ALEXANDER
J- 35
22h28
Musée du Louvres, Paris, France
Je n'ai plus l'âge pour ces bêtises. Sous le canon des armes de nos ennemis, je peine à reprendre mon souffle. J'entends la respiration haletante de Cece à côté de moi mais je ne peux pas la regarder. Je ne vois qu'Arturo, l'homme dont on m'a conté les excentricités et les horreurs, l'homme qui a envoyé ma meilleure amie dans un cachot sans lumière.
Les Tuileries sont vides. Les forces de sécurité sont encore cantonnés au cœur du musée alors nous sommes seuls, quatre roses piquantes face à un trio de tueurs qui n'ont même pas conscience de leur vulnérabilité. Avec leurs armes en main, ils se pensent invincibles mais j'ai entendu Arturo hurler de ne pas tirer par peur d'abîmer le tableau que Caleb et Emilio tiennent entre eux.
Le chef de la Cosa Nostra m'adresse à peine un regard. Ses deux yeux injectés de sang sont vrillés sur le sourire indéchiffrable de Cal, sur sa poitrine qui se secoue au rythme de ses inspirations saccadés, sur ses mains tremblantes qui salissent l'œuvre de Delaroche. La haine suinte de sa bouche tordue, de son visage émacié et de son corps secoué par l'effort physique qu'il vient de fournir.
Il se sent fort parce qu'il est entouré de deux colosses armés mais il ne peut pas cacher la surprise et l'incrédulité qui défigurent son sourire, qui se veut pourtant menaçant. Quand il se met à rire et que son gloussement sonne atrocement faux à mes oreilles, je comprends pourquoi ils m'ont tous dit que c'était un chien enragé assez bête pour se croire plus fort et plus intelligent que les autres.
Avant qu'il n'ait fini de reprendre son souffle et qu'il soit trop tard pour faire le moindre geste, j'attrape la main de ma fiancée dans la mienne le plus discrètement possible. Le sbire à la droite d'Arturo a son regard braqué sur moi donc je ne peux pas me tourner vers elle pour l'embrasser mais mes doigts s'entrelacent entre les siens assez fort pour lui transmettre tous les mots que je n'ai pas le droit de dire.
Nous venons de voler un tableau du Louvres et personne en dehors de ces trois cons ne s'est rendu compte, putain ! Je ne suis pas naïf au point de croire que nous une éternité devant nous avant que quelqu'un se rende compte de la disparition de deux grands tableaux de la galerie mais la victoire a un goût si savoureux que je n'arrive pas à ravaler mon sourire.
— Vous pensiez vraiment pouvoir nous échapper ?
Arturo essaye vraiment de donner un ton terrifiant à sa question rhétorique mais le résultat est médiocre. Sous ses airs de grand méchant, il ne ressemble finalement qu'à un homme détruit par la drogue et perdu dans la brumes empoisonnée du pouvoir. Il a parlé au pluriel mais il n'est pas difficile de comprendre que Caleb est son seul interlocuteur.
Le brun lâche son coin du tableau pour hausser les épaules puis pour répondre à la colère de son rival par une nouvelle provocation. Le parrain de la Cosa Nostra n'esquisse pas le moindre signe d'inquiétude pour le tableau qui vient de s'écrouler dans l'herbe humide. Je me suis trompé quand j'ai cru qu'il en avait quelque chose à faire de son tableau. Il nous a suivi parce qu'il compte tuer Caleb et Emilio, peu importe si ce n'est pas de la manière exacte dont il l'a rêvé si longtemps.
— Sérieusement, Caleb ? Tu pensais que tu pourrais me filer entre les doigts ? continue Arturo en parcourant les derniers mètres qui le sépare de notre chaîne humaine.
La main de Cece tremble dans la mienne parce que l'air de la nuit parisienne est plus frais que prévu et parce que nous avons beau jouer aux fiers, nous sommes toujours sous le joug de trois armes automatiques et que le parc reste désespérément désert. Du coin de l'œil, je tente de discerner le visage d'Emi mais il est trop occupé à scruter l'échange tendu entre son frère et le seul rescapé de la famille qui a tué son père pour me rendre mon œillade.
VOUS LISEZ
ANAIDÉIA | LES ROSES DE ROME T.2
Aksiyon↪ ceci est le second tome de la duologie : il est nécessaire d'avoir lu NÉMÉSIS pour comprendre ANAIDÉIA ❀ Rome, Italie Ils étaient derrière vous mais vous ne les avez pas vus. Ils vous ont tout dit et pourtant, vous n'aviez pas compris. Vous n'ave...