09 | Renaissance(s)

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EMILIO

J- 71

01h56

Las Vegas Palace, Macao, Chine

     

Thomas a encore tenté de fuir malgré son beau discours et la promesse qu'on lui a faite de doubler ses gains. C'est sa quatrième tentative depuis qu'on le connaît maintenant. Cette fois pourtant, j'ai l'impression qu'il n'y a pas mis la même fougue que précédemment, presque comme s'il ne le faisait que pour s'amuser et tester notre patience mais spolier alert : je ne suis pas patient.

J'ai donc pris les choses en main quand nous sommes rentrés du Divino Club. Les autres avaient l'air trop secoués pour s'opposer à moi et je pense que nous étions tous agacé que Thomas est réussi son initiation haut à la main alors je n'ai pas eu à trop batailler pour leur faire dire que l'enfermer dans une chambre de notre hôtel était une solution agréable. J'espère simplement que les quinze étages le dissuaderont de tenter de s'enfuir par la fenêtre de son balcon.

Je suis mentalement à bout. C'est bizarre venant de la part de mes quelques neurones qui se battent en duel dans mon crâne mais je suis fatigué de continuer à jouer à ces petits jeux comme si n'avait rien changé. Nous faisons tout ça en hommage à une femme qui n'a même pas cru bon de nous prévenir de sa fin. Même après l'avoir foutu six pieds sous terre, elle est toujours là pour nous forcer à accomplir un destin qui n'est pas le nôtre. Au fond, Thomas a sans doute de la chance de ne l'avoir jamais connu car il ignore à quel point toute cette histoire n'est qu'une nouvelle merde dans laquelle on doit plonger sans poser de questions.

J'avale la fin de mon moscow mule d'une traite et quitte mon fauteuil en cuir rouge sans attendre qu'un serveur vienne me débarrasser. Le bar de l'hôtel est désert à cette heure tardive mais je n'ai pas la force de faire la discussion avec le peu de personnel qui tourne encore parmi les tables. Je quitte la pièce et m'engage sans réfléchir vers les larges portes qui mènent à la terrasse, plongée dans l'obscurité nocturne.

Le froid me frappe de plein fouet quand je traverse les escaliers qui descendent dans le jardin d'agrément. Je serre ma veste en jean contre moi mais le vent est trop agressif pour que j'ai une quelconque chance de ne pas me frigorifier sur place. Je continue pourtant ma marche, slalomant entre les bosquets et les buissons à la lueur de la lune. Le silence presque solennel du jardin me fait un bien fou après avoir enduré le tumulte du club. 

J'ai fait de mon mieux pour m'amuser, pour chercher à m'oublier dans la foule de corps qui se sont pressés contre moi mais l'ivresse n'a pas duré. Je n'arrive pas à faire semblant comme Caleb ou à me cacher derrière ma colère comme Cece alors je ne suis bon qu'à errer comme un putain de con dans ce jardin en attendant que le sommeil me gagne.

Le temps de cette parenthèse, cependant, je me suis senti comme un garçon de mon âge. Les casses, les histoires impossibles et les vengeances séculaires étaient loin de moi et je suis forcé d'avouer que je me suis senti soulagé d'être à l'écart de toutes ces conneries, même si ça n'a duré que quelques minutes. Je n'avais plus besoin de sourire pour rassurer mes amis ou pour me persuader moi-même que j'ai encore ma place dans ce groupe.

Je baisse les yeux sur le tatouage en forme de rose qui s'étale sur mon bras droit et je grince des dents sans m'en rendre compte. La seule raison pour laquelle j'ai accepté que l'encre recouvre mon corps c'est parce que je sais que ça compte énormément pour Caleb et je refuse de faire partie de ceux qui l'ont déçus. Nous avons vécu tellement de merdes ensemble que je considère ce tatouage comme un signe de fraternité avec lui plutôt que comme celui de l'appartenance à la mafia la plus hypocrite d'Italie.

ANAIDÉIA | LES ROSES DE ROME T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant