Chapitre 34 - Le nuage, protecteur éternel de l'étoile.

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PDV Leyth

Je n'ai jamais étais heureux.

Ou du moins, si je l'ai été, ce sentiment est si lointain que mettre des mots dessus pour expliquer ce que ça provoque me serait compliqué.

Ma vie a été rythmée par haine, vengeance et injustice.

L'injustice, de voir mon père innocent, mourir devant mes yeux. L'injustice de se faire moquer par le reste de ses camarades pour ne pas avoir de maman qui le récupère à la fin de l'école et le câline jusqu'à ce que ses poumons se remplissent d'amour.

La haine, de voir que l'homme qui a piétiné l'entièreté de mon monde continue de vivre sur son petit royaume.

Ma vengeance est tout naturellement le prix que paiera Pablo Rivera tôt ou tard. Je le jure.

Maintenant que j'y pense, le premier souvenir qui me vient à l'esprit ou mon cœur a ressenti ses premiers battements de bonheur, est rattaché à cet endroit.

La Villa des Rivera.

Ou plutôt Alma Rivera.

C'était la première fois que je la voyais.

Je savais que le patron de mon père, Pablo Rivera, avait deux enfants. Une fille et un garçon. Et il avait été strictement ordonné par ce dernier que j'avais interdiction de me mélanger avec eux. Fils d'un simple domestique.

Mais sous les nuages gris de l'Uruguay, sous les cordes d'eau qui s'écoulaient sur mon petit corps d'enfant, je l'ai vue, elle, pour la première fois.

Mon père était en mission. J'étais rentré plus tôt de l'école et je n'avais pas les clés. Alors je me suis accroupie devant la porte, me laissant inonder par la pluie attendant qu'on me laisse entrer. Mon corps entier tremblait de froid.

C'est alors qu'une petite ombre s'est placée devant moi. Me protégeant de la pluie grâce à un parapluie. Elle s'est accroupie face à moi et m'a sourit.

- Tu viens ? m'avait-elle demandé.

- Tu n'as pas le droit de me parler. Je suis le fils du domestique.

- Si. J'ai le droit. Parce que tu es mon ami.

J'étais son ami.

J'avais une amie.

Alma était mon amie.

J'ai été heureux.

Quelle ironie n'est ce pas ?

Ce même endroit qui m'a piétiné l'âme d'enfant qui vivait en moi et également celui qui a éveillé une once de bonheur dans mon monde empli de noirceur.

Et maintenant, dix-sept ans plus tard, c'est encore elle. La définition qui se rapproche le plus de celle du bonheur.

Après longtemps, j'ai passé une journée que l'on peut qualifier de normale.

Nous avons joué tel des enfants rattrapant le temps perdu.

A chaque fois que sa paume se calquait sur la mienne, ma peau entière picotait de passion.

La nuit est tombée.

Noah est rentré dormir tandis qu'avec Alma nous nous sommes installés sur la terrasse de la villa, se laissant bercer sur la petite balancelle.

Alvaro est parti déposer Isabella.

Il a l'air heureux lui aussi.

C'est si dangereux de laisser ce sentiment de bonheur dépendre sur l'existence d'une seule personne.

Almas CaídasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant