HAYDEN
J- 62
14h12
Hôtel Hermitage, Monaco, France
C'est comme si j'avais reçu un électrochoc.
Mon père est en phase terminale d'une maladie incurable et d'ici la fin du mois, il aura disparu de ma vie. Après tant d'années à l'avoir craint puis tant d'années à l'avoir haï, j'ai du mal à réaliser qu'il ne verra pas à quel point l'homme que je suis est différent du garçon qui se cachait sous la table pour ne pas le voir frapper ma mère.
Toute ma vie j'ai attendu de pouvoir me venger de lui et de lui faire enfin regretter de nous avoir traité ainsi. J'ai rêvé si longtemps de prendre ma revanche sur la peur qu'il m'inspirait que c'est trop dur d'accepter que tout ça me file entre les doigts à cause d'une maladie qui l'emporte bien plus vite que ce qu'une ordure comme lui mérite. Il devrait subir un châtiment tellement plus terrible que s'éteindre dans une chambre d'hôpital bien trop luxueuses, entourée de machines qui se battent pour le maintenir en vie quelques secondes de plus.
Je ne suis qu'à quelques heures d'avion de lui mais je ne lui ferais pas le plaisir de venir constater sa victoire. Toute mon enfance, j'ai enduré les coups en me disant que je les lui rendrais au centuple et j'ai accepté la colère en moi car elle était l'instrument nécessaire à ma vengeance mais tout m'échappe sans que je puisse rien n'y faire. Peut-être qu'au final tout est mieux comme ça mais je n'arrive tout simplement pas à faire une croix sur la rédemption qu'une brune téméraire m'avait promise.
Je la déteste tellement de m'avoir offert le monde pour mieux me le dérober le jour où j'avais décidé de réclamer mon dû. Je veux m'émanciper d'elle et de l'homme que j'étais près d'elle car je me targue d'être un gentleman, d'avoir réussi dans ma vie professionnelle mais j'ai passé les dernières années de ma vie à me morfondre pour une femme qui ne me voyait que comme un beau jouet à arborer un jour sur deux.
Quand mon père m'a annoncé qu'il allait mourir dans les prochains mois, j'ai compris que j'avais tellement placé ma relation avec Rosalia Spinam sur un piédestal que j'en avais négligé ce qui me maintenait véritablement en vie. Bien sûr que je l'aimais, bien sûr que je l'aime encore mais si tout ça n'est pas réciproque, ce n'est pas suffisant pour s'accrocher à quelque chose qui ne comblera jamais le vide en vous.
Aimer est la plus belle chose qu'un être vivant puisse faire mais être aimé la seule richesse dont il a besoin pour vivre. J'ai cru être plus fort que tout le monde, être capable de la regarder droit dans les yeux alors que nous allions mourir mais je ne suis qu'un homme comme tant d'autres avant moi alors bien sûr que j'étais trop faible. Elle m'a fait croire le contraire le temps d'un instant pourtant, c'était évident que je finirai par revenir à la réalité un jour ou l'autre.
Je suis en colère contre elle d'avoir fait de moi un caniche fou d'amour, le Requiescat de Rivière qui n'est rien qu'une poupée de cire incapable de prendre des décisions pour lui-même. Je dois pourtant avouer que c'est à moi que j'en veux le plus : je me suis perdu en chemin et j'ai été trop aveugle pour me rendre compte du danger avant qu'il ne soit trop tard. Je veux avoir une valeur pour moi-même et pas juste au travers des actes ou des yeux de Rosy quand bien même j'ai cru un moment qu'elle était le centre de mon monde. J'ai cherché partout une réponse à cette douleur sourde dans ma poitrine mais je ne l'ai pas trouvé en elle parce que l'amour que l'on porte aux autres est magnifique mais ce n'est pas pour autant qu'il est la clé de notre bonheur.
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ANAIDÉIA | LES ROSES DE ROME T.2
Action↪ ceci est le second tome de la duologie : il est nécessaire d'avoir lu NÉMÉSIS pour comprendre ANAIDÉIA ❀ Rome, Italie Ils étaient derrière vous mais vous ne les avez pas vus. Ils vous ont tout dit et pourtant, vous n'aviez pas compris. Vous n'ave...