39 | Que la justice est douce

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J- 47

23h33

Périphérie est de Washington, États-Unis

       

Rosalia Spinam avait choisi ce lieu car elle savait que personne ne mettrait les pieds dans ce quartier de son plein gré. La silhouette de la brune se détachait de la nuit noire comme un présage de mauvaise augure. La rue était déserte, les maisons tombaient en ruine de chaque côté de la chaussée et l'odeur était infecte. Dans sa robe de soirée noire, la fille Spinam faisait tâche dans ce paysage fait de désespoir et de cendres.

Cela faisait plus d'un an qu'elle n'était pas venu mais elle connaissait toujours le chemin par cœur. L'ancien entrepôt qu'elle avait choisi était aussi abandonné que tout le reste, plus encore quand on remarquait les arbres qui perçaient la toiture pour pousser. À l'intérieur de ce bâtiment, personne n'aurait pu imaginer qu'elle avait fait construire l'une des prisons les plus sécurisées de tout le pays.

En fait, elle avait volé l'idée à son père. Dans le sous-sol de cette usine désaffectée, elle avait fait ériger une sublime cage en verre pour contempler à loisir le prisonnier qu'elle avait fait enfermer il y a de ça des années. Mais Roberto Spinam n'était pas aller au bout de son invention alors elle l'avait fait à sa place. Au contraire de son paternel qui cherchait à tuer, Rosalia, elle, souhaitait maintenir en vie alors elle avait transformer cette cage en chambre assez froide pour maintenir un homme en léthargie des années durant.

Elle avait dépensé une fortune pour entretenir ce lieu depuis l'Italie. Convaincre un honnête citoyen américain de se rendre dans le bâtiment, de nourrir un homme devenu une bête et de fermer les yeux sur ses agissements avait cependant était plus simple que prévu. Dans la haute ville, les riches se prélassent dans leur or en oubliant que plus bas, dans les tréfonds de la ville, les plus démunis meurent de faim et sont prêts à vendre leur âme pour un billet de plus. Et cette âme, elle avait payé le prix fort pour la dédommager.

Rosalia n'avait pas peur de la nuit alors elle resta un moment devant la façade de la vieille bâtisse, au son des corbeaux et des rats qui se bataillaient les restes d'un animal mort sur la route. Son souffle formait un nuage de buée devant elle, souvenir de la pluie qui venait de s'arrêter. Les cheveux de la brune étaient trempées mais elle ne semblait pas en avoir conscience car elle ne frissonnait pas dans sa tenue légère.

Quiconque serait passé dans cette rue, aurait tremblé devant le spectacle qu'offrait la mère des Roses de Rome. Tout en elle montrait qu'elle n'avait rien à faire ici et ses yeux, aussi sombres que la nuit, luisaient d'un éclat gris presque destructeur. Elle ressemblait à une déesse, une envoyée des Enfers venue rendre une justice impitoyable, celle de la vengeance et de la mort.

Au bout de plusieurs longues minutes, la jeune femme se décida à entrer. Elle enjamba la clôture affaissée du haut de ses talons puis se fraya un chemin à travers les mauvaises herbes qui s'épanouissaient dans cette terre imbibée de sang. La porte de l'entrepôt grinça quand elle poussa le battant et ses talons crissèrent sur le béton tandis qu'elle traversait le bâtiment sans se soucier de l'ambiance sinistre des lieux.

Au fond de la salle dans laquelle s'égouttait encore une à une les gouttes de pluie, un escalier s'enfonçait dans les ténèbres. Elle n'hésita pas une seconde à descendre, à disparaître dans la pénombre du sous-sol et il lui fallut attendre d'être arrivée à la dernière marche pour trouver la lourde porte blindée qu'elle ouvrit à l'aide de la clé cachée dans son corset.

Cette fois, le portail ne grinça pas. Elle fit un pas dans la nouvelle pièce et trouve l'interrupteur sur le mur à sa droite. Les leds au plafond clignotèrent un moment avant de s'allumer. Les murs du sous-sols étaient tous blancs et au centre, bien sûr, se trouvait la cage.

ANAIDÉIA | LES ROSES DE ROME T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant