soir assez particulier. C'est son 63e anniversaire.

*

Certains pensent que l'argent fait le bonheur. Moi, je pense que ce qui fait réellement le bonheur, c'est d'être posé autour d'une table ronde dans la petite cuisinette de Rosalia, et l'aider à préparer son dîner d'anniversaire.

Ou plutôt manger toute la crème pâtissière pendant que cette dernière me gronde telle une grand-mère le ferai à son enfant, tout en sachant qu'elle adore ça.

- Bat les pattes, la petite chipie ! Ne mange pas toute la crème, il y en aura pas assez pour le gâteau.