Almas Caídas

Chapitre 26 - Lumière et obscurité

PDV Leyth

Le soleil ne va pas tarder à quitter la surface pour laisser sa place à la lune.

Selon une légende ancienne, le Soleil et la Lune vivent un amour intense, dense et acharné. Un amour passionnel. Mais avant tout, destructeur. Un amour condamné par la nature elle-même.

Un amour impossible.

Les deux astres règnent chacun sur leur royaume, illuminant tour à tour le monde, mais jamais ensemble.

Tandis que le soleil, puissant et maître du jour, illumine la terre de sa lumière dorée, la Lune, douce et mystérieuse, veille sur la nuit et éclaire les ténèbres.

Malgré la distance séparant ces deux astres, l'attirance était inévitable. Captifs tels des aimants.

Le Soleil aurait consumé la Lune s'il l'approchait de trop près.

Chaque nuit, la Lune pleurait le manque du Soleil et chaque jour, le Soleil brillait un peu plus fort de tristesse et damnait la nature qui les avait condamnés avant leur création.

Ainsi, le Soleil et la Lune, depuis la nuit des temps, continuent leur danse céleste, séparés par une distance infranchissable, mais liés par un amour éternel.

Moi, je dis qu'il est préférable que la Lune ne rencontre jamais le soleil.

Parce que le jour où ils s'uniront, l'univers explosera. Leur amour si puissant et si intense contenu depuis des milliers d'années consumera le monde, brûlant tout au passage.

Je continue d'observer le ciel virant à l'oranger depuis mon volant. Le dessin qui s'offre face à moi est magnifique. Je ne peux pas le contredire, mais lorsque l'on réfléchit en profondeur, rien n'est plus triste que cet instant de la journée. Le soleil quitte la surface pour donner la place à la Lune. Alors que tout ce qu'ils souhaitent, c'est de briller ensemble. Côte à côte.

Des bruits de bâillement provenant du côté passager me font doucement sourire.

Alma ouvre lentement les yeux et s'étire un bon coup.

- Oh Mon Dieu ! C'est magnifique ! S'écrit-elle lorsqu'elle voit le spectacle que le ciel nous offre.

- Oui. Plus que magnifique. J'adresse un regard en sa direction.

Entendant le son de ma voix, elle réalise que nous sommes encore dans ma voiture. Elle regarde aux alentours puis se rend compte que nous sommes devant chez elle.

- Nous sommes arrivés il y a longtemps ?

- Près d'une quarantaine de minutes, je dirais.

Elle passe sa main sur le bouton de la ceinture et se rend compte que cette dernière est déjà détachée.

- Je me suis permis de la détacher. Ta tête avait tendance à pendre sur la droite et la ceinture allait te laisser des traces et te faire mal.

- Pourquoi tu ne m'as pas réveillé ?

Depuis près d'une semaine, nous faisons des allers-retours à l'hôpital de Delta Del Tigre, qui se trouve à près d'une heure de trajet, sans bouchon, de la villa des Rivera.

Nous avons tenu une semaine à l'abri du regard de Pablo.

Aujourd'hui, avec Alma nous avons récupéré les résultats des tests d'Alvaro. Il se peut qu'on soit en bonne route pour lui trouver un traitement adéquat.

- Tu avais l'air de dormir  paisiblement. Je n'avais pas envie de te réveiller.

Elle m'adresse alors un sourire. Ces derniers temps, ses sourires à mon égard sont de plus en plus réguliers. Et mon coeur n'a jamais autant chauffé. C'est apaisant et tellement frustrant parce qu'à chacuns de ses sourires, j'en raffole d'en avoir encore plus.