22 | Le pardon de la sorcière

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EMILIO

J- 54

19h02

Quelque part à la frontière du désert, Égypte

           

Une fois certain que Caleb a refermé la porte de sa chambre derrière lui, je sors de la mienne et m'engage en direction du salon. Sans faire de bruit pour ne pas alerter Julia qui se repose dans la pièce au bout du couloir, j'atteins la salle à manger sur la pointe des pieds et constate, avec surprise qu'elle est déserte. Je ne suis pas étonné qu'Hayden manque à l'appel, sûrement caché dans l'une des chambre de la ville, ou encore Alexander, occupé à comprendre pourquoi sa fiancée le déteste soudainement mais ne pas voir Rosalia est surprenant.

J'ai passé les dix dernière minutes à épier leurs conversations avec Caleb donc je sais qu'elle était ici il y a peu. Je n'ai pas à chercher longtemps pour deviner où elle se trouve finalement. La porte fenêtre est grande ouverte et un courant d'air s'invite dans la maison, charriant avec lui l'odeur du désert. Je contourne les fauteuils pour me faufiler à travers l'ouverture et la trouve, la grande Rosalia Spinam, penchée sur le parapet qui domine la terrasse de la maison.

Le soleil se couche à l'horizon et éclaire le désert d'une lumière doré vraiment magnifique. J'inspire à plein poumon l'air chargé de sable mais rien ne semble assez sonore pour faire sursauter la brune. Je suis sûr qu'elle m'a entendu arriver mais elle refuse de se tourner pour m'affronter et le temps de quelques secondes, je trouve ça presque agréable de ne pas être forcé de soutenir son regard indéchiffrable.

Quand je l'ai vu tout à l'heure, en haut de son piédestal, nous observer revenir auprès d'elle après avoir accompli ses méfaits, je l'ai détesté. Caleb est resté à ses côtés et je me suis senti trahi par mon propre frère, comme s'il n'était pas foutu de se rendre compte qu'elle se sert de nous. Puis, Julia a tenté de me raisonner, de me calmer, de me dire que le dîner de ce soir allait sans doute apaiser les tensions et que ce n'étais pas judicieux de confronter Rosalia tout de suite - ou de la confronter tout court mais je ne suis pas d'accord avec ça.

Dans ma version de l'histoire, les criminels doivent payer pour leur crime et les traîtres doivent être punis. Je peux être sa marionnette si c'est le prix à payer pour pouvoir avoir ma place quelque part mais il ne faudra pas compter sur moi pour fermer ma gueule trop longtemps. Vu tout ce qu'on a fait pour elle, je pense que demander la vérité n'est pas un prix bien élevé.

— Tu n'es pas prête pour le dîner ?

Elle ne sursaute pas ce qui confirme qu'elle sait depuis un moment que je suis là. Je fais quelques pas dans sa direction, jusqu'à atteindre son point de vue et remarquer qu'elle tient un verre dans sa main et que la bouteille, déjà bien entamée, se trouve sur la table de jardin, à sa gauche.

— Je discutais avec Caleb, souffle-t-elle après avoir avalé une gorgée de sa boisson ambrée.

Je grimace à l'odeur de ce que contient son verre et l'observe à la dérobée tandis qu'elle continuer de fixer le lointain comme si je n'existais pas vraiment. Je ne me vexe pas et appuie mes coudes contre la rambarde, le temps de me préparer à la guerre que je vais déclencher. Dans quelques heures, quand les autres cartels seront installés à notre table, je serais le parfait petit soldat docile qui fera tout ce qu'elle m'ordonnera mais pour l'instant je compte bien me rebeller contre cette dictatrice qui croit que parce que nous n'avons rien dit, nous avons cautionné ses actes.

— Ah, tu essayais de faire en sorte qu'il soit de ton côté pour ne pas te sentir trop coupable de ce que tu as fait. Détrompe-moi si ce n'est pas ça surtout.

ANAIDÉIA | LES ROSES DE ROME T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant