J- 102
7h02
Villa Spinam, île inconnue, Mer Ligure
— Plus que cinq seconde.
Dans une vie, on pense que cinq secondes ce n'est rien. Pourtant, ce jour-là, perché dans le temple qui surplombait la villa Spinam, cinq secondes semblèrent durer une vie entière.
Dans le cœur des criminels qui retenaient leur souffle, le poison de la colère n'avait pas encore fait son travail et seule la peur parvenait à tenailler leurs entrailles. À ce moment-là, ils étaient encore les pièces d'un même puzzle et s'ils ne comprenaient pas vraiment le geste de la grande brune aux yeux gris, ils ne pouvaient pas tout à fait saisir qu'elles les avaient simplement utilisés comme tant d'autre avant elle l'avaient tenté.
Pour eux, ce n'était pas possible de tout sacrifier sur son chemin pour s'enfuir de ce monde. Pour eux, mourir était un acte lâche, le dernier recours de ceux qui n'avaient plus rien alors que Rosalia, elle, avait tout. Elle les avait sortis des tréfonds de l'Italie, les avait forcé à regarder le monde en face pour faire d'eux autre chose que des inconnus, des amis qui auraient donné leur vie pour l'un d'entre eux sans sourciller.
Cependant, dans leur quête de rédemption, ils n'avaient pas compris le prix à payer. Obnubilé par les faux semblants, ils avaient été aveugles à sa douleur, à son histoire et à ses promesses mortelles. Bien sûr qu'ils savaient que son père avaient été le pire des monstres, que sa mère était morte de ses mains et qu'il avait réussi à faire d'elle une arme sans cœur mais ils n'avaient jamais envisagé les choses sous un autre angle car pour eux, Rosalia était forte.
Et parce que Rosalia était forte, elle avait su que la fin de la némésis de son père devrait signifier la sienne. Elle n'avait pas imaginé vivre une seconde de plus une fois sa mission accomplie car depuis qu'elle avait dix ans, elle n'avait plus qu'une seule obsession : celle de mourir.
Certains, en tentant de sonder ses yeux sombres, avait cru remarquer qu'elle rêvait de vengeance et de violence, qu'elle aimait le crime et l'art, qu'elle ne vivait que pour faire de son nom le plus sanglant des présages mais ils s'étaient tous trompés. Rosalia Spinam ne vivait que pour mourir et elle avait consacré sa vie à faire de ce moment le plus doux des adieux pour cette terre qui avait fait de sa vie un cauchemar sans fin.
Ce qu'elle n'avait pas imaginé pourtant, c'était que Caleb parviendrait à arrêter le signal de la bombe et que, portée dans l'étreinte de l'homme qu'elle disait de pas aimer, elle attendait une explosion qui ne viendrait pas. Le corps de Donato Grimaldi serait froid à ses pieds, raide mort, mais la déflagration ne se ferait pas sentir parce qu'elle avait cru bon une nuit de repêcher deux hommes d'une mort certaine, sur la bretelle d'accès à l'autoroute de la capitale.
Alexander et Caleb furent les premiers à comprendre qu'ils avaient réussi. Alors que les jumelles et Emi scrutaient encore l'écran dans l'attente du moment fatidique, les deux hommes se ruèrent en dehors du temple et coururent à en perdre haleine le long du chemin qui descendait à la maison. Sans même avoir à s'adresser la parole, ils se séparèrent une fois la maison en vue et, attrapant l'arme qui pendait à leur ceinture, se mirent en quête des hommes qui rôdaient autour de la maison.
Au premier coup de feu, Rosalia ne réagit pas et Hayden la serra un peu plus contre lui pour profiter de sa chaleur rien qu'une seconde de plus. Au deuxième coup de feu, elle cilla et le doute que son plan ne soit finalement pas si parfait commença à s'ancrer dans son esprit. Au troisième et durant la minute qui suivit, où les détonations semblaient ne pas vouloir s'arrêter, elle sut qu'une fois encore, elle avait échoué dans sa tentative désespérée de se débarrasser du poids de ses démons.
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ANAIDÉIA | LES ROSES DE ROME T.2
Action↪ ceci est le second tome de la duologie : il est nécessaire d'avoir lu NÉMÉSIS pour comprendre ANAIDÉIA ❀ Rome, Italie Ils étaient derrière vous mais vous ne les avez pas vus. Ils vous ont tout dit et pourtant, vous n'aviez pas compris. Vous n'ave...